PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Tel est le dernier message laissé à Taline par Nona, sa grand-mère, qui l’a élevée, guidée, accompagnée à chaque étape de sa vie. Celle qui lui a appris à reconnaître tout un univers subtil d’odeurs – chèvrefeuille, amande, terre mouillée… – et à les associer pour créer de nouvelles fragrances.
Maintenant que Nona est morte, Taline, terrassée par le chagrin, est seule à la tête de l’entreprise de parfums créée par sa grand-mère.
Sous le massif de jasmin du jardin, elle découvre un carnet en cuir rédigé par Louise, son arrière-grand-mère. Au fil des pages, défile sous ses yeux tout un pan de son histoire familiale : le génocide arménien, la peur, l’horreur, l’exil, mais aussi l’espoir et la renaissance. En levant le voile sur les secrets et les traumatismes du passé, Taline souhaite se libérer enfin des cauchemars qui la hantent pour pouvoir vivre sa propre vie.
De Beyrouth à Paris, un roman puissant et empli de poésie, inspiré de l’histoire familiale de l’auteure, qui évoque les liens mères/filles, la transmission des traumatismes et rend hommage à la capacité de résilience de l’être humain.
Ondine Kayat commence son roman par un jeu de pistes sur les racines du passé. La grand-mère de Taline lui a laissé des indices sous forme d’énigmes pour permettre à sa petite fille de trouver 3 carnets. Tous les 3 écrits par Louise.
Qui est-elle par rapport à Taline ?
Qu’est-ce que l’héroïne va découvrir sur la femme qu’elle aime plus que tout au monde, qu’elle idolâtre ?
Est-elle prête à découvrir ses failles ?
Pourquoi sa grand-mère lui a-t-elle laissé ce témoignage bouleversant
Quels secrets va-t-elle découvrir ?
Arrivera-t-elle grâce à eux à faire son deuil ?
À continuer sa vie, à reprendre l’entreprise créée par son aïeule
Elle est à la fois effrayée et impatiente de les lire.
Un parcours olfactif de 3 odeurs différentes.
Taline et Nona, sa grand-mère, jouaient à ce jeu depuis sa plus tendre enfance.
Se plonger dans une odeur est un réconfort pour la femme de 37 ans qu’elle est.
Ce parcours lui offrira des réponses, mais lui rapportera aussi des parfums associés à son enfance, à la vie passée à côté de sa grand-mère, qu’elle a tant aimée.
J’ai préféré retourner sur les traces du passé même si le présent est très intéressant.
On y apprend la fabrication d’un parfum.
Du début jusqu’à sa commercialisation.
Les différentes traditions, comment développer son odorat.
Les 7 familles olfactives, les grands noms de la parfumerie, les pionniers de cette industrie.
Je me suis surprise plus d’une fois à être enveloppée d’une fragrance que Taline évoque, qu’un souvenir lui provoque et qu’elle te transmet.
Taline c’est une femme qui a le sentiment d’être dans une vie qui n’est pas la sienne.
Elle sent qu’il lui manque une pièce du puzzle de sa vie.
Elle perd parfois pied débordée par ses perceptions.
Elle ressent tout intensément.
Une femme qui n’arrive pas à démêler l’écheveau de ses émotions.
Pourtant, elle en a besoin pour créer ses parfums.
Les carnets lui donneront peut-être réponse à ses cauchemars récurrents.
Le premier carnet te raconte les événements à travers les souvenirs d’une dame âgée alors qu’elle n’avait que 8 ans.
C’est Louise qui écrit.
Un carnet des jours heureux.
Celui de l’innocence de l’enfance qui met un terme définitif à la tristesse et empoigne la vie en la rendant belle.
L’insouciance dénuée d’écorchures.
Le premier carnet est le printemps et l’été. Joyeux, heureux.
Ce premier carnet c’est la rosée du matin dans le jardin de son grand-père, le second est de la boue surgie du désert qui anéantit son enfance.
Le second bascule dans l’hiver.
Le sombre.
Il débute lorsque Louise est âgée de 14 ans
Une enfance qui s’achève brutalement dans le sang et les larmes.
Plus aucune fleur ne pousse dans le jardin des émotions de Louise.
Le 3e est différent des deux premiers. Il aborde encore une autre souffrance, je ne te dévoile rien de ce dernier ni des 2 autres ? Tous ont leur nécessité dans la vie de l’héroïne, Taline, et une place dans le récit, dans la chronologie des faits présents et passés.
Ondine Kayat te donne les dates clés qui ont mené à cet épisode terrible de l’histoire.
Les rafles, les arrestations d’environ 600 intellectuels arméniens, une marche de l’anéantissement, des scènes de désolations, d’horreur.
Malgré toutes les horreurs que j’ai lues, ce roman est poétique grâce à la passion de Louise pour les mots et philosophique par les questions qu’elle pose à son grand-père avec les réponses qu’il lui donne.
La vie, la mort, l’apparence, le souvenir sont quelques-unes des pistes de réflexion.
J’ai accueilli et aimé chacune des facettes de la plume de Ondine Kayat.
Je me suis laissé bercer par les souvenirs retournant à Marache à partir de 1909.
J’ai adoré qu’elle te fasse ces rappels :
– Célébrer la vie et ne pas laisser gagner les bourreaux
— Créer la lumière pour lutter contre l’obscurantisme
– Briser la chaîne génétique du malheur, de tant de souffrances accumulées au fil du temps.
Les nommées et celles qui détruisent beaucoup plus : celles qui sont tues.
Jamais prononcées, mais dévastatrices.
Ondine Kayat te rappelle aussi de protéger ton jardin intérieur et de ne jamais oublier tes racines.
Si l’on ne veille pas sur son innocence, la réalité l’anéantit.
Il faut donc toujours conserver les yeux de la jeunesse, car on ne devient un être complet que lorsqu’on est capable de ressentir comme un enfant tout en prenant son envol et en s’ancrant dans la réalité.
Tu vas visiter La Syrie et le Liban, Alep et Beyrouth, le mont Taurus, Damas, Paris, Londres, Bandol, Athènes.
Tu assimileras quantité d’informations sur certaines de ces villes.
Tu liras les dégâts des hommes au nom de différentes croyances.
Lavande, citron, pin d’Alep, embruns de la mer, cuir, fraise, jasmin, curry, cannelle, sésame, rose, tu sentiras chacune des notes que l’auteure fait susciter dans ta mémoire olfactive. Certain que je ne connaissais pas, je me suis étonnée à les imaginer.
Ce roman parle d’un génocide qui a fait plus d’un million de morts et de ses conséquences sur des générations entières.
Ce roman parle de mères incapables d’aimer, de leurs raisons.
D’une mère qui a failli et qui répare.
Elle recoud leur vie au fil du pardon.
4 générations se tiennent debout face à l’histoire et face à l’histoire de leur famille.
Des mots emprunt de douleur et d’espoir.
Des mots à opposer à la laideur du monde.
Pour que l’émotion renaisse dans les décombres et que les fleurs de la vie ne soient pas totalement ensevelies
C’est un long voyage dans les grottes de la mémoire. Long, car Louise peine à revenir au présent et je me doute que l’auteure a ressenti ça elle aussi.
On sent qu’elle a laissé des morceaux de son cœur sur les mots posés sur ces maux.
Ce n’est pas un coup de cœur, car je n’ai pas réussi à m’attacher réellement à Taline ni à sa vie personnelle, mais c’est un très beau, et dur, roman sur l’Arménie.
Ce n’est pas le premier roman que je lis sur ce génocide, mais Ondine Kayat l’aborde avec beaucoup de poésie, c’est très lyrique et doux comme c’est très violent quand cela doit l’être. Elle n’édulcore pas les faits, mais leur donne une puissance, une résonnance particulière grâce à sa plume que l’on doit certainement entendre en écho sur le mont Taurus.
Louise est une héroïne incroyable, son histoire est une leçon de force et de résilience, d’espoir et d’amour, de dévouement.
Un livre à lire absolument !
« Que refleurissent dans le matin tous les lys de l’espoir
Et que personne, jamais, n’oublie notre histoire. »
Attention certaines scènes sont difficiles à lire : viols ; enfants assassinés et plus terribles encore….
✩ Le parfum de l’exil ⟷ Ondine Kayat ⟷ 448 pages ⟷ éditions Charleston, le 14 avril 2021 ✩
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[…] Le parfum de l’exil de Ondine Kayat – Un pan du génocide arménien avec une plume magnifique […]