Comme tu le sais mes lectures s’enchainent, mais ne se ressemble pas, le roman dont je vais te parler aujourd’hui est un gros coup de cœur.
Je ne m’attendais pas du tout à trouver une histoire aussi riche et belle.
Je l’avais demandé sur netgalley, mais comme d’habitude je n’ai pas été relire le résumé ; je me suis donc lancée dans ma lecture sans rien savoir hormis le titre et l’autrice (et encore, je ne savais pas que Lily R. Davis était un autre pseudo de Lily Haime, je l’ai appris après ma lecture en faisant des recherches sur l’autrice, je voulais lire ses autres livres tant celui-ci m’a plu).
Je ne vais rien t’apprendre de nouveau sur moi en te disant que l’histoire j’adore que les années 60 aux États unis sont une période qui me fascine et bien c’est justement là où je t’emmène en compagnie de Rose et Alec.
Preuve que j’ai adoré ce roman : j’ai précommandé la version papier, il me faut ce livre dans ma bibliothèque ^^
Le roman se déroule de 1963 jusqu’en 1978.
Tout un pan de l’histoire américaine que l’autrice va te raconter à travers ses personnages.
Je me suis délectée de chaque page.
Rose est une jeune femme très timide, elle vit chez son oncle, Ray, et sa tante, Daniella depuis la mort de son père.
Elle n’a jamais osé se révolter, désobéïr dire ce qu’elle pense au contraire de sa cousine Line.
Son oncle est officier, sous son toit il mène sa famille comme ses troupes.
Au moment où tu rencontres Rose, elle a terminé le lycée au pensionnat de Mademoiselle Prinston et s’apprête à entamer ses études de lettres à l’université de Washington.
Partout où elle va, elle emmène son journal rouge.
Un jour d’été, sa tante Danielle l’envoie apporter de l’argent à sa cousine qui a rejoint la communauté hippie de San Francisco, c’est là qu’elle va faire la connaissance d’Alec.
Ce journaliste dont elle lit en secret chaque article, cet homme qu’elle admire.
La timidité de Rose, son allure de jeune fille sage n’empêchera pas Alec de la remarquer, mais leur chemin se sépare très vite.
Eux partent sur les routes, elle part s’installer à Washington.
Son rêve : devenir journaliste, à l’époque, écrire sous le nom d’une femme on n’était pas pris au sérieux, qu’importe, en attendant que son rêve se réalise, elle va écrire sous un nom d’emprunt et glisser ses articles dans la boite aux lettres de l’Aldous.
Personne n’est au courant de ce secret à part son meilleur ami, Chris.
Oui, mais voilà, ce journaliste dont personne ne connaît l’identité n’a pas peur de prendre parti, de plus en plus de monde cherche à savoir qui il peut bien être.
Alec et ses amis l’apprendront et c’est une tout autre vie qui va s’ouvrir à Rose.
Elle prend son rôle de journaliste activiste pacifique à cœur.
Nous sommes en pleine guerre du Vietnam, une guerre que de nombreux Américains ne cautionnent pas en particulier les jeunes.
Tu vas donc suivre Rose ainsi que d’autres protagonistes dont je te parle ensuite au fil des années.
Rose sort de sa chrysalide grâce à Alec, elle devient un magnifique papillon. (Attention à ne Paste brûler les ailes douce et jolie Rose)
Elle apprend à ne plus baisser les yeux même si elle est plus à l’aise à l’écrit ou avec la langue des signes, dire tout haut ce qu’elle pense reste difficile.
Rose et Alec sont tous deux des êtres blessés par leur enfance.
Rose, elle n’a jamais oublié la mort de son papa, tué parce qu’il était recherché pour désertion, il a voulu signer pour expliquer qu’il était sourd et qu’il allait juste montrer ses papiers dans ses poches, les policiers l’ont abattu devant elle.
Depuis Rose se bat pour la veuve et l’orphelin, mais surtout contre toutes les injustices.
Alec lui a vécu lui aussi une enfance difficile.
Si Rose se sert de ses failles pour avancer Alec lui est constamment en colère, au bord de l’explosion. Il peut être aussi doux que s’emporter en deux secondes.
Entre eux, une belle histoire d’amour va commencer.
Malgré toutes leurs oppositions, lui est hippie, elle pas du tout.
Elle est pudique et timide, lui non ; chacun va respecter l’autre.
La grande force de ce roman est celle-ci : de l’histoire qui naît doucement entre les deux personnages principaux l’autrice te narre toutes les difficultés et les changements de ces années. La romance est sublime, les thèmes abordés ne sont pas survolés, mais traités en profondeur. Les descriptions te font faire un bond dans le passé, tu as l’impression de connaître toute la communauté de l’Aldous, de vivre au milieu d’eux, chaque personnage est subtilement décrit. Tu vas ainsi faire la connaissance de Rive, il est sourd, une forte connivence le lie avec Rose qui connaît la langue des signes, Penny, Louise, Peter, Déborah, Sean, Banjo Taylor, Faith la meilleure amie de Rose depuis toute jeune, Dylan un ami de Alec plus tard dans le récit, la peste Kaylee, Aphrodite, Adèle et Kenneth, l’ami d’enfance de Rose, le fils de Babbie, la bonne de sa tante, africain-américain, lui il se bat contre les extrémistes racistes qui sévissent encore dans le conté du Mississippi.
Lily R. Davis va te narrer le mouvement hippie, du début à sa fin, la guerre du Vietnam, le féminisme, le racisme, l’homosexualité, la maladie physique et mentale comme l’agoraphobie, le stress de combat (le syndrome post-traumatique n’est, à ce moment-là pas encore reconnu, beaucoup de soldats sont revenus du Vietnam, mais doivent se rappeler qu’ils ne sont plus là-bas. Certains acceptent de voir un médecin d’autre non)
Cette partie sur la souffrance des soldats qui ne peuvent oublier la violence des combats est poignante.
J’étais loin de tout connaître sur cette terrible guerre.
D’autres sujets sont abordés, mais je te cite les principaux, j’ai tellement aimé ce roman que je pourrais t’en parler des heures.
Tu vas voyager dans le temps, mais aussi dans l’espace, tu vas « voir » des villes et des pays comme San Francisco, Baltimore, Saigon, Washington, Le Mexique, New York plus libéral que le reste des USA.
Tu vas voyager, mais tu vas aussi « rencontrer » des personnes célèbres comme les présidents Johnson et Nixon, Muhammad Ali qui a refusé de partir à la guerre et à qui on a retiré sa licence de boxe, Malcolm X, Elijah Muhammad, Martin Luther King, Margareth Sandler, une activiste à l’initiative de la première pilule contraceptive et qui a aidé à fonder le premier planning familial, Bob Dylan, le général Vidal, dictateur en Argentine en 1977, tu vas vivre le rassemblement connu du monde entier : Woodstock ou encore l’invasion du Liban en 1978.
Tu vois un peu la richesse de ce livre ?
Lily R. Davis te raconte à travers ses protagonistes l’Amérique en pleines mutations, elle te décrit les mouvements activistes pacifiques, puis certains, qui plus tard se radicaliseront. La peur des journalistes, le pentagone n’aime pas que ce qui se passe au Vietnam soit dénoncé dans la presse, la liberté d’expression est mise à mal.
Elle va te parler du Civil Rights Act de 1964, il déclara illégal la discrimination reposant sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou l’origine nationale … 1964 !!! Nous sommes en 2018 et il y a encore tant à faire alors comme Rose, j’écris, je transmets ces mots d’auteurs, d’autrices qui continuent à dénoncer, à nous rappeler des faits historiques pour que jamais nous n’oubliions et que jamais nous ne recommencions.
Malgré la richesse et les nombreux faits historiques la lecture n’est absolument pas monotone, le texte est parsemé d’article de journaux que cela soit de l’Aldous ou du Washington Post, de lettres que Alec va écrire à Rose.
Le suspens est constant et les rebondissements nombreux, Rose et ses amis sont obligés de cacher leur véritable identité, les lieux où ils travaillent, l’Aldous est dans le collimateur de la police.
Rose est une héroïne incroyable, pleine d’ambiguïté, timide, mais qui n’hésite pas à ruer dans les brancards ; déterminée, elle n’a pas peur de défendre ses convictions même si le rouge lui monte toujours aux joues ; idéaliste, mais les pieds sur terre, une héroïne que l’on pense faible au début, mais tu vas voir à quel point elle a en elle une force insoupçonnée, même par elle, je crois.
Alec n’est pas en reste mais je ne peux trop t’en dire sans te spolier.
« Avec quelle force me battrais-je encore pour quelques mots ? Des mots… Des mots que nous jetions sur le papier ; une drôle de façon de lever le poing ; de hurler. Des mots pour se révolter. Des mots pour tout changer ! »
Je vais m’arrêter là en te disant que l’écriture de l’autrice est magnifique, immersive, cinématographique, que j’ai vécu chaque ligne, chaque page, chaque mot, rien n’est de trop.
Si cela reste une fiction, tu l’as vu plus haut dans la chronique, elle se sert de faits réels. Elle te montre combien ces jeunes ont œuvré pour se battre contre toutes les inégalités.
Tu ris, tu pleures, tu as peur, tu vas passer par toute la palette d’émotion.
« Continue de te battre pour toi, pour moi, pour les autres. Continue de te battre aussi fort que je t’aime et rien dans ce monde ne pourra jamais te résister. »
Vraiment, si je dois te conseiller un roman sur cette période des États unis c’est celui-ci, lis ce roman !
Splendide, authentique ; des personnages parfaits dans leurs imperfections ; je n’ai rien à reprocher à ce roman, je l’ai adoré du début à la fin.
Le journal rouge de Lily R. Davis – roman historique, romance – lecture numérique – Édition MxM Bookmark, collection Infinity – disponible en numérique et en papier à partir du 16 avril 2018 (9,99€ pour l’ebook – 25€ pour la version papier
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Eliane Blicq dit
Encore une très belle chronique, un sujet passionnant, de beaux personnages…. Bref un roman à lire absolument. Merci à toi Stéphanie pour cette superbe découverte, gros bisous ????????❤️
Amandine BooksAddict dit
Vu sur NetGalley aussi j'ai longtemps hésité (et j'hésite toujours en fait) ; ce n'est pas le moment de toute façon (pas un style qui m'intéresse là maintenant, tout de suite) mais pourquoi pas plus tard ! En tout cas, chouette chronique !
Léna Bubi dit
Et ben et ben… Comment ne pas succomber face à un tel éloge ? Le fond historique a l'air aussi passionnant que l'évolution des personnages, un grand merci pour cette découverte 🙂