PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
IL Y A CE QU’ON VOUS A RACONTÉ, CE QUE VOUS AVEZ COMPRIS,CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS CRU…
ET PUIS IL Y A LA VÉRITÉ.
Lundi dernier, le père de Damien s’est jeté du haut de la baie des veuves, cette falaise d’où les femmes guettaient autrefois le retour des bateaux de pêche.
Damien se met donc en route pour régler les funérailles, tentant en vain d’éprouver de la tristesse. Durant l’été 1995, ce père qu’il aurait voulu aimer est devenu un meurtrier, les contraignant sa mère et lui à déménager à l’autre bout de la France, car la ville entière maudissait leur nom. Damien n’est jamais revenu. La seule lumière dans ce pèlerinage douloureux est qu’il va revoir Oriane, son amour d’enfance.
Mais arrivé dans le quartier des pêcheurs désormais à l’abandon, Damien découvre dans la parka de son père une photo qui remet tout en question… Et si la vérité sur l’été 1995 était tout autre?
« Même s’il y eut des journées ensoleillées, ce n’est pas l’été et son soleil timide qui ont marqué mon esprit, mais la lumière tamisée des autres saisons. Cet éclat fatigué qui se déposait sur les épaules des pêcheurs éreintés par une nuit de combat. Ces gouttes d’eau qui, variant entre la violence et la douceur, s’amusaient de nous comme un chat se divertit d’un oisillon tombé du nid. »
Dans son précédent roman, Jérôme Loubry nous embarquait dans un village entouré de montagnes (Les soeurs des Montmorts, mon avis est ici) . Un roman qui était pour moi un thriller d’atmosphère où il jouait avec tes peurs.
Avec ce nouvel opus, l’auteur se renouvelle, je trouve qu’on est davantage dans un roman noir qui explique, notamment, la relation difficile entre un père et son fils, plutôt que dans un thriller même si la fin est davantage axée sur ce genre.
Est-ce que j’ai été déçue ? Absolument pas. Bien au contraire j’ai adoré ma lecture.
J’ai trouvé qu’avec ce roman Jérôme Loubry explorait davantage la psyché des hommes, que son écriture augmentait d’un cran au niveau poétique si je peux la décrire comme cela.
J’ai trouvé l’auteur plus proche de son lecteur, j’ai adoré son exploration des souvenirs, de l’innocence de l’enfance qui s’envole au profit de l’adolescence, puis les adultes désabusés.
Il y a une véritable intrigue, mais ce n’est pas elle qui est pour moi le point fort de « Le chant du silence ».
Le pitch de départ :
Damien revient sur les terres où il a inventé des légendes, là où la terre et la mer étaient témoins de ses jeux, de ses rencontres avec son duo d’amis. Oriane et Gustave
Tous 3, fils de pêcheurs. En tout cas, ils sont liés à la pêche par leurs pères.
Si Damien revient, c’est pour l’enterrement de son père.
Un père dont il n’a plus de nouvelle depuis 24 ans.
Arrivé aux abords de la bourgade, il voit les parkings abandonnés, les devantures désuètes, les bâtiments délabrés.
« Une décharge de ciment et d’illusion perdues » Les victimes silencieuses de son père, mais pas que… .
« Non, de cela mon père n’était pas le seul responsable. Parce que les tourments sont à ce point affamés des hommes qu’ils se déplacent souvent en groupe, main dans la main, en dodelinant d’impatience. »
Revenir c’est réveiller les fantômes de sa jeunesse.
Des chapitres sont consacrés au narrateur, Damien.
D’autres sont des pages de journal intime et d’autres encore sont un entretien entre 2 personnes.
Ainsi, tu liras le Damien du présent et celui du passé.
L’homme et l’enfant.
L’homme et l’adolescent.
Une alternance de temps qui permet à Jérôme Loubry d’explorer toutes les phases par lesquelles passe son héros. Que toi, lecteur, tu comprennes tout ce qui s’est joué avant, après et ce qui se trame maintenant.
Frank, un vieil ami de son père, gendarme, sème le doute en Damien.
Et si tout le monde s’était trompé et si son père n’était absolument pas coupable ?
Ses certitudes vont voler en éclat.
Si ce père détesté était en fait une victime ?
Une victime silencieuse comme il l’a toujours été.
Cet homme de peu de paroles.
Et le silence, il fait beaucoup de bruit.
Jérôme loubry va te narrer son chant.
L’entendras-tu ?
Jérome Loubry te narre les zones d’ombres qui entourent le décès de son père et la raison pour laquelle il a été incarcéré. Les illusions perdues, les rêves atrophiés ou ceux qui se sont fracassés sur les vagues.
Il te donnera à voir des épaves de bateaux et des épaves de vie.
Quel est le lien entre les corps de chats et les marins.
Entre les larmes des sirènes, la pollution pétrolière, les poissons de plus en plus rares, ou encore Lilly la folle ?
Il te faudra lire ce nouveau roman de Jérôme Loubry pour le comprendre.
Qui se souviendra du père caché dans l’ombre du condamné ?
Il y a les pères qui assassinent l’enfance et les autres, prêt à tout pour protéger leurs enfants.
Le chant du silence, outre l’intrigue, traite notamment du manque de communication entre un fils et un père.
Tu vas rencontrer des personnages qui assistent à la fuite du temps.
Des enfants qui voient leur innocence s’envoler.
Des parents qui se débattent en essayant de prendre les bonnes décisions pour le futur avec un présent qui s’éloigne si vite.
Le chant du silence c’est le temps qui passe sans ce que tu ne puisses le rattraper
Le chant du silence c’est un roman où il te faut imprégner des mots qui te plonge dans une ambiance particulière. Une atmosphère qui va servir l’intrigue.
Je t’ai dit plus haut que ce n’était pas l’intrigue pour moi, le point fort du roman, je m’explique.
Tu as cette atmosphère vraiment propre au lieu où se déroule l’histoire, tu as cette écriture superbe, mais tu as surtout ce père et ce fils.
Ces personnages.
Les protagonistes sont décortiqués, analysés, travaillés.
Surtout les relations qui se jouent entre eux ou les étapes de vie par laquelle ils sont passés.
Les failles et les défauts.
Jérome Loubry te narre leurs vies dans toutes leurs complexités.
Le contexte économique et social, les rêves déçus…les serments brisés.
Les silences, les non-dits et les secrets.
Différents âges, différentes périodes, des vécus et des ressentis différents.
Des drames, de la rancoeur et de la douleur.
Deux hommes m’auront ému, surtout un.
La 4e de couverture dit « Un thriller mêlant émotion et angoisse » je suis complètement d’accord.
Tu as les deux.
Même si je dirais que la trame côté thriller est plutôt classique (j’ai assez vite deviné où j’allais pour cette partie purement thriller, non je n’ai pas tout deviné c’est Jérôme Loubry, il aime brouiller les pistes 😉 )
J’ai adoré cette lecture pour les sensations, pour les émotions, pour ce parallèle entre un port qui se meurt et une relation entre un père et un fils qui se délite.
Pour tout ce qui se trouve autour de l’intrigue.
Un auteur que vraiment je t’invite à découvrir, chacun de ses livres est différent.
« Et souvent, ces hontes, ces frustrations, ces douleurs et rancunes amassées ne seront jamais murmurées. Elles deviendront le chant du silence. »
Pour aller plus loin :
Dans les remerciements Jérôme Loubry parle de ce qui l’a inspiré pour ce roman notamment Dirty Day de U2 ici pour l’écouter.
✩ Le chant du silence ⟷ Jérôme Loubry ⟷ 400 pages ⟷ Éditions Calmann Levy, le 4 janvier 2023✩
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Aude Bouquine dit
Heureuse de te lire. Je suis d’accord : ici l’important n’est pas l’enquête. ( et à la limite, elle m’était presque indifférente ). L’essentiel est ailleurs…
Yvan dit
J’ai aimé aussi cette virée davantage dans le roman noir, ça donne de la matière et de la profondeur aux personnages. Visiblement, ça nous plairait bien à toi et moi qu’il continue dans cette voie ;-). Je te souhaite une bonne année au passage, pleine de belles émotions !