Le chant de l’assassin de R.J. Ellory

Il y a des auteurs que tu lis les yeux fermés soit pour leurs intrigues et il y a ceux que tu lis pour leur écriture. R.J. Ellory fait partie de ces deux catégories.
Sa plume me fascine, je dirais même qu’elle a un pouvoir hypnotique sur moi.
Quand en plus l’intrigue du livre est excellente te livrant des protagonistes charismatiques tu ne peux que passer un excellent moment de lecture et c’est ce que j’ai fait.
Une lecture magnifique et en plus en très bonne compagnie, je l’ai lu en lecture commune avec Stelphique, Vuottomarie et Calyenol.

Avec le chant de l’assassin, R.J.Ellory te chante tout un album, une mélodie dont tu ne peux te détacher. Il t’entraine dans un autre monde, celui du Texas profond. Un roman noir implacable, mais aussi doux.
C’est bien là toute la force de l’auteur. Faire du noir du lumineux.
Ce livre il se déguste comme une boîte de chocolat, tu laisses les mots fondre sur ta langue, tu en reprends encore et encore sans jamais te lasser du goût.

J’ai adoré le clin d’œil que l’auteur fait à son autre hobby, si tu ne le sais pas il joue dans un groupe de country The Wisky Poet (lien)
Tu as donc en tout cas à mon sens une corrélation évidente entre l’écriture et la musique.

L’histoire est émotionnellement brute et très addictive, prenant au cœur d’une relation fraternelle troublante, ajoute à cela la politique des petites villes, à des luttes de pouvoir. De plus, l’auteur nous donne un protagoniste principal, Henry, attachant et très crédible. Henry va au début nous maintenir à distance, je ne sais comment l’expliquer autrement ; pour ensuite nous emmener avec lui dans l’âme du récit. Dans son cœur même. Et quand tu y seras, ce personnage entrera lui aussi dans ton cœur.

R.J.Ellory choisit de construire son récit entre passé et présent.
Au présent, tu suis Henry déterminé à remettre la lettre que Evan lui a fait promettre de remettre à sa fille Sarah, mais pour cela il faut encore pouvoir la situer. Le shérif de Calvary et frère de Evan, Carson lui est bien décidé à ne pas lui faciliter son enquête.
Henry a passé 3 ans avec Evan en cellule, il a confiance en cet homme même s’il a tué un homme.
Henry est honnête et droit, il ne sait pas ce que cette fameuse missive contient. J’avais envie de savoir ce que renfermait cette lettre et qui pouvait bien être Sarah. Où est-elle ? Pourquoi mettre tant de bâtons dans les roues de ce jeune homme qui est calme et ne cherche qu’à réaliser une promesse donnée ?

L’histoire se déroule à un rythme parfait, constant, les personnages grandissent et deviennent réels. Il existe un niveau d’authenticité que peu d’auteurs arrivent à atteindre, RJ Ellory le fait. Grace et William, les parents des deux frères, Rebecca, Evie, Clarence, Glenn, et encore d’autres tu as l’impression de pouvoir les toucher. Tout est palpable, les émotions, les lieux, les tensions.

L’écriture est belle et, comme toujours, a un caractère littéraire aigu.
Tu ne fais que plonger dans ce temps, ces deux époques, ces endroits et vivre chaque instant.
Un instantané d’une autre époque, du vrai noir écrit avec un sens du détail moderne – il ya tellement de choses à aimer ici que je ne sais même pas comment te décrire tout cela, alors je n’essaierai pas, je dirai simplement waouh. La fin !!!

R.J. Ellory manipule ses personnages, il dose ses révélations et rebondissements à merveille.Cet auteur est poète. Il assène des vérités sur la vie avec sarcasme, fatalité et portant en beauté.
L’alcool, la dépression, le manque d’amour, le trop-plein d’amour, la guerre, les blessures d’enfance jamais guéries, ce n’est là qu’un échantillon des thèmes et pourtant pas le thème principal.

La fin m’a vraiment émue, quand tu relies tous les indices entre eux tu as mal pour ces personnages que tu n’as vraiment pas envie de les quitter

Ce roman a ce quelque chose que tu ne sais nommer, ce truc en plus qui te fait l’adorer.
Je pense après quelques jours de réflexions que c’est probablement Henry qui m’a tant rendu accro à ce livre, mais il y a aussi tout un tas d’émotion. Cette fatalité, ce côté noir que RJ Ellory décrit si admirablement.
Il ne fait pas de cadeau aux artistes, il met en garde autant qu’il assène des vérités que tu sais pertinemment réelles, mais que bien souvent tu préfères ne pas savoir.
Oui, je sais tu dois te demander ce que je veux dire, mais cela m’est difficile sans te spoiler.
J’ai aimé ce roman aussi fort que « La ligne verte ».

En bref

Encore une fois, je me retrouve à dire la même chose à propos des livres de R J Ellory. Simplement renversant.
Quelque chose dans le style d’écriture te tient à l’esprit dès le tout premier chapitre, tu te demandes pourtant si tu vas adhérer. Il a eu chez moi quelque chose d’un peu gênant, il m’a mis mal à l’aise sans que je puisse précisément te dire pourquoi. Ensuite, c’en était fini de moi j’étais avec Henry, j’étais avec Evan. J’étais dans le pickup j’étais à la ferme, j’étais en prison et au fond d’une bouteille. J’étais le bonheur et le désespoir.

Les histoires tissées par Ellory s’inscrivent parfaitement dans ton cerveau et, chaque jour, c’est presque une mission que tu te donnes de revenir à son récit. Il te faut bien comprendre ce qui se passe ensuite, lire cette prose magnifique, digérer les tenants et aboutissants et toujours être sur le qui-vive, car le suspens est omniprésent tout au long du livre.

Les extérieurs sont parfois bien trompeurs. Un joli jardin bien entretenu, une ville où tout le monde se connaît et vit tranquillement peut cacher un des pires monstres et je ne te parle pas d’un homme en particulier. Cela peut être aussi un vice, un sentiment, un caractère

Ne manquez pas cette histoire. Une ville pleine d’intrigues et de secrets bien cachés. Une boîte de Pandore jamais ouverte jusqu’à ce que Henry commence à poser des questions

Je te conseille vraiment, si ce n’est déjà fait de découvrir cet auteur si talentueux.
 

✩ Le chant de l’assassin ⟷ R.J. Ellory ⟷ 496 pages ⟷ Édition Sonatine, le 23 mai 2019 ✩