Le roman tiré de l’histoire vraie sur l’homme qui a créé les masques en étain pour les gueules cassées lors de la Première Guerre mondiale.
1916. Après qu’un tribunal militaire l’a reconnu coupable de lâcheté sur les champs de bataille de France, l’artiste Sam Burke n’échappe au peloton d’exécution que grâce à ses compétences artistiques, qui peuvent être utilisées pour d’autres soldats brutalement défigurés dans les tranchées. Sam se retrouve donc dans un château au bord de la mer d’Irlande, entouré de blessés de guerre et essayant de se remettre de la mort violente de son meilleur ami, Ned. Dans l’atelier des masques en étain, au contact notamment d’Oliver, ancien aumônier militaire qui gère l’institution, et du Sergent Lansdale, mutilé de guerre, Sam va devoir combattre ses propres démons alors qu’il apprend à créer des masques complexes pour cacher les mutilations subies par les soldats qui l’entourent. À des centaines de kilomètres, Katie, toute jeune mère, tente de trouver un sens à sa vie qu’elle voit bouleversée par la guerre. Son mari, Ned, est parti à la guerre avec leur meilleur ami, Sam. Et les mois passent, sans aucune nouvelle des deux hommes…
Aujourd’hui, je te parle de la sortie du mois de mai des éditions Faubourg Marigny, que j’ai lu fin avril.
J’ai aimé, mais il m’a manqué de l’empathie pour les personnages, de même que d’émotion.
J’ai trouvé le ton froid et distant.
Je te déconseille de lire ce roman à un moment où tu es plus fragile, car c’est un livre assez difficile à lire, qui ne t’épargne pas.
Ce que vivent les héros est difficile, leur mental n’est pas bon et on le comprend aisément, cela t’est très fort retransmis.
De plus, si tu penses lire un roman sur la fabrication des masques pour ces hommes défigurés par la guerre, tu ne trouveras pas ça dans le livre, c’est un sujet à peine esquissés.
Le roman est centré sur la psychologie des personnages, je dirais que c’est un roman noir davantage qu’un roman historique même s’il l’est.
On commence le récit en faisant la connaissance d’un groupe d’amis :
Katie, Ned et Sam.
Ned est le garçon fonceur, qui aime blaguer, impatient.
Il mord la vie à pleines dents.
Sam est le garçon sérieux qui aime peindre.
Il garde tout en lui, jusqu’à ce que son fusain ou la pointe de son pinceau touche la toile, alors, ses émotions, ses secrets les plus profonds jaillissent.
« Comment sais-tu ce qu’il faut représenter ? » voulait savoir Katie en permanence. Sam lui répond : « Ce n’est pas ce que je représente Cathy, c’est ce que je décide d’omettre. »
« C’était cet été, Katie est particulièrement consciente de ce que Sam donne au sujet de ses peintures. Ce cadeau que seul un artiste peut offrir, celui de l’immortalité. »
Leur innocence de ce groupe soudé d’amis prend fin quand la Première Guerre mondiale commence.
C’est fini les champs anglais, les places du Dorset durant les vacances.
Ned et Sam se retrouvent dans les tranchées en France.
Cet unique chapitre présentant leur vie dans la guerre est d’une grande intensité dramatique.
On comprend que Ned ne sortira pas vivant de cette guerre.
Katie est devenue sa femme entre temps, ils ont une fille de 2 ans.
Ned a fait promettre à Sam de veiller sur elles.
Une promesse que Sam est incapable de tenir.
C’est un soldat brisé dont tu fais la connaissance.
Il a tenté de se suicider, il a été accusé de désertion.
On le suit au 3e chapitre quand il arrive dans un vieux château d’Irlande.
Sam ne sait pas ce qu’on attend de lui dans ce lieu.
Il se trouve à Newcastle dans le nord de l’Irlande.
Dans ce lieu vit Oliver, un vieil homme qui prend en charge Sam.
Sam est un jeune homme traumatisé par la guerre.
Oliver, ancien aumônier militaire, connaît apparemment beaucoup de choses sur lui.
J’ai immédiatement aimé cet homme.
Oliver l’amène dans un atelier, une pièce octogonale baignée de lumière dont les quatre murs donnent sur l’extérieur, 4 murs vitrés.
Au fond de l’atelier, Sam voit à sa droite une caisse rectangulaire. Il actionne le loquet en cuivre et soulève le couvercle pour découvrir un ensemble intact de pinceaux en crin de cheval.
Il en sort un, un instrument de toute beauté que Sam examine comme s’il vivait un rêve qu’il nourrit depuis qu’il a découvert que la peinture a le pouvoir de le transporter.
« L’acte de peindre le transforme. »
Apparemment, les seuls autres habitants du château sont Oliver et un soldat couvert de bandages au visage.
Que fait Sam dans cet endroit ?
Que s’est-il passé dans les tranchées ?
Pourquoi a-t-il déserté ?
Pourquoi a-t-il essayé par 2 fois de se suicider ?
Ce sont des questions qui me sont restées en tête, tu auras les réponses en lisant le roman, l’une de ces réponses arrive à la toute fin du récit.
Tout cela se passe avant la page 44 et à ce moment-là, j’étais déjà dans le livre, déjà très émue par la tristesse de Sam, la tristesse profonde que ce soldat ressentait.
Un soldat traumatisé ?
A-t-il fait une erreur ?
Pourquoi ne veut-il pas voir Katie et tenir sa promesse ?
Katie qui nourrissait un amour pour lui depuis sa plus tendre enfance, finalement c’est avec Ned qu’elle s’est mariée. Pourquoi ?
Comme d’habitude, je n’ai pas lu la quatrième de couverture avant de commencer ma lecture.
Je le rappelle, car en la lisant en te la partageant pour le blog j’ai vu certains points que je viens de t’expliquer.
« Cette guerre est différente des autres », déclare Oliver. « Un massacre mécanisé. De la destruction et du démembrement, à l’échelle industrielle. »
Ce que Sam va faire avec Oliver, c’est peindre des masques.
Des masques qui permettront à ces hommes défigurés par la guerre, ceux que l’on appelle les gueules cassées, de reprendre une vie normale.
De ne plus faire peur aux passants dans la rue, à leurs épouses ou à leurs enfants.
Des soldats revenus de l’enfer pour trouver un autre purgatoire.
Ils vivent leur plus grande peur avant d’arriver au château : celle de devoir rentrer chez eux dans cet état.
Sam va mettre ses compétences naturelles et acquises à l’académie des arts au service de ces soldats.
Il sent que cette fois, son travail au sein de l’armée sera constructif.
Une occupation qui exigera concentration et compétence.
Et si aider les hommes blessés l’aidait lui, l’homme aux blessures invisibles ?
Katie est le second narrateur, une jeune mère épuisée par les pleurs de sa fille et en colère contre la guerre qui a emmené loin d’elle son mari et son meilleur ami, en guerre contre les hommes qui ont tous les pouvoirs.
C’est un récit très cynique et je le déconseille à quelqu’un de sensible. Le ton de l’auteur est froid presque clinique.
Le suicide et l’envie de mourir sont maintes fois évoqués.
Des hommes et des femmes désabusés, même le bienveillant Oliver qui veille comme un père sur Sam et Landsdale, le 1er soldat blessé au château.
Des hommes qui sont désabusés par les décisions des bureaucrates qui envoient se battre des jeunes gens, pour des raisons pas valables.
Olivier, c’est sa 2e guerre, il a fait la guerre des Boers en Afrique du Sud en 1902.
Qui sert-il ou quoi ? Il n’en est plus certain.
Noirceur et sensualité se dégagent des pages, tout comme le pouvoir des rêves, là où tout est encore possible et à l’inverse celui des cauchemars.
D’autres voix se mêlent au récit.
Une jeune femme qui attend l’être aimé qui aurait pu être son mari il y a 18 mois de cela, un rendez-vous jamais abouti.
Ce livre parle surtout d’espérance.
L’espoir des femmes et des hommes, pas uniquement sur la fin de la guerre, le retour des hommes, mais sur bien des sujets.
Ce livre parle également des blessures invisibles, des armes inodores, des béquilles que l’on prend pour se donner courage et tenir un jour de plus, que l’on avale pour pouvoir dormir une nuit ou quelques heures.
Ce roman évoque bien des tourments.
Ce livre parle aussi de l’imagination, son étendue et sa limite, de la vie fantasmée et celle vécue, des espoirs déchus ou déçus. Ce roman parle de ressentir avant de pouvoir continuer à vivre, de ce que l’on affiche sur son visage et de ce que l’on ressent vraiment, de ce que l’on espère devenir quand on est jeune, âgé de 18 ou 20 ans, et du poids lourd de la culpabilité.
Un roman où la psychologie est importante, autant celle des personnages que ce qui se joue entre eux, presque un roman noir.
Ce roman te parlera également du syndrome post-traumatique, même si ce n’est jamais nommé, de l’amnésie rétrograde, de la surdité, de la dépression post-parfum, de l’aphasie, du non-voyant, des blessures inopérables et des blessures invisibles, parfois plus profondes que celles que l’on voit.
L’auteur te parle aussi de la tension existante entre l’Irlande et l’Angleterre et de temps d’autres sujets historiques qui ont secoué les années 1910, notamment le naufrage du Lusitania ou l’insurrection de Pâques.
Désillusion, espoir, attente ; colère, tristesse sont quelques-unes des émotions évoquées dans le roman.
« La conscience est la première victime de la guerre, fiston. Un homme doit construire sa vie à partir de ce qu’il rapporte chez lui de la guerre. En l’absence de conscience, c’est impossible. »
Dans la structure narrative de ce roman, j’ai perçu une certaine discontinuité qui, au départ, m’a déconcerté.
Le passage d’un narrateur à un autre semblait sans justification apparente.
Cependant, en achevant ma lecture, j’ai réalisé que l’auteur cherchait à explorer la guerre à travers différents prismes : celui des femmes restées au pays, celui des soldats blessés et celui de ceux qui doivent prendre soin d’eux.
Et si tu lis vraiment le titre, il est parfaitement choisi.
Cette approche singulière donne au récit une profondeur psychologique et sociale, elle le transforme en un roman noir, presque sociologique, plutôt qu’un simple récit historique.
C’est après avoir pris du recul, quelques jours après ma lecture, que j’ai pu réellement apprécier la subtilité de cette démarche et mieux comprendre l’intention de l’auteur.
Du moins, je pense que c’était son intention, ce n’est que mon ressenti, mon interprétation.
Je ne suis pas déçue de cette lecture mais j’en attendais autre chose et je n’ai pas adhéré à la plume même si les thèmes psychologiques abordés m’ont plu.
C’est un livre qui m’a peiné, qui m’a semblé vraiment lourd à lire, et qui m’a demandé un certain recul pour l’apprécier plus qu’à la fin de ma lecture.
✩ L’atelier des vies brisées ⟷ Don J Snyder ⟷ pages ⟷ Éditions Faubourg Marigny, le 17 mai 2024✩
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