Le contexte de lecture
Depuis que j’ai lu plusieurs romans se déroulant en Inde, dès que je vois un nouveau livre sur ce thème je fonce.
De plus, la couverture m’a séduite. Ses notes sur Goodreads m’ont convaincue de me lancer dans cette lecture. Un des romans de la rentrée littéraire Hauteville.
Jaipur est la capitale de l’État indien du Rajasthan
Jaipur se trouve à 430 m d’altitude et à 260 km de Delhi, dans une cuvette protégée par la chaîne des Aravalli
Le Rajasthan litt. « pays des rois » est un État du nord-ouest de l’Inde. Sa capitale est Jaipur.
Il est bordé à l’ouest par le Pakistan, au nord par le Pendjab, au nord-est par le Haryana et l’Uttar Pradesh, au sud-est par le Madhya Pradesh et au sud-ouest par le Gujarat.
J’attire ton attention sur :
Avant de commencer à te donner mon avis, je tiens à te signaler que si tu n’as jamais lu de romans se déroulant en Inde tu risques d’être un peu perdu.
Les différents termes au sein des familles ; royales ou non ; les noms des castes tout comme le contexte historique ne sont pas expliqués sauf en fin d’ouvrage.
Je ne l’ai pas vu avant de finir mon livre, c’est dommage.
Le roman ne contient aucune note de bas de page.
Pour moi, cela ne m’a pas posé de problème, car j’ai lu d’autres livres. Notamment les romans de Sujata Massey qui m’ont bien aidé.
De plus, tu le sais, j’effectue beaucoup de recherches personnelles durant ma lecture et après.
Pour celui-ci, j’ai dû aller sur internet plusieurs fois pour comprendre la situation économique, sociale et politique où évolue notre héroïne.
Je te donne les liens et les explications du contexte en fin d’article.
Cela pourra peut-être t’aider et/ou t’intéresser.
Si cela te fait peur, ne crains rien. l’intrigue du roman est compréhensible, mais pour les lecteurs qui comme moi n’aime pas avancer sans connaissance ou explication c’est dommage, car le roman n’en aurait été que plus intéressant même si Lakshmi est une héroïne forte qui fait tout l’intérêt de l’ouvrage à elle seule
Aparté mis à part, rentrons dans le vif du sujet
Le roman :
Lakshmi dirige sa vie, retient ses mots en tendant de vrais coups de bluff pour arriver à sa fin : être totalement indépendante.
Elle a 30 ans.
Pour ses clientes, son mari l’a abandonnée.
Elle ne les contredit pas.
Ni jeune écervelée ni cancanière, elle tait les confidences de ses clientes.
Elle écoute sans émettre d’opinion.
Tout ce que notre héroïne désire c’est son indépendance, pour cela elle doit travailler sans cesse.
Des centaines de milliers de traits de henné pour pouvoir payer la maison dont elle rêve, où elle pourra faire venir ses parents.
Voilà 13 ans qu’elle ne les a plus vus, 13 ans où ses talents de tatoueuse ont été reconnus.
Elle a un solide carnet d’adresses au sein des dames de la bonne société, mais elle sait aussi que la moindre erreur, le moindre faux pas peut ruiner sa carrière.
Son art elle l’a acquis à Agra, la ville où se situe le célèbre Taj Mahal.
Elle y est restée durant 3 ans avant de venir s’installer à Jaipur.
Je préfère te laisser découvrir son ascension tout comme les raisons qui l’ont poussé à s’éloigner si loin de chez elle.
La 4e de couverture le dévoile, mais tu le sais, je ne relis jamais le résumé avant.
Si tu le veux, il est en fin d’article.
Je peux juste te dire que Lakshmi se sent coupable d’avoir pu être la cause de l’ostracisation de ses parents.
En Inde, les femmes sont responsables de tout. Coupable de porter malheur même avant d’être née, une fille n’est pas bien accueillie même au sein de leur propre famille.
Tu le verras au cours du récit.
Du jour au lendemain, la vie de Lakshmi va changer avec l’arrivée de Radha, une sœur de 13 ans qu’elle ne connaît pas.
Tu vas la voir tiraillée entre ses devoirs de tutrice et celui de sœur.
Du jour au lendemain, elle devra penser à Radha, à son éducation ; son avenir et composer avec son caractère.
Deux filles très têtues.
Lakshmi apprendra des non-dits, des secrets par sa sœur et pourra peut-être mieux comprendre sa mère.
Lakshmi est aidée pour porter ses récipients de henné par Malik, un gamin des rues, sans âge, peut-être 6 ans comme 10.
Cet enfant est si attachant.
Malin et débrouillard.
Lakshmi possède de nombreux talents qu’elle sait mettre à profit.
Intelligente, persévérante et déterminée
Les femmes que tu vas rencontrer sont intransigeantes, susceptibles.
Elles ont leurs croyances, leurs rites, leurs religions et ne se mélangent pas entre castes.
Une fois mariées, elles deviennent propriété du mari, elles exercent alors leur pouvoir sûr d’autres femmes.
Celles qui sont à leurs services ou leur fille.
Leurs fils, par contre, sont adulés.
Alka Joshi te dresse, un portait très juste de la société indienne.
Du côté des nantis et des plus pauvres.
Du côté masculin, mais surtout féminin.
Elle a d’ailleurs écrit ce livre pour rendre hommage à sa mère qui a conclu un mariage arrangé à 17 ans. Mère de 3 enfants à 22 ans, elle n’a jamais eu la chance de choisir avec qui, ni quand elle voulait se marier.
Si elle avait envie ou non d’être mère.
Pas libre non plus de poursuivre ses études, ou de réfléchir à comment mener sa vie.
Elle a réinventé son existence sous les traits de Lakshmi qui se forge sa vie jour après jour.
« N’étire pas les jambes plus loin que ton lit »
Jaipur n’est pas aussi cosmopolite que certaines autres villes comme Calcutta ou New Delhi.
Les idées sont très traditionnelles, les habitants sont enracinés dans la vieille Inde, pas du tout enclins aux changements comme les idées transmises par les films américains diffusés au cinéma.
Radha va avoir du mal à saisir et assimiler les nuances de classes et de castes.
Elle aura aussi du mal à retenir sa langue et ses gestes.
Elle va devoir apprendre la mesure, la patience, mais aussi la nécessité d’avancer vers son but de manière indirecte.
Au cours des cérémonies de tatouages ou lors de rencontres tu liras des transactions et jeux de dupeur, un art que ces femmes maitrisent. Elles déguisent un mensonge pour ne pas devoir révéler un fait même si les 2 interlocuteurs connaissent la vérité.
En Inde, la honte individuelle n’existe pas.
L’humiliation s’étend facilement, rapidement, gagnant même des cousins éloignés.
Les colporteuses de ragots y veillent.
Lakshmi si elle veut payer sa maison, garder sa clientèle ne peut commettre aucune faute, elle le sait.
Pour elle, c’est compris dans son travail, même quand elle voudrait exploser elle se tait.
Si Malik ou Radha commettent un impair ne fusse qu’un regard au mauvais moment, sur la mauvaise personne, cela rejaillira sur le commerce de Lakshmi.
Or, elle voit seulement au bout de tellement de sacrifices, au bout de tellement d’heures de travail, les prémices d’un espoir que chacun de ses problèmes trouve une solution rapidement.
Elle joue un rôle périlleux à chaque rite de tatouage.
Tout peut s’effondrer du jour au lendemain
Son travail l’empêche de penser au passé et à sa solitude.
Sans travail pas d’argent, mais surtout pas l’indépendance qu’elle désire.
« Mes motifs étaient plus élaborés, racontaient les histoires de celles que je servais. Plus le henné était sombre, plus une femme était aimée de son mari — c’était du moins ce qu’elles croyaient. Au fil du temps, mes habituées en étaient venues à croire que mes tatouages avaient certains pouvoirs. »
La compétence de Lakshmi dans son travail ; ses connaissances des plantes médicinales ou de substances naturelles que Lakshmi a apprises et affinées au cours de sa pratique, grâce à son expérience et les échanges qu’elle a pu avoir avec des femmes plus âgées.
Tout ceci, elle les pratique et utilise pour réécrire son passé, pour son désir d’une vie bien à elle.
Elle est arrivée à Jaipur avec rien d’autre que son don pour le dessin, les leçons apprises.
Elle aide les femmes à combler leurs désirs, que cela soit dans la quête d’une chose, ou dans la quête de son absence, afin de leur permettre de poursuivre leur vie.
Cela tourne très souvent autour de la maternité.
Du désir d’enfant ou le contraire.
Kanta et Madame Sharma.
Parvati, Sheela, Samir, Hazi, Nasreen.
Les maharanis.
Ces gens vont l’aider même quand ils agissent mal, Lakshmi ou sa sœur en tireront des leçons.
Tu verras qu’une maison peut devenir une prison, même si c’est un palais dans la ville rose
Injustice, trahison, responsabilité et obligations, et éducation sont au cœur du roman.
La tatoueuse de Jaipur c’est l’histoire d’une fille qui rêve d’un destin plus grand que celui auquel elle a droit.
Tu trouveras au cours de la lecture de l’ambition, de la résilience, du courage, une famille de cœur et de sang.
La tatoueuse de Jaipur pousse à la réflexion notamment sur le courage et l’abnégation
Tu liras au cours des tatouages que réalise notre héroïne les rites et rituels de l’Inde.
Tu liras plusieurs leçons de vie, Lakshmi est une héroïne inspirante, mais ce n’est pas la seule femme au cœur du roman.
Si tu as peur de romance, n’aie pas de crainte : il n’y en a pas
À la fin du livre, tu trouveras un glossaire, l’histoire du henné, des recettes, une brève explication du système de castes en Inde.
En bref :
La plume de Alka Joshi va te faire voyager au Rajasthan des années 50.
Tu vas lire un monde riche et fascinant, dur, impitoyable, mais aussi beau et doux.
Touchant et émouvant par ses thèmes et son intrigue.
Une intrigue qui soulève des questions qui parleront à de nombreuses femmes.
Alka Joshi avec son héroïne Lakshmi et ses personnages te donne un récit où elle maîtrise parfaitement équilibre entre découvertes de soi, amour familial, besoin de reconnaissance, médecine ancienne et moderne, les failles de la société indienne.
Un roman riche et pertinent pour les lieux, les rites et rituels.
L’autrice réalise un travail phénoménal en te faisant sentir comme si tu étais transportée à cette époque et dans ce pays.
Le personnage principal, Lakshmi, mérite d’être connu.
On ne sent à aucun moment que c’est un tome 1.
Je t’avoue que maintenant que je le sais, je suis impatiente de retrouver son univers.
Apparemment, le deuxième opus démarre en 1969.
Je n’ai pas voulu en lire davantage sur Goodreads pour me laisser le plaisir de la découverte.
J’espère simplement qu’il sera traduit, car la plume est vraiment très belle et entraînante.
Un page-turner comme je les adore, avec du suspens, des choses à apprendre, de la transmission, une héroïne forte et pas clichée.
j’avoue que j’étais un peu inquiète quand j’ai commencé le livre quand j’ai vu qu’il y avait une longue liste de personnages.
Habituellement, cela indique qu’il va y en avoir tellement que cela pourrait dérouter le lecteur et que tu auras donc besoin d’un aide-mémoire.
Cependant, je n’en ai pas eu besoin.
Il est facile de garder tout le monde à l’esprit, de comprendre leurs liens et relations entre eux, de déchiffrer leur caractère.
Peut-être est-ce parce que je l’ai lu en 2 jours ?
En tout cas, il a le mérite d’être là.
« Mes motifs étaient plus élaborés, racontaient les histoires de celles que je servais. Plus le henné était sombre, plus une femme était aimée de son mari — c’était du moins ce qu’elles croyaient. Au fil du temps, mes habituées en étaient venues à croire que mes tatouages avaient certains pouvoirs. »
Lakshmi est un personnage féminin fort.
Un personnage auquel tu t’attaches et t’identifies rapidement.
Tu te sens mal quand tant de choses indépendantes de sa volonté lui causent des problèmes dans la vie.
Je pense que le travail hors celui du tatouage au henné de Lakshmi améliore une histoire déjà bien riche.
Évidemment je ne te dévoilerai rien.
Je suis très floue sur ce que tu peux trouver dans l’intrigue.
Une intrigue multicouche et pleine de rebondissements.
Il y a tellement de choses, de thèmes intéressants pour en discuter ou te poser et réfléchir.
Je pense notamment aux différentes classes sociales en Inde, les différences dans la médecine occidentale et les remèdes à base de plantes, les rôles des femmes dans la société dans l’Inde des années 1950, ou celle d’aujourd’hui.
L’indépendance d’une femme.
Son désir de maternité ou non.
Je trouve que Alka Joshi a amené ses sujets au bon moment, elle les a traités avec beaucoup de pertinence, de didactiques, de finesse.
Rien n’est de trop, rien ne m’a semblé survolé ou inadéquat.
J’espère vraiment que ce livre trouvera un large public.
Que tu iras à la rencontre de Lakshmi qui pour moi rejoint Harley, Marianne, Rose, et les autres héroïnes qui ont marqué ma vie de lectrice !
Avec la tatoueuse de Jaipur, Alka Joshi signe un roman fort ; émouvant et résolument engagé. Entre tradition et modernité de l’héroïne, cette lecture a été fantastique.
Mentions supplémentaires
Ce livre a été choisi par Reese Whisterpoon, pour son club de lecture, signe pour moi d’un bon livre.
C’est grâce à elle que j’ai découvert notamment Jodi Picoult.
Elle ne s’est pas trompée, ce fut une excellente découverte.
Elle met en avant des livres où la place de la femme est mise en lumière.
Dans le monde ou l’histoire. L’Histoire.
L’actrice Reese Witherspoon est une grande amatrice de lecture et propose un club de lecture en mettant en avant un livre par mois pour sa communauté via le site Hello Sunshine.
Tu retrouveras ici les livres qui ont été publiés en français.
Tu vois, j’en ai lu plusieurs et chaque fois ils ont été des coups de cœur ou des superbes lectures, une liste des livres traduits en français est disponible ici
Je viens de lire que son club de lecture avait été vendu fin août à un groupe de média, j’espère que la qualité suivra
L’article est ici
Ce que j’ai appris :
– Jaipur est appelée la ville rose, car les maisons y sont effectivement roses et ocre, tout simplement parce, en 1876, le Maharadja de l’époque a décidé de faire repeindre toute la ville en rose pour la visite du Prince de Galles, Albert. Le rose est ici la couleur traditionnelle de l’accueil.
– La partition des Indes :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Partition_des_Indes
– Les castes en Indes
À lire si tu as aimé :
Les veuves de Malabar Hill de Sujata Massey
La passeuse d’histoire de Sejal Badani
La fille du marchand de saphir de Dinah Jefferies ou la mariée de Ceylan de la même autrice
En roman plus récent mettant en scène des femmes indiennes j’ai aussi aimé celui-ci :
Le club des veuves qui ne lisaient pas de la littérature érotique de Bali Kaur Jaswal ou aussi de cette autrice : les incroyables aventures des sœurs Shergill
PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Fuyant un mariage abusif, Lakshmi, dix-sept ans, quitte son village rural des années 1950 pour se rendre dans la ville rose et animée de Jaïpur. Là, elle devient la tatoueuse au henné — et la confidente — la plus demandée des femmes de la haute société. Connue pour ses motifs originaux et ses conseils avisés, Lakshmi doit veiller à ne pas alimenter des rumeurs jalouses susceptibles de nuire à sa réputation. Alors qu’elle poursuit son rêve d’indépendance, elle est, un jour, stupéfaite de revoir son mari, qui a réussi à la retrouver. Il est accompagné d’une jeune fille fougueuse, une sœur dont Lakshmi ignorait l’existence. Soudain, sa vie tranquille en est bouleversée.
Dans une société qui oscille sans cesse entre le traditionnel et le moderne, Lakshmi doit trouver sa place tout en poursuivant sa quête de liberté.
✩ La tatoueuse de Jaipur ⟷ Alka Joshi ⟷ 448 pages ⟷ Éditions Hauteville, le 18 août 2021 ✩
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meslivresdepoche dit
j’ai bien aimé la malédiction de satapur 🙂 c’est dommage en effet quand on s’y connaît pas trop ! mais bien tentée 🙂