PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
À la veille du solstice d’été, l’Angleterre est déchirée par une guerre civile entre Charles 1er et le parlement insurgé.
Cette lutte fait rage partout dans le royaume, et trouble même l’île de Sealsea, où vit Alinor.
Descendant d’une famille de guérisseuses, la jeune femme est tous les jours confrontée à la pauvreté et aux superstitions.
Un soir de pleine lune, elle rencontre James Summer, un noble catholique, qui a pour mission de sauver le roi.
Très vite, tous deux tombent amoureux.
Mais l’ambition et la détermination de la jeune femme la distinguent un peu trop de ses voisins.
C’est l’ère de la chasse aux sorcières et Alinor, une femme sans mari, qui connaît les plantes et qui s’extirpe soudain de la misère grâce à James, s’attire la jalousie de ses rivaux et éveille l’effroi du village. Tout l’accuse…
Le contexte de lecture :
J’ai déjà lu Phippa Gregory (La princesse d’Aragon, La dernière reine, Reine de sang clique sur les titres pour mes avis) ; c’est une valeur sure pour moi dans les romans historiques, historienne, elle vulgarise l’Histoire.
J’apprécie l’attention de l’auteur aux détails et à l’exactitude historique. De plus, si quelque chose doit être expliqué, elle met des notes en bas de pages ou ses explications sont insérées dans le texte sans que tu perdes le fil de l’intrigue.
En 2022, je vais lire ses livres dans l’ordre, ils ne sont pas tous publiés en français, mais je ferai avec.
Sa page Wikipédia et l’ordre de lecture de ses récits se trouvent ici
Deux soirs pour un roi est l’adaptation cinématographique d’un de ses romans. Peut-être arriveras-tu à mieux la situer avec le titre du film (et du livre).
Mon avis :
Une veille de solstice d’été.
Tout est chamboulé.
Un soleil obstiné, un trône renversé. Un monde transformé. Un roi en prison, les rebelles au pouvoir et une lune pâle.
On débute l’histoire comme ça à Sealsea, dans le Sussex en juin 1648.
Ce soir-là, deux destinées vont être bouleversées.
Celle d’Alinor et de James.
James est un prêtre royaliste venu de France venu aider le roi détenu sur l’île de Wight.
Il s’est engagé dans une conspiration pour sauver le roi.
Alinor est mère de deux enfants.
Peut-être veuve, son mari, pécheur, a disparu depuis 6 mois.
Elle rêve que ses enfants Rob et Alys puissent quitter le marais et ne pas être pris au piège comme elle.
Ils vivent au jour le jour, essayant de trouver du travail où ils peuvent.
Tout ce qu’Alinor a connu c’est la douleur, le labeur.
Elle collectionne les pièces rejetées par la marée, des pièces anciennes que les habitants de l’île appellent « l’or des fées ».
« Il y a peu de place dans ce monde pour les espoirs d’une fille »
Alinor gagne sa vie en tant que sage-femme et herboriste, à une époque où ces activités étaient considérées avec méfiance et où les accusations de sorcellerie étaient courantes.
L’Angleterre est en proie à une guerre civile entre le roi, ses partisans et le Parlement. (Voir ici pour l’explication)
Alinor est comme toutes les mères du monde entier, elle désire une vie meilleure pour ses enfants.
J’ai admiré son travail acharné, son ambition et sa détermination.
« C’est l’estran.
Pas sur l’eau, pas sur l’estran.
Ni terre, ni mer, mais sec et inondé deux fois par jour, jamais englouti longtemps, mais jamais asséché totalement. »
Je termine ce livre sans voix, un peu triste, triste de quitter Alinor, mais heureuse, car d’après ce que dit Philippa Gregory dans ses notes il s’agit d’une saga.
Je t’explique en fin d’article.
On ne voit pas défiler les plus de 600 pages du roman.
L’histoire de la guerre civile anglaise est intéressante, mais ce qui a vraiment retenu mon attention et tenu en haleine c’est Alinor.
Cette héroïne est incroyable, une de celle qui va me rester dans le cœur.
Elle va rejoindre mon panthéon des femmes de fiction, je pense, à Harley de mon territoire, à Betty de Tiffany McDaniel, à Marianne de Meurtre pour rédemption de Karine Giebel, à Maggie de L’aile des vierges de Laurence Peyrin.
Quelle femme, quelle écriture que celle de Philippa Gregory !
Quel destin de vie !
Ce fut une lecture incroyable.
J’ai plus qu’adoré.
Ce n’est pas un coup de cœur, car j’ai trouvé certains passages, surtout sur la fin, plutôt lents, même s’ils sont intéressants, mais, moi, ce que je voulais surtout, c’était lire le destin d’Alinor. Celui du roi m’intéressait moins, je l’avoue.
Philippa Gregory te livre un roman sur les destins de femmes.
Des femmes qui même si elles n’avaient aucun droit restaient dignes et prenaient les rênes de leur vie en main.
Qu’elles soient nées dans la misère ou riches.
Toutes ces femmes avant nous ont connu cette méfiance, ces médisances, cette société qui imposaient le silence aux femmes.
Elles étaient à ce moment-là synonymes de péché.
C’était par elle que le péché existait.
Une autre époque que Philippa Gregory se charge de te rappeler.
Que de combats menés !
Combien c’était difficile de naître femme à cette époque !
Un monde cruel pour une femme surtout si elle est seule et possède des connaissances
Philippa Gregory a voulu avec son récit ; montrer à quoi ressemblait le monde, la nation a un moment donné, quel était le système de pensée de l’époque ; ce que les gens faisaient et ressentaient ; et comment les changements (politiques, économiques, culturels) les ont bouleversés.
Elle montre que nous sommes tous le produit d’une histoire à la fois familiale et nationale.
Elle te montre aussi combien les femmes ont œuvré aux changements, aux choix des grands dirigeants mêmes si elles étaient dans l’ombre.
Sealsea est en fait l’île de Selsey, près de Chichester. Clique ici pour la situer.
Il y a une romance dans ce roman, même 2, elles sont présentes, mais pour moi, elles n’ont pas étouffé l’intrigue principale qui est le destin d’Alinor entre autres.
La romance devait être présente pour la suite de la fresque que l’autrice a imaginée.
Avant de lire la note à la fin du livre, je n’avais pas trop compris l’intérêt de cette romance. Elle était là, mais ce n’est pas ce qui avait retenu mon intérêt pour ce livre.
Maintenant que j’ai tout lu, je peux te dire qu’elle était nécessaire pour développer les autres tomes.
Je ne peux t’expliquer en quoi, car je te spolierais le roman et la suite.
Pendant la majeure partie de l’histoire d’Angleterre, les femmes sont restées des entités juridiques inexistantes, mais elles vivaient comme si elles comptaient.
Alinor est une de ces femmes.
Selon les apparences, elles se trouvent dans une situation sans espoir.
Le mieux qu’elle puisse souhaiter est de survivre sans sombrer dans l’indigence à une époque où ceux qui étaient dans le besoin mouraient de faim. Même pauvre et humiliée Alinor ne perd pas de vue sa valeur.
Elle garde ses espoirs et ses ambitions.
Elle ne tombe pas dans la fatalité, elle œuvre pour un avenir meilleur pour elle, mais surtout pour ses enfants.
Les rumeurs sur Alinor ne la définissent pas.
Pas plus que les difficultés qu’elle traverse.
Elle ne transigera jamais avec son jugement moral quoique cela lui en coûte.
Elle possède sa pensée propre et ne dérogera pas ni avec ce qu’elle pense intimement ni avec son droit a ressentir.
À une époque où les femmes n’avaient aucune importance, elle s’en attribue.
Elle est, au moins pour elle-même, une héroïne.
Elle est la mienne
Une héroïne coup de cœur même si le roman entier ne l’est pas.
Lire ce roman me fait apprécier ma chance de vivre à l’époque actuelle !
La dernière moitié du livre avance à un rythme plus rapide, la fin a été un choc.
Après tant de temps passé à Sealsea, j’ai hâte de voir où nous mènera le prochain livre de la série.
Il me tarde de lire le tome 2, Dark Tides en VO, il est sorti en novembre 2020. Je ne te mets pas le résumé, car il spoile le tome 1 en partie. Vivement sa traduction.
Philippa Gregory comme Eric-Emmanuel Schmitt le fait, mais différemment puisque lui il remonte à l’origine du monde, elle veut écrire une fiction historique qui va suivre l’évolution d’une famille sur plusieurs générations. Alinor est le point de départ de cette fresque historique.
De ce que j’ai pu lire sur le tome 2 ; les femmes seront le sujet central, mais à suivre…
À lire si tu aimes lire des livres sur les destins de femmes.
À lire si tu as aimé :
Les graciées
Les sorcières de Pendle
Tu n’aimeras pas si tu n’aimes pas l’histoire, les détails et les descriptions. Si la romance dans l’histoire te rebute.
Ce que j’ai appris :
Schisme anglican : ici
✩ La sorcière de Sealsea ⟷ Philippa Gregory ⟷ 640 pages ⟷ Éditions Hauteville, le 1er septembre 2021 ✩
0
Caroline dit
Merci pour ce retour ! Je suis justement en train de lire Les graciées, et comme tu l’écris, je pense que j’aimerai celui-ci.