PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
À la suite de son témoignage crucial contre son compagnon, criminel de haut vol, Maddy entre dans un programme de protection.
Elle repart à zéro, avec une nouvelle identité. Elle que la presse avait surnommée « la muse du vampire » devient professeure dans un institut pour enfants en réinsertion sociale ou présentant des troubles mentaux.
Parmi eux, Abel, un petit garçon autiste, qui prétend communiquer avec une mystérieuse « dame rouge » …
Chargé du suivi de Maddy, le commandant Theven continue de nourrir des soupçons envers sa protégée. Et si la justice avait signé un pacte avec le diable en passant un marché avec elle ?
Bonjour mes liseurs,
Aujourd’hui, je te parle thriller avec le dernier roman de Marlène Charine, « La Protégée », fraîchement débarqué chez Calmann-Levy
Si tu me lis depuis un moment, tu sais que j’ai déjà lu plusieurs romans de cette autrice, notamment « Tombent les anges », « Leonie », et mon préféré jusqu’à présent, « Inconditionnelles ».
Retrouve mes avis ici, ici et ici.
Si j’ai été subjugué par l’ambiance et le suspense maintenus tout au long de l’intrigue, je dois avouer que le dénouement m’a laissé sur ma faim, je reste avec certaines de mes suppositions qui sont sans réponse.
Néanmoins, cela n’entame en rien ma recommandation pour ce thriller machiavélique à l’atmosphère pesante et malsaine, où la confiance devient un luxe rare.
On entame le récit avec une jeune femme, en route vers son nouveau lieu de vie et adoptant sa nouvelle identité, Maddy, une témoin protégée ayant dénoncé son compagnon.
Le commandant Theven est chargé de sa protection, il a construit pour elle un nouveau passé.
Maddy enseignera l’anglais et l’horticulture dans un institut spécialisé, « Les Trois Nuages », un établissement niché dans les Pyrénées.
Luca Di Ferro, surnommé le vampire, est l’homme dont on la protège, c’est son ex-compagnon, un homme d’une cruauté rare.
Là encore, on le dit dans le texte, mais l’autrice ne s’attarde pas sur ce fait.
L’intrigue se joue surtout sur et autour de Maddy.
Certaines personnes sont tordues dès leur plus jeune âge. Mais il y en a qui battent tous les records. Ce type en fait sans conteste partie.
Le commandant chargé de sa protection est très froid avec elle, il la juge coupable, il ne ressent aucune empathie pour elle.
Il se réjouit même d’être enfin « débarrassé » d’elle. Lui aussi a un comportement étrange. Pourquoi cette colère envers Maddy qui est un témoin protégé et donc, pour moi, une victime elle aussi.
Le manoir, éloigné de toute civilisation, entouré d’une haute clôture et de forêts, est le lieu de vie des enfants.
Ils ne sont pas ordinaires, tous ont des passés complexes, certains sont placés pour des raisons judiciaires, d’autres pour des problèmes de handicap mental.
Ils sont divisés en deux groupes : les oursins pour ceux qui ont des difficultés d’ordre judiciaire, et les pains de mie pour ceux qui ont des difficultés d’ordre émotionnelles.
Maddy semble détachée de tout, dénuée de sentiments tels que le remords, la colère ou la sympathie.
Elle n’aime pas les enfants, elle affiche une froideur déconcertante.
Cette étrangeté dans l’attitude de l’héroïne, pourtant victime puisqu’elle se trouve dans un programme de protection des témoins, suscite des doutes sur sa véritable nature.
Les monologues intérieurs, notamment sur son enfance, soulèvent des questions chez le lecteur.
L’alternance des chapitres entre la vie de Maddy aux Trois Nuages et la vie privée du commandant enrichit l’intrigue même si j’ai préféré l’ambiance du manoir.
La vie privée de Theven permet à l’autrice d’aborder des thèmes et des sujets supplémentaires, je dirais même que ces sujets sont complémentaires ; surtout un, mais je ne peux pas te révéler de quoi je parle sans te mettre sur une piste.
Le manoir devient rapidement le théâtre d’événements étranges, suggérant des tortures psychologiques.
Pourquoi et par qui ? Personne n’est censé connaître Maddy dans cet endroit isolé.
Les faits troublants, comme les réactions d’Abel, un des enfants que j’ai adoré, ajoutent encore du poids à l’atmosphère angoissante du roman.
L’autrice insuffle délibérément un climat sombre et pesant, accentué par l’isolement du manoir.
Le lecteur est constamment en proie à l’anticipation d’événements mystérieux.
La paranoïa compréhensible de Maddy, témoin d’un tueur machiavélique, contribue à cette ambiance.
Les comportements étranges de ses collègues, voire des enfants, soulèvent des questions.
Est-ce un cauchemar, une mise en scène macabre, un bizutage, ou simplement un rite d’intégration ? Maddy est-elle folle ?
Je me suis posé quantité de questions.
Le récit est rythmé par des révélations et rebondissements même s’ils ne sont pas nombreux.
Ce thriller est avant tout un thriller d’ambiance. Une ambiance que l’autrice a soignée.
La dualité de Maddy rend l’intrigue captivante, tu navigues entre fascination et doute quant à sa véritable nature.
Marlène Charine aborde plusieurs thèmes, le principal étant l’amour sous ses différentes formes. L’amour noir, malsain, mais puissant, l’amour toxique, le véritable amour et les concessions que l’on est prêt à faire par amour.
Le manoir, éloigné de tout, crée une atmosphère claustrophobe, bien que l’alternance des chapitres permette de suivre également Theven, évitant ainsi un huis clos total.
La tension sous-jacente est constamment ressentie, renforcée par la paranoïa et l’incertitude qui planent sur tous les personnages.
La plume incisive de Marlène Charine se distingue par son habileté à créer une ambiance variée, mais une véritable ambiance que tu ressens dès les premiers chapitres.
Les chapitres courts et les phrases lapidaires confèrent un caractère urgent au texte.
Les monologues intérieurs de Maddy t’offrent un aperçu de ses pensées tourmentées, c’est renforcé par l’écriture à la première personne, tu plonges dans l’esprit troublé de Maddy et tu ne sauras vraiment plus à qui te fier.
L’humour noir, parsemé dans le récit, apporte une nuance intéressante à l’ensemble, cela te maintient par une variation de ton entre l’urgence et des moments plus légers, tout en maintenant une tension constante.
« Poussé dans certains retranchements, même le plus droit est le plus pur des êtres humains peut se muer en monstre. Et l’amour est sans doute le sentiment qui nous incite le plus à surpasser nos limites. Affranchir toutes les lignes rouges. Quoi qu’il en coûte. »
L’intrigue de « Protégée » est tortueuse et bien menée, avec des retournements de situation qui laissent le lecteur dans l’incertitude, incapable de discerner le vrai du faux.
L’utilisation habile du point de vue de Maddy crée une proximité dérangeante avec son esprit tourmenté, et les révélations progressent de manière équilibrée, elles alimentent la tension jusqu’au dénouement.
Le suspense joue un rôle clé, il t’invite constamment à remettre en question les motivations des personnages.
« La protégée » se révèle être un thriller captivant, excellent dans la création d’une atmosphère sombre, d’une intrigue tortueuse et de personnages complexes.
La plume de Marlène Charine et son talent pour maintenir le suspense font de ce livre une lecture que je recommande malgré mes bémols qui concernent le final et le flou concernant certains faits.
Un thriller psychologique riche en nuances, complètement machiavélique.
Si tu le lis, je te conseille de lire le chapitre inédit en scannant le QR code, j’ai adoré ce chapitre supplémentaire.
« On ne connaît jamais vraiment personne. De toute manière. On échafaude des suppositions, on pose des pronostics, des paris à un contre vingt, cent, mille. Parfois on tombe juste, et là, la faute, le pire. On s’imagine savoir. On croit avoir obtenu un ascendant sur l’autre, si je lis en toi, ça me donne un avantage. Alors que non. Nous sommes tous des âmes mouvantes »
✩ La protégée ⟷ Marlène Charine ⟷ 289 pages ⟷ Éditions Calmann-Levy, le 14 février 2024✩
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