PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Paris, 2018.
Alors que son grand-père est à l’hôpital suite à un arrêt cardiaque, Nour s’interroge : les mystérieuses calligraphies arabes qu’il a reçues seraient-elles à l’origine de son malaise ? Que signifie ce dessin d’hirondelle qui revient comme une signature ?
Son Papé ne lui a jamais parlé de sa jeunesse en Algérie, ce pays où il est né et qu’il a dû quitter du jour au lendemain pour rejoindre la France où tout lui était étranger. Nour ne connaît rien du souffle chaud du sirocco, de la beauté du désert et de ses oasis. Comme si un voile avait été posé sur ce passé encore douloureux.
Peut-être est-ce enfin l’occasion pour elle de partir à la découverte de secrets de famille enfouis…
Au même moment, en Algérie, une mystérieuse femme envoie inlassablement des lettres calligraphiées en France, espérant chaque jour une réponse…
Une bouleversante saga familiale, traversée par le brûlant soleil méditerranéen et l’ombre de la guerre d’Algérie.
On débute le roman par un prologue qui se déroule dans le désert.
Une dame calligraphie une lettre et la remet à un homme pour la poster.
Une missive destinée à la France.
2018, Paris, un vendredi 13.
Une date que Nour ne peut oublier.
C’est celle du décès de ses parents.
Élevée par ses grands-parents, son grand-père l’a toujours encouragé à croire en ses rêves.
Sa grand-mère, mamani, n’a jamais plus parlé depuis qu’ils ont dû quitter leur terre natale : l’Algérie.
Aujourd’hui, Nour est professeure de danse.
À cette date déjà douloureuse, vient s’ajouter la crise cardiaque de son papè.
C’est en rangeant son bureau ; là où il s’est écroulé ; que Nour retrouve une calligraphie qui va la bouleverser et l’entraîner dans le passé.
1954, Algérie.
On fait la connaissance de Jacques et Eugénie ainsi que de leurs enfants : Daniel qui s’apprête à rentrer à l’université d’Alger pour devenir botaniste et Mimi sa jeune sœur.
Tout au long du livre on va alterner les chapitres.
Ceux qui concernent Nour, sa détresse mentale actuelle dont on ne sait rien, ses recherches sur la guerre d’Algérie que son grand-père n’a jamais voulu aborder.
À la fin des chapitres qui lui sont consacrés, on retrouve la femme de l’épilogue.
On ne connaît pas son prénom.
On a juste des descriptions des lieux où elle se rend et de son attente.
L’autre alternance est celle à partir de 1954, c’est souvent Daniel le narrateur.
Il conte sa vie, sa passion pour la botanique, son histoire d’amour avec Asma.
Plus on avance dans le livre, plus le ton se fait grave.
On passe de l’insouciance de l’enfance et des jours heureux à la méfiance, à la peur et l’inquiétude des adultes.
Les relations entre autochtones et pieds-noirs se font houleuses, pour ensuite arriver à la guerre d’Algérie et l’exil de nombreux Français nés là-bas et qui ont dû tout quitter du jour au lendemain.
Ils ne sont Plus les bienvenus en Algérie et pas acceptés en France.
Béatrice Courtot n’écrit pas pour autant un roman dramatique.
Je l’ai trouvé nostalgique, poétique et romantique, authentique et didactique.
Tu vas ressentir un tas de sensations au cours de ta lecture.
La tiédeur, l’indolence des soirs d’été et la beauté des ciels étoiles avec « la java bleue » traînant dans l’air.
L’odeur acidulée du citronnier, une frita aux goûts des souvenirs.
Une histoire d’amour emportée par le temps, envolées toutes les promesses échangées.
Le parfum de la mer qui charge la brise du soir.
Tu vas voir la couleur ocre de la terre et du sable, ressentir la chaleur du soleil charriant les mille et une odeurs.
Tu vas observer la kasbah et toutes ces robes chatoyantes, toucher les tapis, humer les épices, voir le même soleil irradier de sa lumière au soir couchant les minarets des mosquées nimbés de rose, les dômes des synagogues et les clochers des églises.
Tu visiteras le théâtre où Nour est professeure de danse classique à Paris et parcourras l’institut du monde arabe.
Tu observeras les œuvres du peintre Eugène Deshayes, tu écouteras des opéras de Bizet, tu admireras des calligraphies de style nashki faites à l’aide d’un calame.
Une calligraphie mystérieuse signée d’une hirondelle.
Un secret, mystère, ressurgit du passé aujourd’hui dans la vie de Nour et de son papé.
On aborde dans ce roman le poids de la double culture, mais aussi sa richesse quand on réussit à les concilier.
À l’image de la tante de Nour.
Tu suivras les prémices d’un amour interdit à cause des origines, 2 amoureux qui font tomber les hauts murs des codes sociaux, religieux et familiaux quitte à le regretter plus tard.
Tu entendras résonner la tatche, les éclats de rire et les interjections vibrantes de soleil des anciens sirotant leur anisette, s’interpellant parfois violemment, mais se réconciliant aussi rapidement.
Le muezzin appelant à la prière, tu toucheras un tapis berbère.
Une Algérie multiculturelle où toutes les confessions vivent en paix jusqu’à ce que les conflits éclatent.
L’auteure t’immerge complètement dans ce pays.
Tu vas flâner au cœur de L’Algérie avec la visite de Mostaganem et sa plage de la Salamandre où les habitants se retrouvent le soir au port puis à la plage.
Alger et son université, la mosquée de Sidi Abd-el-Rahman et son revêtement de faïences vernissées.
Tipaza et ses ruines, ses théâtres, ses arènes, ses arcs de triomphe.
Le Sahara, et Bou Saâda surnommée la cité du bonheur ; une ville-oasis aux superbes palmeraies, carrefour caravanier retranché.
La baie de Ténès.
Les monts de l’Aurès, de Kabylie.
C’est aussi le département d’Oran et sa région viticole.
Béatrice Courtot te fait découvrir ces villes par leurs architectures, les paysages, les monuments connus, une totale immersion dans le pays.
Une Algérie qui regorge de secrets. Son passé est romain, punique, antique.
Les superstitions et les croyances ne sont pas omises.
Toutes les cultures sont présentes par le biais de ses différents protagonistes.
Elle t’immerge enfin dans la période trouble qui a précédé la guerre en t’expliquant brièvement, mais suffisamment l’origine du conflit.
La distinction par les politiques entre les Français pleinement citoyens et les Français musulmans.
Les inégalités d’une société coloniale.
Le clivage social.
« Tu t’asseyais sur un nuage, tu ne verrais pas la ligne frontière entre un pays et un autre, ni la pierre de bornage entre une ferme et une autre. Il est regrettable que tu ne puisses t’asseoir sur un nuage. » khalil Gibran, Le sable et l’Écume
Un roman très riche à tous les niveaux faune et flore ne sont pas négligés, elles ont même une très jolie place dans ce livre.
Cela te donne un voyage olfactif en plus d’être visuel.
Ce livre est une immersion totale sur tous les plans dans la culture algérienne. Les mauvais souvenirs, mais surtout les bons.
Un roman optimiste à l’image de Mimi qui voit toujours le pays qu’elle a quitté fraternelle et heureuse.
Une entente amicale entre Algériens, pieds-noirs, Italiens, Espagnols, hommes et femmes de confession différentes, tous réunis sur la même terre riant et discutant sous le même soleil.
« Il y avait des Espagnols comme Carmen notre couturière, des Corses comme nous, des Juifs sefardim, des Maltais, des Italiens… c’est tout ce mélange qui donnait à la ville son originalité pittoresque et colorée. Les communautés s’estimaient réciproquement. On sentait les odeurs du poivron, d’oranges, d’ail et d’anisette, le parfum de la Méditerranée embaumait nos rues ! On faisait sécher le linge aux fenêtres et les commères se disputaient à propos des bottes d’oignons ou de seaux d’eau laissés dans l’escalier. Ça criait. Ça vivait. »
Un roman où les mondes historiques et contemporains se mélangent, des mots lyriques, des phrases sensibles et imagées.
Des descriptions précises qui comme je l’explique t’immergent complètement dans tous les pans de cette culture ceci grâce à la plume exquise et visuelle de Béatrice Courtot
Une intrigue qui court tout au long du roman et qui prend toute sa densité donne tout son poids au roman dans son dénouement.
Un livre plus intimiste que le précédent, on sent que dans ses lignes le cœur de la grand-mère de l’auteure vibre toujours.
Des moments émouvants, d’autres, plus légers, certains intenses, d’autres insouciants.
Chaque aspect du roman rend un très bel hommage à l’Algérie.
Un pays que je connais peu, dont je n’avais appris l’histoire.
Ce livre m’a permis de connaître l’origine de cette guerre, du mot pied-noir, de la nostalgie de ces exilés aujourd’hui encore.
Une fiction qui est instructive, précise, immersive et sensitive.
« En Algérie, les Européens ne se fâchaient pas longtemps ; ils faisaient partie d’une grande famille après tout. Malgré l’exubérance de leurs paroles, le compromis et l’entente l’emportaient toujours. Ils trouvaient les bons mots, qui finissaient en partie de rigolades, comme un rituel. Tous avaient les mêmes gestes, les mêmes mimiques, les mêmes plaisanteries. Ici, l’amitié se léguait de père en fils, entre la maison et celle des voisins. »
Point positif supplémentaire : les magnifiques citations qui ponctuent le livre.
« L’amour est un mot de lumière, écrit par une main de lumière, sur une page de lumière. Djalâl ad-Dîn Rûmî, calligraphiée par Khalil Gibran.
« Germaine Tillion, une grande ethnologue, nous appelait les ‘ennemis complémentaires’ c’était tout à fait ça ! Même si les communautés françaises et algériennes ne voulaient pas vraiment se mêler, eh bien à force de se côtoyer, il s’était installé un certain mimétisme. Au final on a déteint les uns sur les autres. » À ce sujet tu trouveras dans cet ouvrage l’origine de mots qui sont tombés dans le langage courant pourtant utilisés avant uniquement dans la colonie notamment “caïd”, mais ils sont nombreux.
Cela m’a plu de me rappeler mes cours d’étymologie.
Un jour, j’aimerais moi aussi voir ce ciel bleu d’Alger, allant de l’azur à l’indigo. Le bleu des vagues de saphir sous un ciel turquoise.
Je ferme le livre avec en tête les bruits du marché, les couleurs intenses qui dansent devant mes yeux, je hume l’odeur du thé à la menthe, j’entends le rire des enfants jouant sur la plage.
Dans la promesse de l’oasis il y a : De l’encens, des parfums d’oranges, des bougainvilliers, des acacias et un jujubier, un jacaranda et une allée de ficus, le sirocco, des chèvres et des haies de figuiers, des coteaux couverts de pin, un bouquet de menthe fraîche, des gâteaux au miel et aux dattes, Marcel Cerdan et Enrico Macias, les odeurs de jasmin et d’amande, une oasis, l’anisette et l’huile d’olive, abricotiers et grenadiers, les mandarines et autres agrumes, vignes et champs de céréales, une palmeraie et le son des mortiers en bois, ânes et chameaux, roseaux et tamaris, les bouffées d’encens, le rhassoul et le henné ces soins orientaux de beauté, les cyprès, aloès et chênes-lièges.
“Une plage de miel où tout semble éternel. Des rires et des serments qui volent aux quatre vents. Où s’en vont les amours d’étés ? Enrico Macias
✩ La promesse de l’oasis ⟷ Béatrice Courtot ⟷ 384 pages ⟷ Éditions Charleston, le 15 juillet 2020 ✩
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