PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Lors d’une froide soirée de février 1791, à l’arrière d’une sombre ruelle londonienne, dans sa boutique
d’apothicaire, Nella attend sa prochaine cliente. Autrefois guérisseuse respectée, Nella utilise maintenant ses connaissances dans un but beaucoup plus sombre : elle vend des poisons parfaitement « déguisés » à des femmes désespérées, qui veulent tuer les hommes qui les empêchent de vivre. Mais sa nouvelle cliente s’avère être une jeune fille de 12 ans, Eliza Fanning.
Une amitié improbable va naître entre elles, et entraîner une cascade d’événements qui risquent d’exposer toutes les femmes dont le nom est inscrit dans le registre de Nella…
De nos jours à Londres, Caroline Parcewell passe son dixième anniversaire de mariage seule, encore sous le choc de l’infidélité de son mari. Lorsqu’elle découvre sur les bords de la Tamise une vieille fiole d’apothicaire, elle ne peut s’empêcher de faire des recherches et va découvrir une affaire qui a hanté Londres deux siècles auparavant : « L’apothicaire tueuse en série ». Et alors qu’elle poursuit ses investigations, la vie de Caroline va heurter celles de Nella et d’Eliza. Et tout le monde n’y survivra pas…
Encore une fois, les éditons Faubourg Marigny nous offre à lire un livre merveilleux.
Loin de ce que l’on peut trouver habituellement, ce sont des dénicheurs de pépites.
Oui pépite, je lis le titre de novembre au moment où je rédige cette introduction sur le blog et, je peux te dire, que dès le départ j’ai aimé intensément ce roman. Il s’agit de la violoniste d’Auschwitz, je reviendrai t’en parler.
Si tu cherches une nouvelle maison d’édition, des livres aux thèmes fascinants je te conseille vivement de te pencher sur leur catalogue.
Qu’y a-t-il dans La petite boutique aux poisons de Sarah Penner ?
Sarah Penner aborde : la sororité, le féminisme, mais celui auquel j’adhère : tous les hommes ne sont pas foncièrement méchants. Il y a du suspense, des réflexions de vie, des révélations qui augmentent ton attachement au livre, des allers-retours dans le temps.
La petite boutique aux poisons t’offre un merveilleux moment.
J’ai adoré les 3 héroïnes : Nella, Caroline et Eliza.
D’autres femmes interviennent, mais ces 3 là, par les sujets qu’elles amènent m’ont complètement bouleversée.
Une empathie immédiate s’est créée entre elles et moi.
Sarah Penner a imaginé cette histoire grâce notamment à une amie qui pratique ce que l’on appelle le « mudlarking ». Je ne connaissais pas du tout, mais cela m’a fasciné.
Voilà quelque chose qui me plairait beaucoup, je pense.
Si tu veux en savoir plus, voici le compte instagram (@flo_finds) d’une amie de l’autrice, célèbre dans ce monde de la recherche d’objets. clique ici
Qu’est-ce que le mudlarking ?
C’est la recherche d’objets de valeur (pécuniaire ou ancienne) dans la boue.
C’est surtout à Londres que cette activité se pratique.
Tu trouveras des infirmations surtout en anglais si jamais cela t’intéresse autant que moi.
Mon avis :
Caroline de nos jours est à Londres. Seule.
Elle aurait dû y venir avec son mari fêter leurs 10 ans de mariage.
Un secret révélé a tout anéanti.
Sa vie est chamboulée, tous ces choix, toutes ses décisions, tous ses espoirs sont remis en question.
À peine arrivée, un homme lui propose de se joindre à leur groupe de « mudlarking ».
Il s’agit de fouilles dans la boue de la Tamise.
Une espèce de chasse au trésor pour retrouver des objets enfouis les siècles précédents.
Une immersion dans le passé que cette passionnée d’histoire ne peut refuser.
Sceptique, elle se met à fouiller et trouve, très vite, une fiole bleue.
Caroline va déterrer des rêves enfouis et affronter la vérité.
Elle ne sait pas à quel point ce geste de déterrer un objet va bouleverser sa vie.
Ce qu’elle trouve magique dans ses recherches historiques : Des siècles la séparent de la dernière personne qui a touché ce flacon.
« La magie est partout, il suffit de savoir où regarder »
Elle est passionnée par la vie des gens ordinaires.
1791.
Nella a voulu continuer l’œuvre de sa mère.
Sa mère s’est engagée à créer pour les femmes un refuge où les femmes pourraient exposer leur vulnérabilité et parler sans pudeur de leurs indispositions, sans craindre l’auscultation lascive d’un homme.
Sa mère a placé toute sa confiance dans les remèdes puisés dans la terre, la nature.
Une médecine douce dans laquelle elle a mis toute sa foi.
Elle a formé Nella dès son plus jeune âge.
Au décès de sa mère, Nella a repris le flambeau de sa mère, jusqu’au jour où un homme anéantisse tout.
Depuis, elle concocte ses mixtures qui n’aident plus à guérir, mais à donner la mort.
« Le chagrin est partagé par toutes et n’épargne aucune femme, peu importe son rang. »
Imagine le désespoir de ces femmes qui ont recours aux services de Nella, pas uniquement ceux de l’apothicaire, mais ceux d’une meurtrière.
Elle aide toutes les femmes, elle a une seule règle : ne nuire à aucune femme.
L’héritage de sa mère s’incarne dans l’élaboration de potions pour apaiser leurs maux, mais aussi dans la préservation de leur mémoire, pour leur garantir un endroit où elles ne seraient jamais oubliées.
Son précieux registre où elle note tout.
Chaque rencontre, chaque aide. Une archive de la vie et de la mort ; un inventaire des nombreuses femmes qui viennent quémander ses potions.
« Il s’agit du seul endroit où leurs noms sont inscrits. Le seul qui se souviendra d’elles. C’est une promesse faite à ma mère de préserver l’existence de ces femmes dont les noms seraient sans ça effacés par l’Histoire. Le monde n’est pas tendre avec nous… Rares sont les endroits où les femmes peuvent laisser une trace indélébile. »
Le registre est une preuve du travail d’une vie.
Celles à qui elle a prodigué des soins, ceux à qui elle a nui, avec quelles teintures, cataplasme, poudre, onguent.
En quelles quantités et comment l’administrer.
Ortie, hysope, amarante, belladone, arsenic ; poisons et plantes inoffensives se côtoient sous l’encre qui imbibe son registre.
Des noms pour la douleur physique, mais aussi la douleur de la trahison
Son officine se dérobe aux regards, elle est dissimulée dans un réduit derrière une étagère, la pièce où l’on entre est située dans une allée tortueuse, sombre de Londres du 18e.
Caroline et Gaynor. Eliza et Nella ont un point commun comme chacune de nous (comme toutes femmes devraient le faire) : elles se serrent les coudes, elles gardent espoir.
Ce livre va t’envelopper dans le mystère de l’histoire ancienne et contemporaine.
Dans la vie de Nella et de Caroline.
Pourquoi Nella a-t-elle pris ce chemin.
Pourquoi a-t-elle construit cette pièce secrète qui n’existait pas du temps de sa mère ?
Pourquoi a-t-elle commencé à concocter des poisons ?
Ce sont les questions que se pose Eliza et toi tout au long du roman tout comme Caroline cherche à élucider le mystère du flacon qu’elle a ramassé dans la Tamise.
» J’espérais qu’avec le temps, elle apprendrait à remplacer ces pensées fantaisistes par de réelles réflexions sur le cœur : un mari à aimer, des enfants à nourrir, toutes ces choses auxquelles je n’avais pas eu droit. Et je priais pour qu’Eliza se réveille au matin revivifiée, ayant tout oublié de moi. Car si je regrettais son babillage agréable, le manque m’était particulièrement familier. »
Eliza et sa vivacité d’esprit, sa soif d’apprendre et de venir en aide est tellement attachante. J’ai adoré cette enfant emmenée Londres par sa mère loin de la campagne pour qu’elle ait la chance de devenir quelqu’un, pour qu’elle ne soit pas condamnée à la même vie de sacrifice qu’elle.
La mère d’Eliza apparait peu, mais cette partie m’a émue.
Pour la cruelle réalité, les femmes à cette époque n’avaient droit de rien, et pour le sacrifice de mère.
Nella porte en elle un lourd chagrin, la culpabilité de chaque préparation effectuée.
Elle est littéralement rongée par ce qu’elle commet.
Pour autant, elle refuse de laisser tomber une seule femme même quand elle a un mauvais pressentiment.
Ce travail est son fardeau, il est né de son chagrin.
Une vie engloutie dans l’amertume.
Voilà pour le contexte historique et l’intrigue, les différents personnages du passé et du présent.
J’ai été nettement plus fascinée par la vie de Nella, mais j’ai aimé les sujets qu’amène Caroline, notamment la différence entre bonheur et épanouissement.
« Toutes les femmes ont dû un jour affronter la cruauté d’un homme, à différents niveaux »
Cuillères, bouchons de liège, fioles et contenant divers, mortier et pilon, balance et poids, feuille de parchemin.
Il y a chez Nella, tout ce que tu t’attends à trouver chez un apothicaire.
Les lignes de toniques mortels s’entremêlent aux curatifs.
Se débarrasser d’un mal, en l’occurrence, un mari nocif, ne rend pas une femme immune aux autres souffrances. Voilà la réflexion principale de la partie historique.
L’Histoire, avec un grand H, ne témoigne pas de la subtilité des relations que nouent les femmes entre elles.
Ce livre le fait.
En bref :
Je n’entrerai pas dans tous les détails de l’intrigue, je préfère te laisser le plaisir de la découverte. Que Nella, puis Caroline se révèlent à toi, qu’elles te parlent, car elles te font des confidences, si tu veux les entendre.
C’est une fiction fascinante sur la condition des femmes.
Les femmes du passé et celles du présent.
Comment s’inscrire dans la société ?
Comment se faire une place ?
Un nom en tant que femme et non pas : épouse de ?
En 1791, les femmes n’ont presque aucun pouvoir de réparer les torts qu’elles subissent, pas légalement en tout cas.
De nos jours, Sarah Penner met en lumière un fait ; la manière dont les femmes, comme Caroline, répriment ou abandonnent leurs objectifs, leurs rêves, leurs carrières pour préserver l’harmonie dans leur famille ou leur couple.
OK nous ne sommes pas toutes concernées, mais j’ai trouvé une partie de vérité dans ces réflexions.
Malgré les thèmes, je ne pense pas que l’intention du livre soit de haïr les hommes ni de glorifier les femmes.
Au contraire, cette histoire éclaire le chemin sur lequel les choix de ces femmes les mettent et les effets globaux que ces choix ont sur elles ensuite.
J’ai apprécié les intrigues passées et présentes.
L’amitié très belle et forte entre Nella et Eliza est douce, tout comme l’amitié qui se développe entre Caroline et Gaynor.
C’est un roman avec une intrigue forte, il y a des mystères et des découvertes au fur et à mesure que tu découvres les histoires des deux héroïnes.
L’histoire de Nella et Eliza est palpitante, il y a beaucoup de tension.
Dans le présent, plus lent, Caroline recherche la propriétaire de la fiole, mais elle est aussi en quête d’elle-même.
Qui est Caroline ? Que veut-elle ? Ce sont des questions qu’elle se pose alors qu’elle découvre non seulement le passé, mais aussi un chemin qui se profile pour son avenir.
J’ai adoré cette vision de la femme que nous offre Sarah Penner, les femmes d’hier et celles d’aujourd’hui.
Je ne peux rien te dire de plus, mais sache que je n’oublierai pas Nella ni Eliza ! coup de cœur pour ces deux héroïnes du passé.
À lire si tu aimes :
Si tu aimes les alternances passé et présent. Si tu aimes un livre sur les femmes, leurs liens.
Sarah Penner, l’autrice:
son site est ici
✩ La petite boutique aux poisons ⟷ Sarah Penner ⟷ 405 pages ⟷ Éditions Faubourg Marigny, le 12 octobre 2021 ✩
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