Alors qu’elle se lance dans le rangement de l’immense cave, elle découvre une chambre secrète contenant un lit de camp, des tracts écrits par la Résistance et une cachette pleine de grands crus. Intriguée, Kate commence à explorer l’histoire familiale, une quête qui la mènera aux jours les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale et à des révélations très inattendues.
Tu sais combien j’aime les romans ayant pour thème la Seconde Guerre mondiale, peu importe le pays, la région ou le point de vue. Ici, nous sommes à Beaune, cette région reconnue dans le monde entier pour ses cépages blancs.
Nous allons remonter les traces du passé à la recherche d’une mystérieuse Helene dont les descendants actuels n’ont jamais entendu parler.
C’est en rangeant une des caves du vignoble que Heather et Kate tombent sur une cave secrète, aménagée sans doute durant la Seconde Guerre mondiale que tout commence.
Nico son cousin est très attaché à la terre familiale, il y vit avec Heather et leurs enfants. Kate quant à elle est passionnée par les vins au point de passer l’examen le plus difficile au monde le Master of Wine.
Elle ne ressent pas de racines avec cette terre qui a pourtant vu grandir sa mère, ses grands-parents. On pourrait même dire qu’elle se sent étrangère, intruse en y séjournant pour préparer son examen justement.
S’il y a cet aspect de non-attachement à ses racines il y a aussi Jean-Luc, voisin de Nico, il s’occupe du vignoble voisin. Leur histoire remonte à 10 ans et s’est terminée très froidement.
Le suspens du livre déjà grand augmente encore quand Heather et Kate décident de déterrer le passé afin de savoir qui était pour elles cette Helene.
Leur tâche ne sera pas évidente et les découvertes vont les bouleverser toutes deux.
J’ai apprécié suivre ces deux jeunes femmes, leurs conceptions de la vie, leurs concessions ou non, leurs confessions.
Ensuite, tu vas lire de temps à autre des pages du journal d’Hélène qui vont vraiment donner un tournant historique au roman.
Helene raconte dans ses pages sa vie au domaine avec son père Édouard, sa belle-mère Virginie, ses deux demi-frères Benoit et Albert. Leurs rôles à tous durant ces années d’occupation, les espoirs d’une jeune fille de 16 ans quand la guerre est déclarée jusqu’à la fin une jeune femme de 20 ans.
Helene m’a captivé, son profond attachement à la France, à son père, à la science et à sa terre, mais tout n’est jamais aussi neutre que l’on ne pense.
Ann Mah te livre un roman très immersif, tu es à Beaune, tu te promènes sous les Hospices, tu fais les vendanges, tu observes les saisons qui passent, les années et les inquiétudes des vignerons.
Avant tout, tu sens son profond respect et amour pour cette culture du vin. Pas uniquement celui en bouteille, mais toutes les étapes de fabrication, son histoire, ses bouquets, ses tonalités.
C’était passionnant à lire et aussi très gourmand, une jolie rétrospective d’une partie de la gastronomie française.
J’ai préféré les pages consacrées à Helene et la guerre, mais j’ai aussi adoré les pages suivant les contemporains dans cette quête d’identité.
Qui n’aurait pas envie de séjourner dans un bed and breakfast au milieu des vignes après avoir lu ce livre : personne
L’écriture se veut précise tout en étant légère, un roman à la fois documenté, Ann Mah donne ses sources à la fin du livre, mais aussi un roman ancré dans l’air du temps.
Les personnages sont très bien décrits au point que tu les vois évoluer dans les rues, moins en Californie, mais peu importe, car toute l’intrigue se passe essentiellement en France.
La mémoire des vignes ce sont deux histoires alternant du passé au présent.
Le passé est une histoire fascinante de la vie qu’Hélène a vécue pendant l’occupation nazie en France. Un destin saisissant et déchirant. Aujourd’hui, les héroïnes sont Kate et Heather, Heather a une particularité si je peux l’écrire comme cela qui donne un écho différent, un point de vue intéressant sur les découvertes que les deux jeunes femmes vont faire.
On en apprend davantage sur la Résistance française dans cette région, sur la manière dont les Français traitaient avec les collaborateurs (en particulier les femmes)
après la guerre, à la fin du livre Ann Mah nous montre la précipitation au jugement des présumées collaboratrices et la façon dont ces femmes ont été traitées une fois dénoncées comme des collaboratrices, qu’il’y ait eu des preuves ou non. Elle appuie surtout que ce fût uniquement les femmes qui étaient jugées, aucun homme, pourtant combien ont collaboré avec l’ennemi sous le régime de Vichy ? C’est terrifiant, cela constitue un autre point de vue triste résultant des horreurs de la guerre.
La fin du livre est superbe ; elle m’a pris à la gorge, je ne veux rien gâcher alors c’est tout ce que je te dirai.
En bref :
La région de Beaune et ses vignobles célèbres pendant l’occupation allemande, le passé et les secrets enfouis.
Un roman passionnant que j’ai adoré, raconté par une passionnée du vin et de la France.
Merveilleux roman à la fois romance, témoignage des vignerons d’hier et d’aujourd’hui, une enquête plus de 60 ans après une découverte qui va bouleverser toute une famille.
Les différences de cultures entre la Californie et la France.
Des personnages surtout les femmes inoubliables à l’image surtout de Hélène, Kate et Heather, mais aussi Virginie, Rose, Jennifer.
J’ai lu ce roman en une journée, impossible de le déposer sans avoir découvert ce qui avait bien pu se passer sur ces terres viticoles en 1944 notamment.
Un roman vraiment complet, peut-être pas le meilleur roman historique, mais qui donne tout de même une belle vue d’ensemble de la France à cette époque avec les résistants d’un côté, les collabos de l’autre, les restrictions et toutes les horreurs de la guerre.
Je n’ai qu’une envie, retourner visiter les Hospices de Beaune, porter mon regard sur les vignes, j’apercevrai peut-être Helene sur son vélo, Édouard occuper de tailler les sarments ou Jean-Luc et Nico occupés de vendanger.
Encore une fois, ce roman donne des pistes historiques, des réflexions sur les décisions de chacun pendant et après la guerre. Elle donne aussi à réfléchir sur ce qu’il advient de décider, nous descendants, accepter ou renier, cacher ou affronter. La vérité n’est pas toujours celle que l’on croit faut-il pour autant la nier ?
✩ La mémoire des vignes ⟷ Ann Mah ⟷ 480 pages ⟷ Édition Cherche Midi, le 2 mai 2019 ✩
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Vampilou fait son Cinéma dit
Encore une fois, ton avis est absolument passionnant ma belle !
Nanette dit
Coucou ma souris chérie ! Alors, je ne suis pas très portée sur les vignes mais j’adore les romans historiques qui nous apprenne de nouvelles choses sur notre passé et qui le font avec passion ! Je suis donc très tentée par ce roman ♥