L’année dernière, les éditions Faubourg Marigny ont publié le 1er roman de Megan Chance en France.
Ce fut pour moi une formidable découverte, je dois d’ailleurs encore vous en parler ici.
Ce roman, le chant de la vengeance, est un coup de cœur puisque près d’une année plus tard je ne l’oublie pas.
Il est désormais disponible en poche chez J’ai lu, je te mets les 2 couvertures :
Pour ce second livre en français je suis plus mitigée même si j’ai aimé ma lecture.
Incipit
« Il est vraisemblable que certaines choses arrivent contrairement à la vraisemblance » Aristote. Poétique, XXV
« (Venise) était en effet un fantôme du passé qui hantait notre monde moderne – sereine, d’une beauté dépassant les mots, mais également d’une tristesse impénétrable et indescriptible… ombre parmi les ombres… »
William Dean Howells, Venetian Life.
Pour Elena, l’héroïne du roman, Samuel Barber, son patient, est la réponse à ses prières. Une rédemption et un salut.
Elle est à Venise sur ordre des parents de Samuel.
Les raisons de sa venue auprès de Samuel, ce qu’elle doit y faire et le temps imparti je préfère ne rien te dévoiler à ce sujet.
Je te dirai quand même que l’on parle d’une maladie que l’on pense, à cette époque, bonne à soigner dans un asile, mais qu’il n’en est rien.
Une maladie qui existe toujours aujourd’hui, bien peu abordée dans les romans.
La Venise qu’Elena a lue dans ses livres ne ressemble pas du tout au lieu où elle exerce son métier d’infirmière
Derrière ces murs rongés par la moisissure, il y a la place Saint-Marc, la Piazza, le Grand Canal, l’Arsenal.
Un monde qu’Elena ne voit pas entre les 4 murs de la maison où elle est jours et nuits sans sortir.
La réalité n’est pas celle fantasmée.
Elena se sent comme une intruse ; que cela soit par les domestiques ou la maîtresse de maison et même Samuel, son patient qui n’est pas ravi de sa présence et des traitements administrés.
Elena est une héroïne naïve, son ton est parfois guindé et moralisateur, non pas qu’elle le soit vraiment, mais elle doit être constamment sur ses gardes pour préserver le secret de Samuel et son propre secret, la raison de sa présence que nul ne sait.
Pas même Samuel.
L’antipathie de la bonne envers Elena pollue l’air
Ses frères quant à eux sont insaisissables.
Effrontés ou gênés ? On ne le sait pas.
Même les enfants se tiennent à distance d’elle.
Il y a aussi 2 hommes séduisants qui perturbent Elena.
Samuel et Nero
Déconcertant l’un comme l’autre
Et c’est ce point qui m’a le plus dérangée.
Je n’aime pas les triangles amoureux, ce n’en est pas un du tout, mais on s’en approche.
J’ai aussi trouvé la relation entre les 3 personnages malsaine, pleine de non-dits, mais c’est en rapport avec l’intrigue et certainement voulu par l’auteure.
Tu as aussi une vieille femme amère, malheureuse : madame Basilio.
Toute sa posture exprime la rigidité, la froidure.
Je n’ai pas accroché aux personnages de ce roman même s’ils m’ont intrigué. Je voulais percer les mystères des protagonistes et de la demeure.
Le palazzo est vraiment lugubre.
Des murs effondrés, les papiers peints décollés, des moisissures partout, des œuvres d’art abîmées, des portes qui ne s’ouvrent plus ou qui au contraire ne veulent pas se fermer.
Est-ce l’épreuve du temps ou une force obscure ?
Le palais est-il hanté ?
Est-ce que c’est juste l’imagination ou l’état de fragilité mentale qui provoque ces questions.
Des questions, je peux te dire que j’en avais énormément et que toutes trouvent réponse à la fin.
Une vie de secrets et de mensonges pour cacher une affliction
Une maladie vue comme une tare honteuse par des proches.
De l’amour, de l’amertume et de la peine
« Sempre crolla ma non cade » Venise s’écroule toujours, mais ne coule jamais.
Le passé et le présent vont à un moment d’entrechoquer, s’entremêler.
Un passé que notre héroïne tient à garder hors de portée de quiconque.
J’aimerais la retrouver dans un deuxième tome, on a réponse aux questions, mais Elena évolue et ce n’est que vers la fin que j’ai commencé à l’apprécier.
En bref
J’ai aimé l’ambiance gothique du livre, tout ce qui est paranormal sans que l’on en soit certain.
Megan Chance suggère, à toi, de croire ou non.
J’ai aimé le Venise dont on ne parle jamais.
Celui plus pauvre.
Ce que j’aurais aimé :
Un peu plus de développement psychologique des personnages pour m’y attacher.
Je n’ai pas aimé :
La « relation » entre Elena, Samuel et Nero, je n’ai pas adhéré. Je me répète, ce n’est pas un triangle amoureux. Elena reste maîtresse de son destin, mais…
De plus, ce trio est lié à l’intrigue principale, chacun à un rôle à jouer.
Disons que sur ce point je reste assez mitigée.
Dans la malédiction de Venise, il y a :
Une statue en marbre noir, 9 muses défigurées
La neige comme un linceul en dentelle qui dissimule les indiscrétions et les secrets. Des rayons d’un lever de soleil sur des portes et des impostes.
Des mouchoirs brodés.
Des courants d’air glacials, une présence surnaturelle, une sensation de chagrin presque prégnante, une menace ambiante, des parfums de vanille, d’iris et de cèdres, des odeurs de pourritures d’algue et du canal.
Un livre objet de toutes les tentations.
Un froid glacial qui apparaît soudainement dans certaines pièces au point que parler provoque de la buée, de l’eau du canal qui change de couleur passant du jaune au rouge sang, au bleu délaissant le vert habituel.
Une lignée d’âme perturbée
Un palazzo comme si personne n’y avait plus vécu depuis des années.
En totale décrépitude.
Une gouvernante, sinistre et froide.
Une demeure cernée sur 3 côtés par des canaux
Un silence malaisant, un regard pointé sur la nuque.
Le froid et l’humidité de cette casa délabrée transpercent les pages
PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Après avoir failli ruiner sa famille à cause d’un terrible faux-pas, Elena Spira est envoyée à Venise pour échapper à la disgrâce et expier ses fautes en prenant soin d’un malade, Samuel Farber. Mais le palais qui l’accueille, Ca’Basilio, est dans un état lamentable. Les pièces auparavant somptueuses semblent renfermer de tragiques secrets, et Elena ne sait pas encore à quel point ils l’affecteront profondément. Bientôt, elle commence à sentir qu’elle est surveillée. Et quand Samuel se met à avoir des hallucinations qui le rendent violent et imprévisible, elle ne peut nier qu’elle court un grave danger. C’est alors qu’arrive Nero Basilio, le meilleur ami désargenté de Samuel et propriétaire du palais. Elena se retrouve empêtrée entre les deux hommes dans un monde où passé et présent se mêlent et dans lequel rien n’est comme il devrait être. Alors qu’elle s’efforce de découvrir la vérité, une force obscure semble tenir Samuel et Nero sous emprise : est-ce la folie, ou quelque chose de plus sinistre ?
✩ La malédiction de Venise ⟷ Megan Chance ⟷ 360 pages ⟷ Éditions Faubourg Marigny, le 14 février 2023✩
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