PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Après Les Couleurs de l’espoir, Julie Kibler livre une histoire vibrante d’humanité, celle d’une amitié profonde entre deux femmes démunies, exclues, et pourtant déterminées à se relever, plus fortes, plus libres, dans l’Amérique patriarcale du début du siècle.
Dans la petite ville de Berachah, au Texas, il est un refuge pour toutes celles dont la société ne veut plus, les filles mères, les épouses abandonnées, les prostituées, les droguées. Un abri où ces femmes brisées peuvent tenter de se reconstruire.
C’est là que se rencontrent Lizzie Bates et Mattie Corder, en 1904. Entre les deux mères en perdition va se tisser un lien unique, comme un pont capable de les conduire ensemble vers un avenir meilleur.
Un siècle plus tard, Berachah se résume à quelques pierres tombales moussues. Fascinée par l’histoire de ce lieu et de ses pensionnaires, Cate Sutton, une jeune bibliothécaire, entreprend d’extraire du néant les vies de ces » égarées « . À travers les destins de Lizzie, Mattie et leurs compagnes, c’est une leçon d’espoir, de courage et de solidarité peu commune que l’Histoire s’apprête à offrir à Cate. Et dont les résonances inattendues pourraient éclairer son propre passé…
Le foyer de Berachah est situé à Arlington ; une bourgade située non loin de Fort Worth à la croisée des mondes de la civilisation et de l’Ouest sauvage.
Les banquiers côtoient les cowboys pour les rassemblements qui ont lieu pour rassembler des fonds.
Les filles du foyer de Berachah se relayent dans les diverses industries du foyer pour acquérir une compétence nouvelle pour augmenter leur chance de subvenir à leur besoin sans tomber dans l’indécence pour se nourrir, mettre un toit sur leur tête sur elle et sur leurs enfants.
Une institution religieuse pour jeunes femmes ostracisées, car enceintes avant le mariage, à la rue pour d’autres raisons : prostitution, addiction à la drogue.
C’est dans ce livre que j’ai appris ce qu’était un « quartier rouge » je n’avais vraiment jamais entendu ce nom, dommage qu’une note au début du roman ne l’indique pas. J’ai été quelque peu étonnée lors de ma recherche sur internet.
Il s’agit simplement de quartier où la prostitution est importante.
Il n’y a aucun lit pour la vermine.
Quand tu fais la connaissance de Lizzie, elle est usée par la vie à seulement 19 ans. Mère de la petite Docie.
À 70 années d’écart, Laurel, une jeune étudiante, Cate, bibliothécaire archiviste, se passionnent l’une et l’autre pour le foyer.
Comme il y a eu des journaux imprimés Cate peut se faire une image mentale de qui sont ces femmes dont elle a trouvé les tombes.
Un cimetière qu’elle arpente souvent.
C’est tout ce qu’il reste du foyer fondé en 1903, il a fermé ses portes en 1935.
Ce foyer l’obsède, Cate passe ses week-ends à écumer le web et les archives en ligne.
Mattie, pourtant, reste un mystère.
Lizzie qui préserve dans ses yeux l’innocence de l’enfance en dépit d’une vie de violence.
Peut-être cette dichotomie a-t-elle un sens ? Peut-être que c’est cette innocence qui l’a fait tenir.
Mattie n’a jamais su être autrement qu’elle-même ; incapable de faire semblant, frondeuse, parfois impertinente.
Insolente, c’est autant sa force que sa faiblesse.
Elle ne sait pas où son amie Lizzie puise sa force, car les horreurs qu’elle a vécues avant le foyer auraient suffi à détruire l’homme le plus solide.
Lizzie manifeste de l’enthousiasme pour deux, Mattie tait ses doutes.
Elles sont aussi différentes que le lait et le thé.
Cate est brisée à l’intérieur, le cimetière du foyer agit comme un catalyseur sur elle.
Les larmes finissent toujours par arriver lui rappelant tout ce qu’elle n’aura jamais et dont elle rêve : un foyer. Un vrai.
Pas uniquement le bâtiment.
La maison elle l’a.
« On peut manquer d’un foyer même en ayant une maison. »
Le passé de Cate va venir envahir son présent sans prévenir. Un passé qui menace de faire écrouler la forteresse qu’elle a soigneusement dressée autour d’elle.
Un passé qui fait céder les digues du chagrin enfoui.
Un puits de larmes déborde du cratère creusé dans sa poitrine 20 ans plus tôt.
Cate en 1998 est en dernière année au lycée, elle révise ses examens pour entrer à l’université.
Ces passages te servent à comprendre la Cate d’aujourd’hui.
Miss Hallie, Brother JT, Dotie, Cap, sister Susie, Gertrude, sister Maggie May sont les autres personnages récurrents du roman.
Roman polyphonique tu passes d’un personnage à un autre. Le plus souvent Cate, Lizzie et Mattie
Très axé religion et moralisateur sur les terribles tentations du diable, le tort que certains dogmes et cultes peuvent causer.
L’église d’énoncée dans le roman comme bastion de l’intolérance.
La conversion et les missions d’évangélisation parsèment le roman. Julie Kibler met en avant espoir et foi.
L’auteure ne se pose pas en justicière ni en moralisatrice, mais plutôt ouvre les esprits.
Elle rappelle à quel point un choix, peu importe lequel, est personnel.
Je ne m’attendais clairement pas à cette tournure, à cette révélation.
Intelligemment amenée. Tellement importante.
J’ai envie de te dire de quoi je parle, mais je me tais et te laisse découvrir ce sujet.
Un sujet de société que j’ai adoré.
Si la partie du présent au départ du roman ne m’intéressait pas, une fois la révélation arrivée, j’ai été remplie d’empathie pour Cate.
Il manque quand même de poids aux personnages de Cate et Laurel, mais le message est aussi beau que leur amitié.
Julie Kibler va te parler de la famille au-delà de la définition biologique.
De l’humanité qui avance, recule, recommence.
De l’Homme en perpétuel changement
Il y a 4 parties espacées de 5 ans plus tard au foyer tout en continuant les recherches que mènent Cate et Laurel sur le foyer et les rebondissements de la jeunesse de Cate en 1998.
« Toutes les filles, ici, Lizzie comprise, s’étaient vues imposer les horreurs du monde, sans autre choix que de subir la noirceur dont souffraient les femmes depuis la nuit des temps. »
« Chaque histoire est unique. Et chacune est dévastatrice à sa façon ».
Disséminés dans le texte, des mémorandums du journal édité par le foyer, le « purity journal », rappellent les besoins ainsi que les nouveautés importantes comme une liste des occupations dangereuses pour une femme.
Exemple : infirmière : l’épuisement et les enjeux engendrent un désir pour l’alcool et les drogues dont l’accès est facilité
Les personnages du passé comme du présent espèrent un nouveau départ.
Elles veulent se créer de nouveaux souvenirs pour masquer les anciens qui les torturent.
Cate est la voix de ces âmes oubliées, celle qui ravive leur mémoire au fil de ses recherches dans les archives.
Richement documenté racontant par exemple la naissance des villes puis des états comme l’Oklahoma alors que 30 années auparavant cet état n’était peuplé que de colons en quête de terre, la grippe espagnole, les suffragettes, les syndicats. C’est vraiment intéressant de couvrir ces années d’histoires américaines.
Chaque fille a trouvé écho en moi, mais celle qui a trouvé le chemin de mon cœur, celle qui a trouvé le plus de résonance en moi est Lizzie puis Mattie.
Toutes les deux, mais surtout Mattie m’ont rappelé de m’ouvrir aux possibilités, qu’une fois déchu au plus bas on ne peut que remonter.
Un roman qui couvre 100 années d’histoire de femmes, le sort qui leur était réservé à l’époque, les droits d’aujourd’hui.
Julie Kibler montre la disparité du monde, mais aussi à quel point on peut le changer.
L’amitié entre Lizzie et Mattie, clé de voûte du roman, tout comme celle entre Cate et Laurel sont poignantes.
De vraies sœurs de cœurs.
Celles du passé m’ont particulièrement touchée.
Lizzie et son innocence, Mattie et son impertinence sont les ancêtres de Cate de Laurel et sont aussi, d’une certaine manière, les nôtres. Une grande sororité.
« Tout le monde peut être sauvé, mais tout le monde ne peut pas l’être. »
Un livre qui s’appuie sur des faits réels, des personnages qui ont existé. 3000 jeunes femmes ostracisées passèrent par le foyer. La note de l’auteure à la fin du livre permet de savoir à quel point le roman est bien documenté. Beaucoup de personnages sont basés sur de vraies personnes, d’autres leur nom a été changé. Julie Kibler nous permet de connaitre les endroits, les faits pour lesquels elle a pris des libertés ou non.
L’histoire du foyer de Berachah s’est aborder cent ans d’histoire de femmes dans un monde d’hommes avec les changements ou non d’aujourd’hui concernant les droits de la femme, la libération des mœurs.
Je regrette d’avoir eu du mal à faire le lien, la transition entre les femmes du passé et du présent même si je comprends quel est le lien maintenant sinon j’ai adoré lire la force de ces femmes que j’ai admiré, j’ai aimé savoir qu’un tel foyer a réellement existé.
Vers le 2/3 du roman, le rythme s’accélère. Cette dernière partie du récit m’a vraiment plu. Même si je voudrais te dire pourquoi et que je ne le peux pas.
Il y a un tournant majeur qui m’a complètement aveuglée dans la seconde moitié du roman.
C’était inattendu, intelligemment et brillamment amené, un ajout si important à l’intrigue qu’elle prend une tout autre dimension une fois lue.
Un roman passionnant que je te recommande vivement, comme toutes les parutions de la collection Le cercle Belfond.
Si tu le lis, arme-toi de patience pour comprendre le message que Julie Kibler essaie de délivrer grâce à ses héroïnes.
✩ La maison des égarées ⟷ Julie Kibler ⟷ 512 pages ⟷ Éditions Belfond, le 18 février 2021 ✩
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