La fille qui n’aimait pas les fins
De Yaël Hassan et Matt7ieu Radenac
Roman jeunesse, à partir de 10 ans
213 pages, 6.50 €
Édition Syros, collection Tempo, août 2012
Maya est une amoureuse des livres. Elle en a déjà cent trente-quatre ! Sa mère, qui ne peut pas lui acheter tous les livres de la terre, l’inscrit contre son gré à la bibliothèque. Dans ce lieu paisible et studieux, Maya va faire la rencontre d’un vieux monsieur plein de fantaisie, qui l’intrigue beaucoup et dont elle se sent proche. Qui est réellement le mystérieux Manuelo ? La plus belle des surprises est au bout de l’histoire…
Je connaissais déjà Yaël Hassan, une auteure jeunesse que j’aime vraiment beaucoup, le dernier en date lu par ma souricette ado et moi-même « Suivez-moi jeune homme » est un vibrant hommage aux mots oubliés (je pense que j’en ferai bientôt une chronique) « La fille qui n’aimait pas les fins » est un hommage aux livres, mais pas seulement, j’y reviendrai ensuite.
Matt7ieu Radenac, je le connaissais par ses illustrations, en lisant le roman il est impossible de deviner qui a écrit quoi, un très très beau roman en duo.
Maya est une jeune collégienne qui aime les livres, sa maman décide de l’inscrire à la bibliothèque, comble de l’horreur pour Maya « Emprunter un livre et devoir le rendre ensuite, à s’en séparer, à s’en éloigner… impossible » elle s’y rend, mais à reculons, cet endroit qu’elle n’aime pas elle va très vite l’apprécier, non pas uniquement pour les livres, mais parce qu’elle y fait la connaissance d’un vieux monsieur, Manuelo, une amitié démarre très vite entre eux, Maya se sent en confiance en sa présence, comprise, qui est Manuelo, pourquoi se lie-t-il avec Maya c’est une des pistes que le livre vous invite à découvrir.
Je dis « une des pistes », car ce roman traite de nombreux sujets, j’ai retrouvé dans ce roman ce que j’aime chez Yaël Hassan, à partir une intrigue, ici, pourquoi Maya n’aime pas les fins (et je ne vous le dirai pas), elle exploite plusieurs thèmes qui poussent à la réflexion, autant pour les jeunes lecteurs que pour les adultes.
Dans « La fille qui n’aimait pas les fins » les auteurs nous font passer de nombreux messages, la passion des livres et leur importance dans une vie de lecteur, le deuil, la difficulté de trouver sa place dans une famille recomposée, l’importance de la communication, l’orgueil qui cause souvent bien plus de tort que de bien, les regrets, le temps qui passe, l’amour filial, la figure paternelle dans une famille, etc.
Les auteurs nous font passer de très beaux messages à travers une très jolie histoire.
Je me suis fortement liée aux personnages, surtout aux 2 principaux protagonistes, Maya et Manuelo. Je me suis retrouvée en Maya, spontanée, sensible, plutôt solitaire elle se réfugie dans ses livres, elle essaie de trouver sa place parmi ses copains de classe et sa famille. Manuelo, un écrivain célèbre est un vieux bonhomme attendrissant, je ne peux pas vous dire pourquoi il m’a attendrie (il faudra lire le livre pour ça) je peux juste vous dire que son amour des mots, des livres, sa tendresse pour Maya, en font un personnage très attachant.
Ce duo improbable est très touchant.
Les personnages secondaires sont peu nombreux, mais habilement décrits, la maman de Maya, son beau-père Jim, Thomas, un des protagonistes est présent sans vraiment l’être, je ne révélerai pas qui (encore une fois il faudra lire le livre ^-^).
Les adultes présents dans le roman ne sont pas moralisateurs, certes des messages importants passent, mais exprimés avec beaucoup de psychologie (le respect du jeune, pas de jugements prononcés à la hâte).
C’est un des points forts de Yaël Hassan, ses sujets sont toujours traités avec beaucoup de justesse et d’habileté et correspondent au mieux aux préoccupations des jeunes.
J’ai adoré l’écriture, on alterne les chapitres du point de vue de Maya et de Manuelo, c’est très bien réussi, le langage est différent selon le personnage auquel est dédié le chapitre. Cette alternance de point de vue nous permet de comprendre les tenants et aboutissants de l’intrigue avant les protagonistes, on n’a qu’une seule envie c’est de tourner les pages afin de voir évoluer la relation entre Maya et Manuelo.
La mise en page est très travaillée, les jeunes lecteurs aimeront d’autant plus ce livre que certains des messages sont échangés par email, on cite même Facebook pour discuter en messagerie instantanée, quelques illustrations parsèment le texte, à la fin on trouve un échange de cartes postales. Il n’y a aucune monotonie, c’est fluide, bien pensé autant dans le fond que dans la forme.
Comme dans la plupart (je ne les ai pas tous lus) des livres de Yaël Hassan elle glisse des mots moins courants (signopaginophile, indicible, etc.), mais les explique dans le texte.
Une façon de faire que j’apprécie beaucoup, les jeunes lecteurs (et peut-être même les moins jeunes) apprennent ainsi des mots souvent oubliés (j’ai une ado à la maison, ouvrir un dictionnaire elle ne le fait pas), dans ce roman il n’y en a pas besoin, une façon de lire et d’apprendre sans s’en rendre compte.
Un roman que je vous conseille, pas pour le suspens, on comprend très vite ce qu’il va se passer, mais pour la douceur et l’amour qui se dégagent de ce livre. L’amour familial, l’amour des livres et de la lecture.
C’est un roman jeunesse, mais qui devrait être lu par le plus grand nombre, l’aspect jeunesse ne m’a pas du tout dérangé, il plaira à tous les amoureux et passionnés des livres comme je le suis et pourquoi pas à ceux qui ne comprennent pas cette passion…
Quelques citations :
« Les personnages ne sont que des héros de papier que l’auteur te confie. Une fois qu’il a lâché son texte, ils ne lui appartiennent plus, ils évoluent selon tes idées à toi. Ils vivent d’autres aventures que tu peux imaginer… »
« – Tu ne peux tout de même pas acheter tous les livres de la Terre ! a décrété cette semaine ma mère, excédée.
Eh bien si, justement ! Je les veux tous. Je veux tous les livres de la Terre !
– Nous irons t’inscrire à la bibliothèque cet après-midi. On ne peut plus suivre financièrement.
– Maman, je ne demande rien d’autre, moi, comme cadeaux, que des livres !
– C’est vrai, Maya. Mais tu n’as plus de place dans ta chambre. »
Quelques mots sur les auteurs :
Yaël Hassan :
Yaël Hassan (source http://www.cddp95.ac-versailles.fr/pl5/spip.php?article8) |
Après avoir passé son enfance en Belgique, son adolescence en France, et sa jeunesse en Israël, elle est revenue en 1984 avec ses enfants et son compagnon pour s’y installer définitivement.
Après vingt ans de travail dans le tourisme, un accident oblige Yaël Hassan à interrompre cette carrière. Mettant à profit le temps d’une très longue immobilisation, elle rédige son premier roman, Un grand-père tombé du ciel (Prix du Roman Jeunesse 1996 du ministère de la Jeunesse et des Sports et Grand Prix du Jeune Lecteur de la PEEP, puis Prix Sorcières 1998).
Ses livres sont régulièrement proposés en lecture dans les écoles en raison des thèmes de société très sensibles qu’elle développe : relation grand-parents/enfants, racisme, intégration, banlieue, mémoire de la Shoah, conflit israëlo-palestinien, esclavage domestique… Ses romans, parfois tristes, toujours émouvants, pas souvent drôles, incitent à la réflexion sur notre société et son histoire1.
Yaël Hassan est une ardente militante de la défense de la langue française et de la lecture1. (source wikipedia)
Matt7ieu Radenac :
Illustartion de Matt7ieu Radenac |
Après avoir beaucoup voyagé, autant dans ses lectures qu’à travers le monde, Matt7ieu Radenac a décidé d’habiller son prénom d’un 7 et de s’inventer un univers d’histoires et de dessins. Il commence son parcours par l’illustration d’albums jeunesse et de couvertures, avant de se lancer dans l’écriture de son premier conte, Magie de cheveux, qui sera suivi par d’autres publications. Matt7ieu Radenac est également professeur de mathématique. (source ricochet-jeunes.org)
Evasion livresque dit
Je l'ai lu et je l'ai beaucoup aimé moi aussi ^^
Philippe D dit
Yaël Hassan est mon auteur jeunesse favori. J'en ai lu pas mal dont "Momo, petit prince des Bleuets" que j'ai adoré.
Je viens de terminer celui-ci. Une fois de plus, j'ai accroché aux mots de l'auteure.
Une jolie histoire qui se lit très vite.
Bon dimanche.
Méli dit
Il me fait bien envie!!!