PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
» L’homme venait de me déposer dans un décor de rêve, dont je n’aurais même pas soupçonné l’existence. L’hôtel en lui-même était imposant, majestueux ; les pierres, les grands volets, les immenses platanes tout autour de la cour, la fontaine couverte de mousse qui lui conférait un aspect féerique. Je ne tiendrais pas deux jours, je n’étais pas à ma place. Devais-je fuir immédiatement, retrouver ma vie d’errance dont je connaissais les codes, où je savais comment survivre, ou bien rester et tenter ma chance dans ce monde inconnu, étranger, mais qui exerçait sur moi une attraction aussi soudaine qu’incontrôlable ? »
Et si le pouvoir d’un lieu était d’écrire votre histoire ?
Bienvenue à la Datcha
Je ne savais rien de ce livre avant de le commencer juste son titre.
Je n’ai rien voulu lire.
Je voulais ouvrir ce nouveau roman et laisser Agnès me conter son histoire.
C’est étrange, car je n’ai jamais rencontré l’auteure ; (c’est un rêve, même si je ne sais pas si je pourrais aligner 2 mots
intelligibles), mais j’ai immédiatement entendu sa voix quand j’ai lu la première page.
Une voix que j’ai imaginée depuis 2013.
Une voix que j’ai toujours écoutée même quand j’adhérais moins à ce qu’elle avait à me raconter.
Ici, à la Datcha, je me suis laissée totalement porter par sa voix.
Je l’ai laissée m’emmener visiter la datcha et ses propriétaires.
Je ne peux pas expliquer ce lien que j’ai avec ses livres, je ne cherche même pas à l’expliquer, mais tous me parlent.
Tous touchent de près ou de loin à quelque chose que j’ai vécu, que j’ai connu.
Agnès Martin-Lugand a touché une fois de plus à une blessure, à une faille pourtant bien cachée de mon enfance.
Ses livres, certains plus que d’autres sont comme écrits pour moi.
Ce n’est pas la seule auteure à avoir ce pouvoir sur moi. (Tu verras tout bientôt de qui d’autres je parle)
Revenons au livre, on va suivre Hermine. L’héroïne de ce livre. On lit son arrivée à la datcha lors du 1er chapitre puis on bascule 20 ans plus tard.
Tu restes un bon moment dans le même flou, dans la même inquiétude, dans la même incertitude qu’Hermine concernant son avenir et celui des personnes chères à son cœur.
Les réponses aux questions pourraient ébranler toute sa vie.
Son stress, sa tristesse je les ai pris de plein fouet.
Évidemment, je ne te dirai pas de quoi il s’agit ni même ce qu’est la datcha à part un lieu.
« Doucha moya »
Je peux juste te dire qu’il est question de deuil, de liens plus forts que ceux du sang, de la peur de l’abandon, d’amour parental, des coups très durs de la vie.
De la signification d’un foyer quand on a pour toute possession qu’un sac à dos. De chanson tsigane, d’enfants et de personnes âgées
Du temps qui passe trop vite ; sans qu’on ait eu le temps de se préparer, de volonté et d’amour à toute épreuve.
De loyauté. De vivre pleinement ses émotions et ses ressentis pour ne pas se laisser ronger par les remords, les regrets ou de la négativité. Il parle aussi de main tendue et du destin qui te remet des clés entre tes mains.
Il te parle des racines celles ancrées profondément et celles qui peine à pousser par peur de se retrouver arrachées.
Les racines que l’on crée et celles que l’on a toujours eues, mais qu’on a étendues à d’autres.
Les racines que tu déploies au fil du temps.
Les racines de la datcha si tu décides de lire ce livre
Agnès Martin-Lugand laisse planer le suspens, elle entretient le mystère autour de son héroïne.
Elle te parle de l’amour qui fait du bien, qui soigne, qui répare et qui fait grandir.
L’amour qui blesse et l’amour qui se tait pour protéger.
L’amour qu’on comprend sans les mots et celui qui se dit chaque jour.
Celui qui fait peur, car il s’approche dangereusement du mur érigé et celui qui fait exploser les murailles dressées.
Quand j’ai ouvert la Datcha ; le temps s’est arrêté.
Rien n’aurait pu me déconcentrer, grâce au talent incroyable de conteuse de l’auteure, je me suis laissée porter hors du temps ; me laissant bercer par les mots d’Hermine, la gamine.
Ce livre a parlé à la petite fille qui est en moi, à l’adolescente, à la femme et à la mère, à la gamine ; ce livre a posé un regard bienveillant sur chacune d’elle et l’a apaisée.
Ce roman lui a susurré que tout ira bien, j’ai fermé la dernière page, j’ai serré le livre contre mon cœur et enfin les yeux mouillés, j’ai relevé la tête.
Je lève la tête, je vois Macha toujours élégante dans sa robe bleu — marine, un chignon bas, son port de tête altier.
Elle lève le bras, elle me fait signe et me signifie par là que ce n’est pas un au revoir.
Qu’elle restera auprès de moi !
Je la vois à bord de sa Méhari, les mèches folles au vent de sa voiture décapotée sillonnant ces routes qu’elle connaît par cœur.
Je vois sur l’allée de platane Hermine me sourire depuis le perron de la datcha.
Je tourne la tête et je vois le moulin, les cyprès et les oliviers. Les vignes et les champs à perte de vue.
J’observe au nord, le Ventoux et les monts du Vaucluse ; au sud le Luberon.
« Va, Goloubka, va. »
En faisant ce geste de fermer le livre, car je viens de terminer le récit, je ressens ce sentiment, une fois plus, d’être orpheline, qu’on m’enlève une part de moi, une part d’eux.
Qu’une part de moi est restée auprès d’eux, mais je sais aussi que je les reverrai comme je revois souvent Diane, Reine, Hortense ; Véra ; Iris ; Yael et Ava ; toutes sont là ; surtout Diane et Reine que je n’ai jamais vraiment réussi à oublier. Hermine et Macha viennent de les rejoindre.
J’ai tant aimé la sérénité des lieux, j’ai été apaisée par ses murs et ses micocouliers, la balancelle de Mâcha et ses lauriers.
J’écoute Jo fredonner « la belle vie », Macha parle au téléphone en russe, j’entends le rire tonitruant de Gaby. Je perçois la timidité de Charly et ses ravioles que je rêve de goûter dans sa cuisine avec Jo et la gamine.
J’ai levé la tête vers le soleil, je n’étais plus chez moi, mais là-bas.
J’ai offert mon visage au ciel, regardé vers la cime des arbres, ces micocouliers de Provence.
J’ai senti le soleil sur ma peau.
J’ai enregistré chaque détail de chaque pierre avant de dire au revoir, car ce n’est pas un adieu à la datcha.
Le village de Goult, les murs de la datcha, sa bibliothèque, sa terrasse, ces terres de Provence sont imprégnés en moi.
Je sais que la Datcha sera là pour m’accueillir quand j’en aurai besoin comme Reine se tient toujours sur les remparts de Saint Malo m’attendant un jour, comme Diane est assise et m’attend pour boire ce café depuis tant d’années.
Je te confie les clés de la Datcha à toi qui me lis et qui ne connais pas encore ce livre.
Je te fais confiance ; tu sauras prendre soin de ce roman et de ces personnages.
Je t’écris cet avis avec mon émotion, mon cœur, mon âme et mes larmes.
Je te donne ces mots ; tu en feras ce que tu veux.
✩ La datcha ⟷ Agnès Martin-Lugand ⟷ 344 pages ⟷ Éditions Michel Lafon, le 25 mars 2021 ✩
0
Frappe Valérie dit
Merci, merci pour cette chronique qui m’a permis de revenir à la Datcha et m’a donnée presque autant d’émotion qu’en la lisant.
Moi aussi les livres d’Agnes Martin-Lugand me touchent terriblement, d’une façon que je ne sais expliquer.
Vous dites que d’autres auteures vous font cet effet, pouvez vous les nommer : j’ai toujours beaucoup de mal à lire d’autres livres après ceux d’Agnès Martin-Lugand.
Je vais maintenant parcourir votre site pour découvrir vos autres lectures qui pourrais aussi me correspondre.
Souris dit
Je te conseille Laurence Peyrin, Clarisse Sabard, Virginie Grimaldi, en auteur étranger historique sans hésiter Luca Di Fulvio et Kate Quinn, Kristin Hannah
Bon dimanche
Les paravers de Millina dit
ça fait envie. Diane m’avait vraiment bouleverser. Je me note celui ci de l’auteure même si je dois encore lire J’entends toujours cette musique dans la tête.