PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
À la mort de sa grand-mère, une jeune femme hérite de l’intrigante commode qui a nourri tous ses fantasmes de petite fille. Le temps d’une nuit, elle va ouvrir ses dix tiroirs et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant les secrets qui ont scellé le destin de quatre générations de femmes indomptables, entre Espagne et France, de la dictature franquiste à nos jours.
La commode aux tiroirs de couleurs signe l’entrée en littérature d’Olivia Ruiz, conteuse hors pair, qui entremêle tragédies familiales et tourments de l’Histoire pour nous offrir une fresque romanesque flamboyante sur l’exil.
Ce livre c’est Abuela. Une commode aux 10 tiroirs de couleur que la narratrice et ses cousins n’ont jamais eu la permission d’ouvrir.
Après son décès, la commode tant convoitée et mystérieuse revient à sa petite-fille qui va enfin pouvoir connaître les mystères qu’elle renferme. Quand elle ouvre un des tiroirs, c’est l’histoire de la vie de son abuela qui surgit.
Des photos, et autres souvenirs :
une médaille, une clé, un noyau de litchi, un foulard bleu, etc.
Chaque objet raconte son passé, possède son sens caché.
Celui que son Abuela leur a donné comme une clé qui a la faculté de réaliser un bel avenir en déverrouillant toutes les portes qui se ferment.
Ces objets sont accompagnés d’une enveloppe.
À chaque tiroir, son enveloppe.
À chaque enveloppe, une lettre de sa grand-mère qui narre un épisode de sa vie depuis qu’elle est arrivée en France.
Ces missives respirent sa grand-mère.
On l’entend insulter le soleil.
On l’écoute te chuchoter des mots doux, mi amor, mi celio, mira, son tournesol.
Le passé qui revient dans le présent, dans le présent peut-être la narratrice comprendra-t-elle pourquoi les mots d’amour elle ne savait les prononcer, mais elle vous en enveloppait tellement elle vous chérissait, vous ses petits-enfants, mais surtout toi dont on ne connaît pas le prénom, et après tout est-ce nécessaire ? Non, car Abuela c’est toutes les grands-mères, en tout cas j’y ai vu la mienne.
Le départ l’Espagne sous le régime franquiste à cette époque où Abuela/Rita a seulement 10 ans.
Obligée de fuir leur terre natale avec ses deux sœurs pour rejoindre un oncle à Narbonne en France.
Ce premier tiroir c’est le vent des Pyrénées qui souffle, qui mord les joues, mais les familles n’y font pas attention tant ce sont leurs cœurs qui sont déchirés, mordus, détruits.
550 km à pied pour rejoindre la France. Fuir le danger.
Carmen la plus jeune ; Leonor la plus âgée et responsable de ses 2 sœurs. 16 ans, 10 ans et 6 ans et devoir quitter ses parents.
Marcher tous ces kilomètres vous a fait grandir de plusieurs années.
Des êtres laminés par le vent.
Des âmes lamentées par les souvenirs.
Des corps décharnés, épuisés.
Ton Abuela c’est alors un mélange de colère et de révolte. En colère contre ses parents républicains contre Leonor qui n’est pas sa mère. Contre le soleil qui ne réchauffe rien contre tout.
« Coño. Lâcheur. »
Le rejet des autres, vous, les déracinés. L’exclusion qui marque à vie.
Se nourrir du souvenir qu’on ranime avec un geste, une position, un contact.
C’est Rafael et Toulouse et ses briques roses.
Elle te raconte ses rencontres. Les marquantes. Celles qui fomentent une vie. Madrina à Narbonne, Rafael à Toulouse, André, Maisel, et puis il y a aussi Lola.
Rita devient Joséphine Blanc oui, mais ce changement d’identité t’oblige à entendre les remarques désobligeantes sur les immigrés. À te taire pour ne pas te trahir. Te faire accepter. Renier tes racines oui, mais à quel prix?
La tempête intérieure n’en est que plus forte. Tu la domptes autant que tu peux.
Carino, mi amor, mira,
Affronter les chagrins et rester digne comme le matador face au taureau
Raconte, raconte-moi. Je veux que tu me racontes tout, mais arrête-toi quand tout est beau.
Paris, ville lumière, qui est pour toi, ville ténèbres.
Des cascades de larmes pour toi, Rita. Un tsunami d’émotion pour moi. J’ai senti dans ma chair la plus grande tragédie de ta vie.
C’est Barcelone et Madrid, comprendre d’où tu viens pour peut-être te sauver. Savoir ton histoire.
C’est la vengeance et la culpabilité. C’est ne plus pouvoir prononcer un mot, mais dire tellement avec les yeux. Lire entre les lignes tout cet amour, ces non-dits, ce chagrin, mais cette rage de vivre aussi.
« Ah la culpabilité ! En voilà encore une belle, de nos spécialités, qui ne sert qu’à nous faire perdre du temps. Déleste-toi de ça, mi Cielo. Tire des leçons de tes erreurs au lieu de t’apitoyer.
Promis, Rita. On ne se connaît pas, toi et moi, mais je t’entends. Je sais. Je te promets.
C’est des mantecados et des dedos de bruja, Les Pyrénées et le Boulou, une cantine, un noyau de litchi, un jeu de cordes de guitare, des churros, Narbonne, Toulouse, un sac de graine, Paris, Cali et Juan, des secrets de famille, des chagrins, des joies et des tragédies, un foulard bleu, un baromètre, des amandes, une partie de belote, la pétanque, un billard et un flipper, une guitare acoustique et un chanteur,
Un baromètre qui indique ce que les cœurs blessés affrontent et parviennent à surmonter.
Une commode aux couleurs de l’arc-en-ciel “parce que c’est ça que je veux que tu retiennes. Nos couleurs, chaudes, franches. Je veux que ces femmes si différentes, si vivantes, si complexes qui composent ton arbre généalogique puissent t’inspirer et t’aider à savoir qui tu es, le fruit de quels voyages et quelles passions.”
Une armoire comme la dolorean qui permet de retourner dans le passé pour comprendre tous les secrets. Ceux tus pour ne pas blesser. Ceux jamais prononcés pour toujours tenir debout, enfouis pour moins souffrir.
Un roman sur la destinée de plusieurs générations de femmes libres, au tempérament de feu parfois même volcanique. Des femmes passionnées. Une lignée de femmes qui ont forcé le destin pour offrir la liberté à la génération suivante.
Une narratrice amputée de sa grand-mère comme sa grand-mère a été amputée de sa terre.
Une enfant qui a laissé une partie de ses rêves et de sa légèreté dans les Pyrénées
Un bébé qui donne la force, le courage, la volonté au roseau de ne pas plier, peu importe les tornades qui ravageront son cœur.
Des moments banals en deviennent des moments charnières, des signes du destin qu’il faut savoir reconnaître.
Un roman vibrant qui rend hommage aux réfugiés, à ces 450 mille réfugiés espagnols. Un roman sur 4 générations de femmes. Colorées. Franches. Libres, ou peut-être pas tant que ça ; certaines sont encore enracinées dans le passé. Et si c’était là le cadeau le plus important que Abuela offrait à sa petite fille : se libérer de ses chaînes.
Olivia Ruiz m’a offert ma grand-mère avec son Abuela. Ma grand-mère qui me manque tant. Mon roc. Ma terre.
J’ai ri et j’ai souri, car Abuela non plus ne sait pas dire je t’aime comme ma grand-mère et marraine ne savait pas le faire, mais elle a tant aimé comme je me suis sentie aimée.
Abuela qui a amputé la narratrice avec son décès. Ma grand-mère qui a emporté une partie de moi avec elle en plus toutes deux sont couturières. Toutes deux ont ces colères pour cacher leurs plus grandes craintes. Toutes ont ce besoin d’être aimées. Toutes deux sont restées un peu des enfants. Abuela l’Espagnole la mienne l’était aussi, mais on n’a jamais pu en parler ou si peu.
Olivia Ruiz a un énorme talent de conteuse. Elle crée un personnage fort. Vivant. Un personnage, Rita, que j’ai eu l’impression d’écouter, de raconter, surtout, je ne voulais pas qu’elle se taise.
Un roman sur un amour immense, passionnel, sur Le grand amour de toute une vie, mais ça je te laisse découvrir tous les petits et grands secrets, bonheurs que cache cette armoire.
Il y a de la poésie de l’humour et de la tendresse des mots sur les maux.
Savoir d’où on vient pour savoir où l’on va
“la liberté, c’est être soi-même dedans et dehors.”
Mi vida, cette histoire c’est la nôtre. Tu seras mes racines, je serai tes origines ; on s’inventera la vie qui nous plaira, on ira où on voudra et on s’écrira un avenir fantastique ensemble. Notre histoire je te la livrerai et tu en feras ce que tu en voudras. Je te dirai que tu descends de deux lignées de combattants, disparus pour leurs idées. »
✩ La commode aux tiroirs de couleurs ⟷ Olivia Ruiz ⟷ 208 pages ⟷ Éditions JC Lattès, le 03 juin 2020 ✩
2
Un petit commentaire me fait toujours plaisir, n’hésite pas 😊