PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
1936, Kentucky.
Au coeur des bois de Troublesome Creek vit la jeune Cussy Mary Carter, dernière descendante d’une étrange lignée de montagnards à la peau bleue originaires de France. À travers ces territoires désertés, en proie à la violence et à la pauvreté, la jeune femme solitaire s’est donné pour mission d’offrir une échappatoire à travers la lecture à ceux qui n’ont rien. Chaque jour, elle parcourt de longues distances sur sa mule pour apporter des livres aux habitants des montagnes du Kentucky. Mais elle va bientôt devoir affronter des préjugés aussi vieux que les Appalaches.
Kim Michele Richardson nous offre une plongée fascinante dans le Kentucky des années 1930 aux côtés d’une héroïne puissante, qui affronte vaillamment la cruauté du monde.
« UNE LETTRE D’AMOUR ENVOÛTANTE AUX COURAGEUX BIBLIOTHÉCAIRES À CHEVAL DU KENTUCKY. »
J’ai lu il y a quelques années un livre sur ces bibliothèques ambulantes, un ouvrage de Jojo Moyes intitulé « Le vent nous portera ».
Ce livre m’avait passionnée, et j’étais impatiente de découvrir ce roman qui aborde le même thème, ainsi qu’un autre dont je n’avais absolument jamais entendu parler.
En parlant d’un autre thème, je fais référence aux thèmes principaux, car dans son récit, Kim Michele Richardson explore de nombreux sujets passionnants.
Revenons au livre.
Dans le Kentucky, Cussy Mary, âgée de 19 ans, exerce en tant que bibliothécaire ambulante, mais elle possède une particularité singulière : sa peau est bleue.
Cette teinte lui vaut rejet et haine, mais les livres et son père lui apportent du bonheur.
Pendant près d’une année, tu vivras aux côtés de Cussy Mary à dos de mule, une mule acariâtre, surtout envers les hommes, mais qui la protège de tous les dangers.
Les tournées quotidiennes, parfois de 30 km dans la montagne à dos de mule, consistent à apporter un livre, parfois deux.
Les conséquences de la crise de 29 se font cruellement ressentir dans ces montagnes, en particulier parmi ceux qui vivent le plus loin du village de Lawesom.
Le père de Cussy, mineur, a également la peau bleue, mais il souffre moins du regard des gens, car là où il travaille, il est toujours dans l’obscurité.
L’autrice aborde divers sujets tels que les conditions de vie des mineurs, les premiers syndicats, et les risques encourus par ces hommes qui cherchent de meilleures conditions de travail. La situation des femmes (j’ai découvert l’existence des bougie à prétendant)
Elle évoque également les bouleversements mondiaux tels que l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie.
Même vivant dans un village éloigné, les habitants restent informés de ce qui se passe grâce aux vieux journaux envoyés en don par les citadins.
Cussy n’est pas en sécurité lors de ses tournées, la forêt étant remplie de prédateurs, et je ne parle pas seulement des animaux. Elle est constamment en danger, pouvant tomber dans un ravin ou se faire mordre par un serpent.
Peu importe le temps, pluie, neige, ou soleil, rien ne l’empêchera d’apporter la lecture à ses clients.
Pendant ses temps libres, elle assemble des albums avec les recettes, remèdes, et patrons de couture que les gens lui confient. Ces carnets voyagent ensuite de foyers en foyers.
Le livre aborde évidemment les bibliothèques ambulantes créées par Eleanor Roosevelt, que je connaissais grâce au livre de Jojo Moyes.
Il traite également de la méthémoglobinémie, une maladie dont j’ignorais l’existence, ainsi que de la silicose et de la pellagre, des maladies de malnutrition que je découvre par cette lecture.
C’est un livre très riche où l’autrice aborde de nombreux thèmes à travers ses personnages, parfois juste survolés, mais toujours cités et brièvement expliqués.
Elle fournit également un arrière-plan historique précis, fruit d’un travail de recherche colossal.
Le travail de Cussy va au-delà de simplement apporter des livres.
Malgré toutes ses souffrances et ses peurs, malgré tout ce que les Hommes lui infligent, elle demeure bienveillante, sans une once de méchanceté en elle.
Cussy aide chaque personne de sa tournée comme elle peut, que ce soit en lisant une lettre, administrant un médicament, ou donnant un morceau de pain alors qu’elle-même a faim.
Elle fait la lecture à des malades ou des personnes illettrées, offrant ainsi un moment loin des soucis à ces gens.
Tu vas rencontrer des femmes seules, enceintes, vieilles, veuves, des hommes de tous les âges, certains très gentils et d’autres terrifiants.
Leur haine est palpable, tout comme le mépris des hommes et des femmes envers Cussy, simplement parce qu’elle est différente.
Un monde qui ne tolère que les peaux blanches, bien blanches, cela m’a mise tellement en colère !
La bienveillance de Queenie et sa colère noire, le sourire de Jackson, d’Angeline, de M. Moffit, de Winnie, de l’institutrice, d’Henry, petit bonhomme qui rêve d’être bibliothécaire, d’Oren qui distribue les livres dans le hameau inaccessible autrement qu’à pied, de Loretta, la vieille dame presque aveugle, et d’autres encore qui sont entrés dans mon cœur.
Les personnages secondaires sont admirablement bien travaillés.
Certains lecteurs ont peut-être eu du mal avec ce roman, car le temps s’écoule lentement et la vie est rythmée par les tournées de Cussy.
Il y a des rebondissements, certes, mais ce n’est pas un livre d’action.
Pendant ma lecture, j’étais Cussy, apportant du réconfort à ces gens esseulés.
Je me suis beaucoup identifiée à elle, peut-être parce que je suis bibliothécaire, certainement parce que je suis convaincue que la lecture apporte énormément.
« Peut-être que, dans une grande ville, je rencontrerai au moins une personne de mon espèce. Une ville, comme cela pouvait autoriser plus de deux couleurs, autoriser des personnes, ni blanche ni noire, à mener leur vie, sans chercher à les anéantir. »
Dans ce roman, le thème de la différence est présent, tout comme celui de l’apparence, de s’accepter tel que l’on est né, de ne pas perdre son identité pour plaire à autrui, et de se plaire à soi-même.
J’ai apprécié ce thème sous-jacent et la manière dont il est abordé.
« Malgré tout, je ne pus m’empêcher de remarquer que les élèves m’attendaient, m’admiraient, sans un bruit, sans la moindre agitation, aussi affamés d’histoires qu’ils avaient faim pour le peu de nourriture que l’on trouvait dans ce pays réel. »
Cussy enrichit la vie de ses clients lors de sa tournée, et bien qu’ils ne le rendent pas toujours immédiatement, ils le font avec fierté.
Ces gens, fiers et réticents à admettre qu’ils ne savent pas lire, refusent la charité, mais Cussy leur offre bien plus qu’un simple présent : des mots, des histoires, une ouverture aux enfants qui veulent apprendre un métier vu dans un livre.
Les enfants à leur tour enseignent à leurs parents, et Cussy offre l’espoir d’un monde meilleur, ni blanc ni noir, mais fait de toutes les couleurs, un monde de douceur.
Le pouvoir des mots est le don le plus incroyable qui soit, et ce livre le prouve.
Grâce aux livres, on peut vivre mille et une vies, même en étant coincé dans les montagnes du Kentucky ou dans sa maison du centre de la Belgique.
Il y a beaucoup de peine, de malheur, de chagrins, mais aussi de joies, de victoires et de douceur.
Des scènes difficiles, douloureuses et émouvantes à lire, ainsi que d’autres qui font sourire.
« Ma femme dit toujours que Dieu a gardé la meilleure couleur pour sa maison. » Il désigne un pont de ciel bleu qui divise les nuages gris. « Je suppose qu’il a dû s’en garder un petit reste. » Stupéfaite, j’ai senti mon visage s’échauffer. Personne, pas une âme, ne m’avait jamais dit que mon ancienne couleur était jolie. La meilleure.»
Veux-tu rencontrer Bluette, la femme aux livres, ou Mary Cussy ?
Un roman que je te conseille vivement.
Dans ce roman, on retrouve une vieille mule acariâtre, un très beau piano dans une école de haute montagne, 12 grains de maïs, un bonbon à la framboise, une soif de mots plus grande que celle de la faim. Une alidade, Béatrix Potter, une tour d’incendie, une Plymouth, Lexington, « le meilleur des mondes », les fils de Wang Lung de Pearl Buck, le prix Pulitzer et le National Geographic, une tarte au sucre pour une mise aux enchères destinée aux femmes à marier lors du bal annuel, Blue Moon de Benny Goodman, la WPA, Dickens, Bette Davis. Un violon et Picasso, Peter Pan.
En résumé :
La bibliothèque ambulante des Appalaches de Kim Michele Richardson offre une immersion captivante dans la vie de Cussy Mary, une bibliothécaire ambulante au Kentucky, dont la peau bleue défie les normes de la société. À travers une palette riche de thèmes, l’autrice dépeint la lutte contre la différence, la résilience face à l’adversité, et la puissance de la lecture. Les personnages bien développés et le contexte historique précis ajoutent une profondeur saisissante à cette histoire poignante que je te recommande si comme moi tu aimes l’histoire, le pouvoir des livres et si tu veux rencontrer des personnages différents.
Pour aller plus loin :
La Work Projects Administration tu trouveras un article ici
En anglais : ici
Je te conseille vivement de te renseigner sur la WPA et tout ce que Roosevelt a pu faire durant son mandat
Il y a également un article très complet ici
✩ La bibliothèque ambulante des Appalaches ⟷ Kim Michele Richardson ⟷ 432 pages ⟷ Éditions Charleston, le 1er février 2024✩
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