PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Propulsé dans la prêtrise par une tragédie familiale, Odran Yates est empli d’espoir et d’ambition. Lorsqu’il arrive au séminaire de Clonliffe dans les années 1970, les prêtres sont très respectés en Irlande, et Odran pense qu’il va consacrer sa vie au « bien ».
Quarante ans plus tard, la dévotion d’Odran est rattrapée par des révélations qui ébranlent la foi du peuple irlandais. Il voit ses amis jugés, ses collègues emprisonnés, la vie de jeunes paroissiens détruite, et angoisse à l’idée de s’aventurer dehors par crainte des regards désapprobateurs et des insultes.
Mais quand un drame rouvre les blessures de son passé, il est forcé d’affronter les démons qui ravagent l’Église, et d’interroger sa propre complicité.
John Boyne, je le lis depuis des années, d’abord en littérature jeunesse avec « le garçon en pyjama rayé » ensuite j’ai lu le garçon au sommet de la montagne, en littérature adulte j’ai eu en 2018 un coup de cœur pour les fureurs invisibles du cœur.
Dans ma pile à lire, j’ai le mystère de Tristan Sadler.
John Boyne, dans chacun de ses romans, écrit avec finesse, détaille la psychologie de ses personnages. Tous sont habilement esquissés à tel point qu’ils se dessinent devant toi.
C’est un merveilleux portraitiste.
Outre cette qualité, il y a son écriture qui est, pour moi, superbe.
Les sujets de ses livres sont difficiles, sombres, mais il y met toujours de l’espoir et de la lumière. De l’émotion.
Ici, il met en exergue les scandales de pédophilie au sein de l’église catholique en Irlande.
Un pays où la religion très conservatrice domine la vie des familles.
La mère d’Odran, notre narrateur, devient une fervente catholique depuis un drame familial.
Odran n’a alors que 9 ans quand elle est certaine que son fils a la vocation. Sa voie est toute tracée.
Une école de garçons puis le séminaire.
Le parcours d’Odran de son plus jeune jusqu’à ce qu’il ait la soixantaine est retracé de manière fragmentée ; les chapitres alternent les époques, mais cette façon de construire son récit est intelligente, car tu peux lire les questions que se pose Odran ou justement les questions qu’il ne se pose pas.
J’aime le titre choisi pour la version française, car ne dit-on pas :
Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
« Je sus avec une certitude absolue que le monde tel que je l’avais toujours connu, tout comme la foi que j’avais placée en lui était sur le point de toucher à sa fin, et qui sait ce qui allait le remplacer ?
Odran est un personnage attachant qui idéalise son monde, qui ne voit pas le mal chez les autres.
Il cultive la nostalgie aimant retrouver le bien-être de son enfance ou plus tard se souvenant des étudiants de Trinity Collège ; paressant devant de grandes tasses de café.
Naïf certainement, mais pas bête. Il aime sa famille et son meilleur ami Tom, rencontre lors du séminaire.
Les lecteurs pourraient penser qu’il est indifférent au sort des victimes, mais ce n’est pas le cas. Il idéalise son monde. Un monde qu’il ne voit qu’à travers les murs du collège où il enseigne.
Un monde réduit à la bibliothèque de l’établissement.
C’est uniquement quand il sera envoyé dans une église qu’il se posera certaines questions.
J’ai aimé ce personnage doux et sensible.
Il n’a pas voulu voir.
Certaines de ses décisions ou certains de ses choix m’ont parfois agacée, mais j’ai aimé ce narrateur.
Ses failles et ses secrets que tu explores au fil de la chronologie que John Boyne te propose de suivre.
Il aime profondément sa famille. Sa sœur Hannah et Jonas et Aidan, ses neveux.
Même de ça il se rend coupable : n’être pas plus présent pour eux depuis le décès de leur père. Ni davantage présent pour sa sœur.
À travers les yeux d’Ordan, tu lis les dommages causés aux victimes d’abus sexuels.
Tu lis le silence de la hiérarchie qui savait, mais qui a préféré étouffer l’affaire.
John Boyne examine de nombreux aspects des scandales du clergé outre la pédophilie. Une église corrompue où les luttes de pouvoir se jouent à tous les niveaux.
Tu lis ce scandale qui a mis dans la tourmente tous les prêtres. Eux qui étaient traités comme des princes sont maintenant pointés du doigt, insultés et surveillés.
Auraient-ils dû le savoir ?
Où ont-ils regardé de l’autre côté et ignoré les preuves pour épargner l’église ? C’est une des nombreuses réflexions que te permet John Boyne.
D’autres thèmes sont abordés, j’ai eu le cœur serré. Aucun de ces sujets n’est simple ni joyeux, mais tous montrent l’amour que Odran voue à sa sœur et ses neveux.
L’intrigue avance doucement, tu te doutes de certaines choses, mais pas de tout. Des questions te tourmentent, l’auteur te les délivre petit à petit.
L’univers est feutré comme dans une église. Les informations sont nombreuses.
Je me suis parfois retrouvée à chercher des explications supplémentaires notamment sur les différents papes qui se succèdent dans le roman.
John Boyne comme pour tous les romans que j’ai lu de lui garde la fluidité. Ce livre se dévore même si j’ai trouvé certains passages un peu longs, car répétitifs.
C’est un roman passionnant, que tu ne pourras lâcher. Il est très addictif.
La plume est splendide. On retrouve des thèmes qui lui sont chers, je ne te les dévoile pas si tu ne l’as jamais lu.
Une histoire de solitude, de foi, de tendresse, d’épreuves et de culpabilité.
C’est poignant à lire.
Le livre couvre les années du narrateur entre 1964 et 2013. Tu le suis avant et après les scandales.
Tu le suis avant et après son ordination.
Tu le suis dans ses pérégrinations pour comprendre sa vie et ceux qui l’entourent.
Au fur et à mesure que la conscience se déploie en lui, il se rend responsable des péchés des autres.
John Boyne nous emmène dans cette histoire sombre et troublée de l’église avec une histoire captivante, toujours avec beaucoup de profondeur, de la tristesse, mais aussi une certaine forme de paix.
John Boyne dénonce, mais ne se pose pas en juge. Lui-même a été victime, c’est sans doute un roman catharsis pour lui ; même si je ne peux pas trop m’avancer sur ce point.
En tout cas, j’ai trouvé que tout son propos était maitrisé, dans la justesse.
Ni trop dans le détail sordide ni pour faire pleurer dans les chaumières.
Il donne une légitimité aux victimes qui jusqu’à présent n’en ont que très peu.
Ces scandales éclatés depuis des années de par le monde, les prêtres sont parfois jugés parfois simplement déplacés, les victimes, elles, sont condamnées à perpétuité
Tragique et dramatique, passionnant “Il n’est pas pire aveugle” est une fiction avec le regard très réaliste sur une période honteuse de l’histoire irlandaise.
Je connais mal l’histoire de la politique irlandaise ; je n’ai donc certainement pas saisi toutes les subtilités du pouvoir, mais j’ai compris l’essentiel. La corruption de l’église… et de l’état. L’économie difficile et le poids des traditions.
✩ Il n’est pire aveugle ⟷ John Boyne ⟷ 380 pages ⟷ Éditions JC Lattès, le 7 avril 2021 ✩
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