PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
1810. Après son naufrage sur les côtes d’Afrique du Nord, Héloïse, une vivandière de l’armée napoléonienne, se retrouve enfermée dans le harem du dey d’Alger. Arrachée à Louis, son compagnon, la jeune fille est contrainte de devenir Alev, une concubine parmi d’autres. Forcée d’adopter une nouvelle identité, une nouvelle langue, une nouvelle religion, isolée dans cette enceinte où vit une communauté de femmes aussi soudées que rivales, elle tentera de survivre en oubliant qui elle est. Dans ce monde d’intrigues, un seul pas de côté et tout bascule…
Publié chez la toute nouvelle maison d’édition Jeanne et Juliette, ce roman est en réalité une suite de « La prisonnière de la mer », paru en avril 2019 et en version poche en 2020.
Si tu veux lire mon avis, clique ici : la prisonnière de la mer.
Tu peux lire les romans indépendamment, mais je te conseille toutefois de lire « la prisonnière de la mer ».
Dans les premières pages et au fil des souvenirs de son héroïne, Elisa Sebbel nous rappelle ce qui s’est déroulé dans « La prisonnière de la mer », afin que tu ne sois pas perdu en commençant ce roman.
Pour les lecteurs qui ne connaissaient pas l’autrice, on dirait d’ailleurs un tout nouveau roman.
Cependant, ayant lu et adoré, je vous conseille néanmoins de lire le « premier » opus, simplement pour mieux comprendre la psychologie d’Héloïse.
Tu saisiras mieux ses réactions, ses souvenirs, et en plus, l’aspect historique abordé dans ce roman est totalement méconnu et pourtant bien réel.
Revenons à « Héloïse, les fleurs du sérail ».
Le roman s’ouvre sur une dédicace :
« Aux femmes que l’on enferme, aux femmes que l’on fait taire, aux femmes dont les droits sont bafoués. À nous, toutes qui ne devons pas oublier de lutter, pour nous, pour elles. »
L’histoire se déroule en 1810.
Héloïse et ses compagnons sont enfin libres de Cabrera.
Ils naviguent sur un radeau de fortune pour s’enfuir et échouent à Alger, alors intégrée à l’Empire ottoman.
Trois hommes s’approchent d’eux, l’un d’eux étant l’interprète du sultan d’El-Djazaïr, Effendi Hadj Ali Dey.
Héloïse se trouve dans une situation désapprouvée par la morale chrétienne de l’époque.
Elle est veuve depuis moins de deux ans et vit « maritalement » avec Louis.
Tout ce qu’elle espère, c’est que Louis la ramènera en France et l’épousera.
À peine âgée de 20 ans, elle a déjà traversé de nombreuses épreuves.
Le pacha leur ordonne de rester au palais, promettant qu’ils pourront prévenir le vice-consul français de leur présence.
Cependant, pour Héloïse, le sort est différent.
Elle ne peut pas rester et gagner le harem.
C’est la coutume du pays, elle doit rejoindre le quartier des femmes.
Par respect pour le sultan, ils acceptent de dormir séparément pour une nuit, afin de ne pas risquer de ne pas rentrer chez eux en désobéissant au sultan.
Malheureusement, le sultan désire garder Héloïse.
Les amis ne sont pas en position de se battre, ils risqueraient leur vie.
Le sultan est impitoyable.
On est dans le suspens, car on ne sait pas ce qu’il advient de Louis et de ses amis.
On suit Héloïse qui espère quotidiennement que Louis parviendra à la libérer.
Héloïse, impétueuse, devra se calmer et comprendre les codes en usage au harem.
Elle devient désormais la priorité du sultan Hadj Ali Pacha, une concubine, une esclave.
Aucun homme ne peut voir les femmes du harem, hormis le sultan.
Elle lutte contre les réminiscences cauchemardesques de Cabrera, et avant cela, de ce qu’elle a vu et vécu en tant que vivandière dans l’armée de Napoléon.
Dorénavant, elle sera Alev, la flamme de l’espoir.
Héloïse n’est plus.
Elle devra tempérer cette flamme qui l’habite pour survivre.
Retenue et humilité sont les règles d’or.
Elle devra apprendre les règles du harem, où la colère, le désespoir ou la joie ne sont exprimés qu’à Dieu, dans les prières.
C’est une prison dorée, où il est impossible de s’échapper et de prendre l’air.
La métayère est devenue princesse, et comme dans tous les contes, la princesse est enfermée dans une tour dorée, entourée de luxe, de disputes et de clans.
Héloïse découvre avec une immense surprise que, dans ce pays, toutes les femmes subissent un sort identique.
Esclave ou princesse, pauvre ou riche, aucune n’est libre de choisir son destin.
Elles sont toutes mariées par leur père ou leur frère pour des raisons politiques, parfois même à leur propre cousin.
« Hier n’est que le souvenir d’aujourd’hui et demain est son rêve. »
Héloïse trouve du plaisir dans la contemplation et se lie d’amitié avec Leila, la première concubine.
Du haut de la balustrade, elle contemple, émue, toutes ces fleurs du sérail, maintenues en serre pour un seul jardinier.
Des bourgeons à peine éclos, d’autres aux pétales bien ouverts, et celles un peu plus fanées.
Elle est accompagnée de Naïlé, sa servante qu’elle aime profondément.
Des faits historiques réels côtoient la fiction tout au long du récit.
Ce roman est empli de suspens tout au long, car il se passe bien des choses au sein du harem.
Il y a des clans, des jalousies.
Même si certaines des femmes se soutiennent d’autres sont prêts à tout pour se faire remarquer du sultan.
Pas uniquement par amour, mais par appât du gain.
Il y a des scènes difficilement supportables à lire, cet homme est impitoyable.
J’ai eu plus d’une fois le cœur serré.
J’ai été révoltée par ce que subissaient ces femmes qui sont là contre leur gré.
Elisa Sebbel a un véritable talent de conteuse.
Un roman immersif, visuel.
Tu vois tout se dérouler devant tes yeux.
Une écriture fluide qui sait doser les émotions bonnes comme mauvaises.
C’est un véritable hommage aux femmes, leur sort peu enviable, une très belle fiction historique avec des faits réels.
La romance qui est dans le roman est belle et pas omniprésente.
Elle sert l’intrigue, mais ne l’étouffe pas.
Elisa Sebbel a, non seulement, réalisé un travail de recherche important, mais elle a aussi dosé tout son roman.
Chaque épisode, chaque drame, chaque rebondissement est juste, posé là au moment où il le faut.
Tout est dosé, pesé.
Rien n’est de trop ou pas assez.
J’ai adoré ce roman du début à la fin.
Il me tarde de découvrir le 3e opus et retrouver Héloïse cette jeune femme qui a déjà vécu bien des épreuves, qui plie, mais ne se soumet jamais, ni ne se brise.
✩ Heloise, tome 1 : les fleurs du sérail ⟷ Elisa Sebbel ⟷ 288 pages ⟷ Éditions Jeanne et Juliette, le 26 mai 2023✩
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