J’ai lu il y a quelques années Z le roman de Zelda consacré à Zelda l’épouse de Francis Scott Fitzgerald. Un livre que j’avais adoré parce que lumière était faite sur la femme, pas l’épouse de. C’est aussi le cas avec ce livre. Annabel Abbs consacre très peu de pages sur la totalité de l’histoire à DH Lawrence.
C’est la vie de Frieda qui nous est racontée. Frieda la fille de. Frieda la mère de. Frieda l’épouse de.
Oui, mais Frieda voudrait simplement être elle. Sans égoïsme aucun. Juste qu’elle puisse s’épanouir, qu’on l’aime pour ce qu’elle est et non pas pour ce qu’elle représente !
Personne n’a, je pense, connu au cours de sa vie sa véritable personnalité. Elle a laissé entrevoir des parties, elle a été comprise surtout par Otto Gross.
Annabel Abbs alterne les voix des protagonistes. C’est souvent Frieda qui se raconte, mais aussi Monty, son fils et Ernest son 1er mari. Vers la fin du roman, d’autres voix apparaissent. Chacun des narrateurs nous montre à quel point ils ne connaissent pas la femme. Aimée elle l’a été, mais est-ce suffisant pour être heureux ?
Ernest ne l’enferme-t-il pas dans une cage dorée même s’il veut vraiment lui faire honneur en travaillant dur pour lui offrir une belle maison
Monty m’a touché par sa vision de jeune enfant, il a 7 ans au début, un enfant qui se trompe sur ce qu’il entend ou perçoit de sa maman. Une mère à laquelle il est profondément attaché et celle-ci lui rend bien. Elsa, Barby et Monty ont eu une mère qui les a aimés profondément, totalement. Elle a été épanouie dans son rôle de mère, elle aurait simplement aimé avoir une vie sociale.
On est proche de la Première Guerre mondiale, allemande, elle est très mal accueillie en Angleterre
Fille de baron, mais pas du tout prétentieuse (au contraire de ses sœurs) sa noblesse est une tare à Nottingham où ils résident
Pourtant Frieda à une noblesse d’âme. Elle est cultivée, émerveillée. Elle aime la vie et voudrait tant partager ses aspirations. Là ce n’est plus sa nationalité qui est un frein, mais l’époque où les femmes n’ont pas voix au chapitre et la piété d’Ernest.
Je ne pense pas qu’il n’ait jamais vu à quel point sa femme resplendissait, à quel point il aurait pu lui aussi compter sur elle pour l’écriture de ses livres !
Je dis resplendir, mais je ne parle pas de sa beauté. Son rire, sa manière d’être semble rejaillir sur les personnes qu’elle croise. Soit on l’accueille alors avec émerveillement soit on la dénigre en la trouvant fantasque.
Frieda vit chaque chose intensément, elle se sera, je pense, cherchée toute sa vie durant ; prise dans le carcan de la société même quand elle pensait s’en libérer
C’est un personnage passionnant qui ne peut laisser indifférent. Que l’on connaisse ou pas l’œuvre de DH Lawrence, ce livre plaira.
On peut certainement mieux appréhender l’influence de Frieda sur l’auteur en ayant lu les romans, mais ce n’est pas nécessaire pour lire cette œuvre
C’est une biographie, mais c’est fluide, les alternances de chapitres, les changements de narrateurs, les missives échangées donnent un rythme soutenu
On a envie de comprendre Frieda dans son entièreté. Dans toute son humanité.
J’ai admiré sa force de caractère, son humilité quand il le fallait, ou pas d’ailleurs, sa fragilité, son amour puissant pour ses enfants.
Chacune des facettes de son caractère m’a émue.
Une femme née trop tôt pour l’époque ses mœurs et sa psychologie sont évoluées, elle est libre. Je crois que même aujourd’hui elle serait en avance et incomprise.
Un joli portrait tout en nuance qui rend hommage à Frieda. Si on ne se contente que des souvenirs de Lawrence lui-même, on penserait que Frieda a eu la chance de se débarrasser de sa vie de famille ennuyeuse et de se lancer dans une vie passionnante de voyages bohèmes avec lui alors qu’il a construit sa carrière d’écrivain. C’est beaucoup plus nuancé que cela.
Aux réfractaires des biographies, n’ayez aucune crainte il se lit vraiment comme un roman
✩ Frieda, la véritable histoire de Lady Chatterley ⟷ Annabel Abbs ⟷ 461 pages ⟷ Éditions Hervé Chopin, le 28 mai 2020 ✩
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