Le contexte du livre
Cette saga a été publiée en 2013, elle comporte pour l’instant 2 tomes.
L’auteur à succès de la trilogie Le pays du nuage blanc revient avec une saga familiale mettant en scène deux femmes dans la Nouvelle-Zélande du XIXe siècle, leur épopée pour survivre dans un monde très croyant et une société patriarcale qui ne leur laissent que peu de choix.
Un peu de géographie :
Baie de Peraki
Peraki ou baie de Peraki (en anglais : Peraki bay) est une baie du sud de la péninsule de Banks, dans l’île du Sud en Nouvelle-Zélande.
C’est le site de la première colonie européenne permanente dans la région de Canterbury.
Fondé par George Hempleman (que tu rencontres dans le roman) comme une station baleinière en 1835, elle est permanente depuis 1837. Son modeste cimetière est l’un des premiers cimetières européens en Nouvelle-Zélande.
Si tu veux plus de photo sur la Nouvelle-Zélande, en effectuant mes recherches j’ai trouvé ce blog, il parle de la culture, du climat, des livres, etc.
Sarah Lark nous emmène à nouveau en Nouvelle-Zélande à partir de 1838.
Raben Steinfield – Mecklembourg et Baie de Peraki – 1837 (Nouvelle-Zélande, île du Sud)
Le premier chapitre est consacré à Ida, 12 ans, fille de forgeron qui voudrait bien continuer à apprendre à l’école du village, mais qui dans un an sera forcée d’arrêter de la fréquenter, car une femme n’a pas besoin d’être plus instruite.
Karl, 13 ans, doit lui aussi cesser l’école. Sa famille a besoin de ses bras pour travailler. Il en est très peiné, mais fait face à ses responsabilités.
En secret, il rêve d’épouser Ida et d’étudier. Cela ne restera que des rêves, car un fils de saisonnier n’a pas les moyens d’épouser la fille d’un artisan.
Au second chapitre, on rencontre un autre personnage que j’ai pris immédiatement en empathie. Kitten, 12 ans vit avec sa mère qui a perdu la raison dans une maison close. Le souteneur a décidé de la vendre aux enchères lors du retour de la prochaine pêche à la baleine. Kitten ne peut supporter de mener la même vie que sa mère et ses compagnes et décide de se sauver en se cachant dans une carriole qui prend la mer vers Cloudy Bay ;
Carpenter amène avec lui, en plus de ses marchandises, dans un village Maori, le révérend Morton, qui rêve de mettre Kitten dans son lit.
Cet homme m’a tellement dégoûté. Ses regards concupiscents je les sentais sur moi.
La fille du chef prend Kitten en pitié et l’achète au marchand ambulant.
La seconde partie commence 6 ans plus tard à Raben Steinfeld, Hambourg et a Bahia, Nelson – Nouvelle-Zélande (île du Sud) 1842-1843
On retrouve Karl qui a perdu toute sa famille. Tous sont décédés. Il exerce toujours le métier de journalier allant de ferme en maison là où l’on a besoin d’un ouvrier souvent pour les plus basses besognes.
Le père d’Ida désire émigrer en Nouvelle-Zélande, car les terres sont plus nombreuses et riches qu’en Allemagne.
De plus en Allemagne à cette époque ils vivent encore sous un régime féodal. Ils doivent remettre une partie de leur récolte au seigneur, le Jäger, et leur terre ne l’appartiennent pas, ils sont corvéables à merci. Très peu ont les moyens de subsister. Le servage est encore très loin d’être aboli, de plus les habitants du Mecklembourg, vieux luthériens, restent très méfiants, car le précédent roi de Prusse, Frederic-Guillaume III les empêchait de célébrer leur culte. Même si ce n’est plus le cas de leur roi actuel, ils préfèrent émigrer là où ils pourront vivre leur religion en paix, fonder leur propre village où tout leur appartiendra.
Un culte religieux très pieux, tu le verras, les femmes sont soumises, n’ont aucun droit à la parole quant à penser choisir leurs époux c’est une chimère.
Ida suit son père aveuglément. Elle s’occupe de Elsbeth et Franz son petit frère et sa petite sœur, tient le ménage et travaille aux champs et sa vie sera toujours la même.
Ida est tellement sous l’emprise de son père et de sa paroisse qu’elle ne dévoile rien d’elle-même, elle ne s’interroge pas sur les décisions prises, elle ne s’avoue aucun sentiment autre que ceux dictés par son père et « Dieu » un Dieu très loin d’être miséricordieux. Même si elle est insatisfaite de sa situation elle n’en montre rien et le prononcer à haute voix même à sa sœur c’est hors de question.
Pour une femme à cette époque il existe très peu de moyens de subsister seule ; nos héroïnes vont devoir faire preuve de courage, d’abnégation et de volonté pour trouver un moyen honorable de vivre.
Chacun reste à sa place. Les femmes n’ont qu’à suivre et obéir à leur père puis leur mari. Mari qu’on leur impose. Par alliance ou parce qu’un père veut absolument marier sa fille grâce à une dote comme cela sera le cas de Jane. Une héroïne que tu rencontreras au cours du roman.
Je ne l’ai absolument pas aimée, elle est sèche, pimbêche, hautaine, mais j’ai compris sa volonté de s’émanciper.
Ida, qui dégage un entêtement presque au-delà de la raison
« Rien, en ce bas monde, n’est sans épines, aucun chemin n’est dépourvu de cailloux. »
Les coutumes des Maoris sont expliquées par l’autrice. Un peuple à l’esprit ouvert. Je les ai déjà découverts dans les précédents romans de Sarah Lark, mais ils ont ici aussi une grande place.
Un peuple ou l’importance est l’être humain. Ni la couleur de peau ni le sexe.
« La Nouvelle-Zélande est composée de deux îles principales séparées par un détroit, le détroit de Cook. »
Tu découvres aussi le métier d’arpenteur, la naissance des villes d’Auckland et Dunedin, les conflits et la méfiance entre immigrés français, anglais et allemands. Tous cependant sont d’accord avec la crainte des « sauvages » même si les Anglais ayant émigré auparavant savent qu’il faut simplement les respecter.
Les conflits occasionnés par les acquisitions de terrains sont nombreux, toujours au détriment des Maoris.
L’arrière-plan historique de ce roman a fait l’objet de recherches approfondies. L’histoire du village Sankt Pauli où les habitants du Mecklembourg fondent leur paroisse a réellement existé.
Le conflit de la plaine du Wairau aussi. Ce conflit est un des faits qui m’a le plus marqué dans ce livre.
Sarah Lark s’est inspirée des documents existants pour construire son intrigue. Quasiment tout le roman se base sur une réalité historique même certains noms.
De la traversée à l’établissement dans la vallée du Moutere tout a existé.
Ce livre est basé sur un contexte historique documenté. Il donne un véritable aperçu de la vie, de la psyché et des attitudes des immigrants.
La psyché et les attitudes des personnages sont bien décrites. Ils sont trop occupés à regarder en arrière ; à garder leurs traditions pour remarquer et apprendre quelque chose de nouveau.
Les fortes croyances religieuses de l’époque te donnent envie de crier.
La tragédie et le mal sont également présents dans l’histoire, qui était difficile à lire comme toujours, mais le karma l’est aussi : où finalement chacun obtient ce qu’il mérite.
Ce roman te transportera dans une époque oubliée depuis longtemps, mais t’apprendra également des faits sur l’histoire de la Nouvelle-Zélande.
Les Canterbury Plains, un pays vaste et montagneux, des plaines herbeuses à l’infini, des collines boisées, la mer, les villages maoris, la faune et la flore ; tout est là devant tes yeux.
Sarah Lark te fait énormément voyager durant les plus de 600 pages du roman. Tu verras la Nouvelle-Zélande dans son entièreté. Les différences climatiques, les différents villages Maoris, les différences entre les colons de nationalité divisés, les moyens de subsistance, les métiers qui se créent, ceux qui se perdent.
Comme toujours une évasion garantie avec un pouvoir romanesque intense. Ida m’a à un moment porté sur le nerf devant son indécision, son devoir d’obéissance, mais je l’ai finalement comprise. Elle a été élevée dans un culte ; à la limite de la secte, c’est très difficile pour elle de s’en sortir et de prendre une décision alors que jusqu’à présent elle n’a jamais pu se le permettre ; même pas ce qu’elle allait manger.
Cat ou Kitten est l’héroïne que j’ai préférée. Sa résilience, sa manière de ne jamais courber l’échine, sa manière de respecter toutes les personnes qu’elle rencontre. Son profond amour pour les femmes qui feront office de mères et amies au cours de sa vie. Elle leur est entièrement dévouée tout en réfléchissant toujours à s’en sortir par elle-même et surtout en ne vendant jamais son corps.
Vivement la suite il me tarde de retrouver Chris, Laura, les frères Redwood et Deans, Ida, Cat, Karl, etc.
✩ Fleurs de feu, tome 1 ⟷ Sarah Lark ⟷ 600 pages ⟷ Éditions L’Archipel, le 12 mai 2021 ✩
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