PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Angleterre, 1865. Oscar Tellan, jeune aristocrate sensible, solitaire et mélomane, a seulement dix-sept ans lorsqu’il perd sa mère. Pour respecter ses dernières volontés, il fait la rencontre de son père, Dimitri Dabokov, capitaine du navire Le Triomphant. Alors qu’ils sont de parfaits inconnus l’un pour l’autre, Oscar le rejoint pour un périple en direction de l’Inde. Tous deux vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser, mais c’est sans compter sur les préjugés et les mystères qui mettront leur relation à rude épreuve.
Du confort délicat de sa demeure familiale à la rudesse d’un bateau en plein océan, Oscar saura-t-il trouver sa place, dans un monde où tout reste à découvrir, en commençant par lui- même ?
Ouvrir un livre encore jamais ouvert, la couverture et le dos intacts, laisser le volume se révéler à toi, comme une porte dérobée vers un monde que tu ne connais pas, mais dans lequel tu vas te perdre durant quelques heures.
Une sensation inédite s’empare de toi alors que tu te plonges dans ses pages.
J’adore cette sensation quand je reçois un livre, j’ai ressenti ceci en découvrant l’épreuve non corrigée de ce livre au cours du mois d’avril.
Bonjour, mes liseurs, voici mon retour sur la sortie Hurlevent du mois de mai « Dernier quart avant l’aurore ».
On fait la connaissance du protagoniste du livre, Oscar Tellan, au moment où il vient de perdre sa mère.
La tristesse qu’il ressent lors des funérailles transparaît à travers les pages.
Ensuite, il part vivre chez sa tante Agathe et son époux Henry au domaine de Hidden Woodhouse.
Une colère sourde l’envahit, même le piano ne parvient plus à l’apaiser.
Seule Elsie, son amie d’enfance devenue femme de chambre, parvient à le comprendre.
Sa colère est d’autant plus grande lorsque son père, Dimitri, lui rend visite. Un père dont il ignore tout, un homme de la Marine qui n’a jamais su qu’Elizabeth était enceinte.
Oscar et sa mère ont subi le rejet de la bonne société, la honte de la famille.
Une jeune femme enceinte et non mariée à cette époque était impensable.
Les personnages sont finement décrits psychologiquement.
J’ai apprécié m’immerger dans les descriptions des lieux. Dès le début, les descriptions du cimetière m’ont impressionné.
Tout semblait vivant, les statues et le lierre.
En arrivant au domaine, ce sont la forêt et l’étang qui m’ont fasciné, puis je me suis laissé emporter par les notes de piano d’Oscar.
Chaque mouvement est minutieusement décrit.
La rencontre avec Dimitri, de même que les souvenirs qu’Agathe garde de lui, sont des moments que j’ai adoré lire.
Il est très différent du portrait qu’on a dressé à Oscar.
C’est un homme avec une forte présence, une aura directe et immédiate.
Les notes de l’adagio de Bach flottent discrètement encore dans l’air. Les perçois-tu ? Perçois-tu aussi la grisaille et l’humidité qui traversent les pages du récit ?
Après le domaine, tu es rapidement à bord du « Le Triomphant », un trois-mâts de 60 mètres et 22 voiles.
Mathias Swinton va se charger d’apprendre les bases à Oscar.
J’ai adoré ce personnage sympathique et sincère. Plus qu’Oscar.
Oscar va devoir vaincre beaucoup de ses craintes maintenant qu’il va vivre dans la promiscuité et sans le luxe auquel il est habitué.
Tout un monde inconnu pour Oscar et pour toi, lecteur, à moins que tu ne sois un marin chevronné.
On lit le journal de bord du capitaine à partir du jour du départ de Liverpool.
Un voyage qui pourrait rapprocher père et fils, mais au départ, encore au port de Liverpool, ils se tiennent comme les deux étrangers qu’ils sont l’un pour l’autre.
Un capitaine et un mousse, et non pas un père et son fils.
Arthur Brown, son précepteur et l’homme qui lui a appris le piano, est désormais le confident d’Oscar.
Oscar sent toujours sa présence à côté de lui aux moments les plus incongrus ou quand il se sent le plus démuni.
Celui-ci l’encourage à sa manière…
La houle, les vagues, les grincements du navire, la cloche de quart, saturent tes sens.
Tu découvres tout en même temps qu’Oscar.
Le vocabulaire maritime n’aura plus aucun secret pour toi, même si un glossaire se trouve à la fin et que tout est aisément compréhensible.
« Dernier quart avant l’aurore » est un récit d’aventures et une quête identitaire.
Oscar veut se prouver, et prouver à son père qu’il est plus qu’un jeune misanthrope.
Le grand-père, pourtant décédé, a une forte présence à travers les souvenirs du garçon.
Ce ne devait pas être un homme tendre, même s’il a refusé de répudier sa fille et a aimé son petit-fils.
C’est un autre des personnages qui m’a impressionnée même s’il n’apparaît que très peu à travers les souvenirs d’Oscar.
Oscar est un jeune homme confronté à la dure réalité de la vie, loin de sa prison dorée.
Il vit avec beaucoup moins que ce à quoi il était habitué, confronté à des choses inimaginables comme la traite des esclaves par les négriers, les conventions sociales, l’histoire du monde à cette époque.
L’ennui lorsque la mer est calme ; l’adrénaline et la peur pendant les tempêtes.
Ces différentes phases de vie d’un marin, tu vas les vivre et tout ressentir.
Les moments de joie, ceux de peur et puis l’amitié qui va se nouer entre Oscar et Mathias, avec les autres marins à bord du bateau.
L’autrice, outre les aventures en mer, te parle de l’exploitation des enfants dans les usines en Angleterre, de l’esclavage, de la main-d’œuvre indienne corvéable à merci ; des ouvriers sous-payés par le biais des marins qui accompagnent Oscar, ou des gens qu’il rencontre au gré des pays et îles traversés.
Il fait face à la réalité du monde et remet en question ses acquis et ses possessions.
Il analyse tout ce qu’il a toujours connu d’un œil critique. Il mûrit peu à peu. Il n’est jamais condescendant alors qu’il aurait pu l’être.
J’ai aimé cette facette du personnage.
Mindelo, Cap Vert. L’île de São Vicente. Le Pot au noir. Les Mascareignes. Le Cap de Bonne-Espérance. L’île de la Réunion. Le golfe de Bengale. Calcutta.
Les paysages magnifiques, les eaux turquoise sont mis en contraste avec les épidémies de maladies comme le typhus, les tempêtes en mer.
L’incertitude que demain, ses amis seront encore sur le bateau.
Un futur toujours incertain.
Tout t’est relaté.
Le magnifique comme le plus laid.
L’autrice nous entraîne dans des contrées isolées, un décor sauvage, une palette de caractères riche et diversifiée.
Sa prose est poétique et visuelle, transportant le lecteur à travers les émotions et les paysages avec une finesse remarquable.
Le phrasé et la musicalité des mots captivent dès les premières lignes, cela t’invite à te perdre dans ce récit d’aventure et de découverte.
C’est rare de lire un pan d’histoire maritime, tu en as un aperçu dans ce roman avec la construction du canal de Suez, l’industrialisation, les bateaux à vapeur qui vont remplacer les bateaux à voile comme le Triomphant.
Outre tout ce que je viens de te narrer à part le genre historique et l’aventure, tu vas avoir droit à d’autres genres et thèmes.
Tu seras, je pense, ému, tout comme moi, par certaines scènes.
Elles sont vraiment empreintes de beauté, de poésie, et même de tristesse, mais superbes.
CITATION :
« Eh bien moi, je te dis qu’il faut beaucoup de solidité pour se tenir droit devant des regards hautains, mais encore plus pour soutenir les calomnies de ses pairs. Les ragots n’ont jamais tué personne, mais les mots peuvent blesser. J’en sais quelque chose. L’exclusion fait des ravages. »
✩ Dernier quart avant l’aurore ⟷ Aurélie Lauret ⟷ ? pages ⟷ Éditions Hurlevent, le 7 mai 2024✩
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