Le roman débute en 1966 à Cambridge, ensuite nous nous retrouvons en 1963, nous suivons Charlotte et Henry.
Henry est chargé de cours sur les poètes anglais tandis que Charlotte avant la naissance de ses filles était artiste peintre.
Depuis la naissance de Lucie, Charlotte vit, d’après ce que je comprends, mais qui a cette époque n’était pas pris en compte du tout, une dépression post-partum.
Elle oublie des choses, est triste, se sent mauvaise mère.
Henry pour le bien de sa famille décide d’émigrer en Australie, pays de toutes les promesses pour les Anglais.
Charlotte finit par accepter, mais un soir où elle était particulièrement épuisée.
Pour Henry, quitter l’Angleterre n’est pas un problème, il est déjà émigré, ses parents, indiens, l’ont envoyé en Angleterre en 1945 alors que la colonie britannique commence son indépendance, pour Charlotte il n’est pas de même, toutes ses racines sont en Angleterre, elle aime son climat même s’il est difficile.
Elle suit malgré tout son mari.
L’arrivée en Australie ne se fera pas sans difficulté pour l’un comme pour l’autre. Charlotte se retrouve dans un pays qu’elle ne connaît pas, toujours avec ses filles, seule la journée pendant qu’Henry est à l’université.
Henry lui souffre des préjugés racistes, il a beau être anglais sur ses pièces d’identité, il n’a pas la bonne couleur de peau.
Stephanie Bishop raconte l’histoire de ses grand-parents, ce n’est pas un livre d’action, mais un livre axé sur la psychologie des 2 protagonistes.
On lit, l’on ressent la peine et le désespoir de Charlotte, elle aime ses filles, elle aime Henry, mais entre eux beaucoup de non-dits ternissent leur relation.
Lui, cache ses difficultés au travail, elle, ses angoisses à la maison.
Lui, lui envie son sentiment d’appartenance à un pays, il ne sent à sa place nulle part, elle ne comprend pas comment il a pu si facilement partir et emmener sa famille dans un pays au climat rude et sans contact.
Charlotte va essayer de s’adapter, elle va essayer de se remettre à la peinture, mais on lit sa profonde détresse, on la sent par plusieurs fois sur le point de partir et de les laisser.
Elle étouffe tout en les aimant.
Elle dit « son cœur est semblable à une caverne noire où un oiseau affolé bat des ailes. Il y a bien une lueur qui pointe au loin, mais l’oiseau ne la voit pas. »
Henry ne se rend pas compte de la profonde dépression de sa femme.
On sent l’amour que les personnages se portent, mais l’amour fait-il tout dans une relation ? Les habitudes du couple étouffent Charlotte, ils sont ancrés tous les 2 dans le train-train quotidien sans plus de surprises, ce qui, a un moment leur faisait plaisir devient normal, à la limite de l’agacement. Si seulement ils se parlaient… .
La fin m’a déchiré le cœur, j’ai été profondément attachée à Charlotte et aux gamines : Lucie et May. J’ai ressenti le mal-être de la mère, j’ai compris son manque de sommeil que toute maman connaît à un moment ou un autre, tout comme les craintes qui l’habitent.
L’auteure à travers ses 2 personnages et les 4 parties du roman nous fait voyager entre Cambridge, Perth et New Delhi quand Henry part au chevet de sa mère malade.
Les descriptions des environnements et du climat sont très justes et vous font ressentir la chaleur du bush australien, la mousson en Inde, le froid en Angleterre.
Un roman sur l’amour, sur la maternité, sur le racisme, sur la difficulté d’intégration dans un pays, le déracinement, sur la quête d’identité à travers le personnage de Henry.
Il ne plaira pas à tous les lecteurs, car c’est un livre où la narration est très peu présente, on lit tour à tour les pensées de Henry et de Charlotte.
Des passages douloureux et de jolis moments familiaux avec les 2 petites filles et leurs mots d’enfants.
Une lecture que j’ai aimé, mais pas adoré, je suis restée très éloignée d’Henry qui pourtant est bien décrit, je trouve un peu dommage que l’auteure n’explique pas mieux l’indépendance de la colonie britannique, une bonne partie de la psychologie d’Henry est basée dessus, ce sentiment d’être citoyen britannique mais de n’être pas accepté en tant que tel.
J’ai ressenti beaucoup d’émotion en tant que maman pour Charlotte.
Stéphanie Bishop a une très belle écriture, la tristesse, les doutes sont écrits avec beaucoup de justesse et de sensibilité.
Stéphanie Bishop a une très belle écriture, la tristesse, les doutes sont écrits avec beaucoup de justesse et de sensibilité.
De l’autre coté du monde de Stéphanie Bishop – roman contemporain – Littérature étrangère – Édition Fleuve – Auteure australienne – 288 pages, 18,90€ – En librairie le 24 août 2017
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Eliane Blicq dit
Coucou mon Amie, j'aime beaucoup la chronique d'aujourd'hui, l'univers de cette "femme" , maman, perdue, seule avec deux petites filles dont elle doit s'occuper, le déracinement …..le Père qui ne trouve plus sa place dans la société ……j'ai vraiment envie d'en connaître un peu plus sur cette famille. Gros bisous à toi ????????