de
Cécile Zec
Témoignage
256 pages, 18.50€
Éditions l’Archipel, 11 septembre 2013
Un jour de septembre 2003 à Paris, un appel de la police criminelle sur mon portable : « Connaissez-vous monsieur X ? Avez-vous bu ou mangé quelque chose d’amer en sa présence ? Vous a-t-il massée ? « . A ces trois questions, je réponds oui. Et ma vie bascule.
Sept mois plus tôt, j’ai reçu les soins d’un kiné, qui se servait de son « book » où figuraient les éloges de vedettes ayant eu recours à ses services, lors du Festival de Cannes.
Je suis l’une des 18 victimes du « masseur des stars », un violeur en série qui sera condamné à 18 ans de prison… .
Il ne me reste en mémoire que des bribes. Mon combat débute le jour où je décide de porter plainte. J’ignore encore que ce simple acte va bouleverser ma relation avec les hommes,et marquer le début d’un incroyable parcours pour me reconstruire.
Le récit d’une descente aux enfers et d’une patiente et courageuse résurrection.
Pour ce livre ce ne sera pas une chronique comme j’ai l’habitude de le faire, en effet il s’agit d’un témoignage, un récit à lire pour comprendre la souffrance de l’auteure.
C’est un très beau récit, bizarre de dire beau pour un sujet comme celui-là mais Cécile Zec livre sa vie sur papier avec beaucoup de justesse et de pudeur.
Le livre est découpé en plusieurs parties, l’auteure nous narre son parcours avant et après le viol, pendant le procès et après, quand l’heure de la reconstruction a sonné pour elle.
Il était important qu’elle nous raconte sa vie d’avant, sa joie de vivre, sa soif d’apprendre, son désir de devenir actrice à tout prix, le rêve de sa vie pour que nous comprenions la lente descente aux enfers qu’elle a vécu à cause de cet homme qui lui a tout pris.
Ensuite, arrive le coup de fil de l’inspecteur Breixes où par ces questions (« Connaissez-vous monsieur X ? Avez-vous bu ou mangé quelque chose d’amer en sa présence ? Vous a-t-il massée ?) les souvenirs refont surface et elle comprend. En effet, jusqu’à ce coup de téléphone, Cécile Zec avait tout enfoui au plus profond d’elle-même, de plus son bourreau l’avait droguée, elle ne se souvient que de peu de choses et c’est bien le pire pour elle, elle s’imagine toutes sortes de scénarios.
Nous la suivons en train de se battre contre ses démons, ses angoisses, sa peur, tenter de continuer sa vie, mais sa vie ne sera plus jamais la même.
Cet homme lui a volé sa vie.
« Détail », le mot me choque. On n’est pas en train de parler d’un détail, mais de ma vie fichue en l’air »
Nous lisons ensuite son parcours du combattant jusqu’à ce que le procès ait lieu, c’est lent, c’est long pour les victimes, victimes qui ne connaissent pas, comme c’est le cas de Cécile Zec, les rouages de la justice.
Arrive le jour du procès, Cécile Zec nous livre jusque ce qu’il faut pour comprendre sa souffrance mais aussi celle des autres femmes victimes de ce violeur ou d’un autre.
Enfin elle termine son livre sur une note d’espoir, comment elle s’est reconstruite et se reconstruit encore.
« L’avenir me semble immense, plein de promesses. Je sens que le moment est venu de laisser mourir la guerrière, la combattante, pour laisser place à la femme que je dois trouver en moi, celle qui est à reconstruire »
Ce livre fait partie de sa reconstruction, elle avait besoin que l’on parle des victimes, pendant le procès c’est l’auteur des crimes qui est mis en lumière.
Elle avait aussi le besoin par son témoignage d’aider d’autres femmes qui sont dans son cas et qui peut-être se taisent depuis des années et surtout faire comprendre à l’opinion publique que ça peut arriver à n’importe qui, peu importe le milieu.
Le procès n’a été qu’une étape dans sa reconstruction « ce procès ne peut pas être une réponse à mon mal. Je m’aperçois, désemparée, que ce n’est qu’un élément de ma reconstruction. Je ressens le besoin de parler, de vider mon sac »
« A l’énoncé du verdict, ça a été l’effondrement : je suis reconnue victime, soit, mais comment continuer la vie ? Les mois suivants, je me suis dit que je ne pouvais pas accepter, que je n’accepterais jamais, qu’il fallait que j’écrive, pour prévenir peut-être d’autres femmes. Mon livre « Corps volé » est un outil, le moyen de faire le deuil. » (Elle.fr)
J’ai vraiment apprécié ce témoignage car il est centré sur la personne et ses pensées, on lit sa vie, ses souffrances mais il n’est pas destiné à faire pleurer dans les chaumières.
Bien sûr j’ai été émue mais j’ai surtout été émue par sa force et son courage, par le message qu’elle veut faire passer.
« Je veux médiatiser cette affaire, je veux qu’elle devienne politique, je veux, que, en allumant leur télé, des mères disent à leurs filles que le viol est une affaire de société, et pas seulement un coup de malchance, (…)je veux qu’on connaisse les dégâts physiques et psychiques du viol »
En fin d’ouvrage il y a une liste d’adresse et numéros de téléphone pour les victimes d’agression sexuelles.
L’auteure nous livre un témoignage bouleversant , nous décrit la difficulté à avancer quand la mémoire est en miettes et le long chemin qu’elle a traversé pour se reconstruire.
Cécile Zec |
Nessa dit
ca a l'air assez sympa
phebusa dit
Un témoignage qui attise ma curiosité et surtout mon intérêt… 🙂