Joséphin, chauffeur de taxi mutique, est né dans un pays en guerre. Il charrie sa maigreur et sa méfiance des hommes. Pour oublier sa mélancolie, il tourne la terre sous ses mains à l’infini.
Leurs vies basculent quand ces deux empotés magnifiques se croisent sur un quai de gare.
Une rencontre improbable, une histoire d’amour hors du temps.Avec beaucoup de poésie et d’originalité,
Baptiste Beaulieu tisse le destin fantastique de ces deux êtres dont les fêlures se répondent comme par magie.
Il était une fois un homme aux épaules en guidon de vélo et une femme point d’interrogation
Les rues de Paris, les pigeons, les passants gardaient un œil sur notre couple.
Paris, et son asphalte espiègle.
Paris l’entremetteuse.
Paris et sa vieille dame de fer en ont vu passer des amoureux en devenir.
Joséphin, il ne sait plus parler.
Il parle grâce aux céramiques qu’il crée.
Eugénie, elle, les mots brutaux qu’on lui a soufflés au visage ont fait s’envoler les mots doux.
Plus de soleil, envolées les couleurs.
Tous ses beaux mots, elle les a oubliés ou peut-être sont-ils là au fond de sa gorge ?
Eugénie traîne ses complexes et ses failles.
Joséphin promène ses angoisses et ses doutes dans les rues de Paris.
Eugénie porte en elle un reste de la poésie du monde. Joséphin possède de la magie, un fragment d’enfance.
Eugénie est excentrique. Joséphin dans la retenue
Elle est craintive avec ce qui ressemble de près ou de loin à un sentiment.
Eugénie a dans sa poitrine, un coffre fermé à clé, d’un coup, cette malle s’est ouverte.
« Il y a des traces qu’on ne peut jamais effacer »
Baptiste Beaulieu s’empare de sujets lourds tels que la guerre, la violence envers les femmes, la grossophobie, la haine du corps, les douleurs indicibles qui sont un secret entre les femmes
Il leur redonne couleur et honneur le tout avec délicatesse et pudeur.
Il redonne des ailes à celles qui les avaient perdus.
Ce livre est une caresse. Ce livre est une douceur.
Un instant suspendu dans le temps.
Un temps qui n’est jamais clairement défini entre aujourd’hui et hier.
Entre maintenant et demain.
Et après tout as-tu vraiment besoin d’un repère de temps ? Ne vaut-il pas mieux vivre intensément cet instant ?
L’auteur offre une place à tous les exclus de la société en leur chuchotant, je vous ai vus ; je vous donnerai une voix.
Je vous rendrai vos mots perdus pour que vous ne vous sentiez plus exclus.
Il gomme les différences.
Il dessine une fresque intemporelle grâce à ses 2 héros.
Joséphin au dessin tandis qu’Eugénie colorie.
Deux héros et leurs infirmités respectives.
Si je devais inventer un objet, j’inventerais… je n’ai rien à inventer. Baptiste Beaulieu l’a fait pour moi : un explorateur des émotions.
Quelques pages mon corps était là dans le salon, mon esprit était parti à Paris.
Baptiste Beaulieu est lui aussi un magicien des mots.
Lui aussi, car j’en ai déjà rencontré, mais ils ne sont pas nombreux. Ce sont souvent d’ailleurs, j’ai remarqué, ceux qui restent dans l’ombre.
Ils n’aiment ni être éclat, ni feu d’artifice, mais ils te les offrent tous dans le bouquet final qu’est leur roman.
C’est un Magicien des mots, car tu entres dans ce roman comme tu pousses la porte d’un monde jusque là inconnu, mais que tu voudras retrouver.
Tu virevoltes d’une page à l’autre.
Tu relis des passages pour voir les images qui y sont cachées.
Dans celle qu’il attendait, il y a des mots qui forment une phrase.
Une phrase puis 2, puis 3, qui forment un chapitre alchimique celui qui te restera marqué à vie dans ton cœur.
Voilà c’est ça, Baptiste Beaulieu est un tatoueur de mots prodigieux.
Un prestidigitateur du romanesque.
Un conteur d’humanité
C’est l’homme dans toute sa sensibilité, dans l’attention qu’il porte aux autres.
Donne-lui un mot, un seul ; tu verras ce qu’il en fera.
Baptiste Beaulieu habille les émotions, il transforme le réel.
Il passe l’ordinaire au tamis de l’imagination
Il te donne alors à lire quelque chose d’unique, de coloré, de féerique.
Un roman magnifique qui te parlera d’amour, d’estime et de confiance en soi.
Baptiste Beaulieu est sincère au monde qui l’entoure.
D’un objet aussi banal qu’un opercule de bouteille de lait, il t’offre de la réflexion.
Il exalte les fêlures, transforme les maladresses.
Ce livre parle de douceur et de fragilité, de fraternité et de sororité.
De bienveillance.
Tout en harmonie, chaque phrase, chaque chapitre sont agencés pour en écrire une mélodie inoubliable.
Finement et intelligemment jouée.
Poétique et philosophique, métaphorique et imagé, ce roman séduira tous les amoureux des mots.
Il plaira aux lecteurs qui aiment regarder avec attention le monde qui les entoure.
Aux lecteurs rêveurs, aux lecteurs sensibles à la prose, à l’agencement des mots, même quand il n’y en a qu’un seul sur la page.
Tendre, intime, et bouleversant, je ne peux que te le conseiller.
La beauté Baptiste, la beauté !
Il faut de toi pour faire un monde !
Entends-tu le son de la destinée ?
Acceptes-tu de faire quelques pages en leur compagnie ?
Dans celle qu’il attendait il y a :
Un parapluie-bulle et la Cour des Miracles des Miracles au Bon Dieu ; de l’espoir liquide et de l’amour en poudre ; Nougat le chat et Alphonse le papillon ; des femmes aux ailes coupées.
Il y a aussi un lac de larmes et une glace parfum chocolat-sanglots ; un petit bol aux irisations céladon, une noisette de douceur et du liquide amourisé ; la définition de s’entraimer et de s’enneiger, un soliflore noir et un cèdre scandant le chant des possibles.
✩ Celle qu’il attendait ⟷ Baptiste Beaulieu ⟷ 342 pages ⟷ Éditions Fayard, le 5 mai 2021 ✩
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