Voici un livre dont j’avais déjà entendu parler lors de sa sortie aux États unis, un livre qui a reçu le prix Pulitzer ainsi que de nombreux autres.
Quel bonheur qu’il soit traduit et que je puisse le tenir entre mes mains.
Je l’ai commencé et je n’ai plus pu m’arrêter sans l’avoir terminé.
Cora, 16 ans, est esclave dans une plantation de coton de Géorgie, sa grand-mère a été enlevée en Afrique par des négriers, sa mère est la seule à avoir pu s’échapper de la plantation des Randall et ne jamais avoir été retrouvée.
Un jour, Caesar, lui parle de regagner l’Underground Railroad pour fuir vers le nord, si au départ Cora hésite, la brutalité du maître met fin à ses doutes et elle décide de le suivre.
Colson Whitehead retrace tout un pan inacceptable de notre passé en nous parlant de la cause esclavagiste, apportant une autre dimension en décrivant cet « Underground Railroad » comme un véritable chemin de fer souterrain. S’il a vraiment existé il n’était pas souterrain (définition de Wikipedia Le chemin de fer clandestin Underground Railroad, en anglais était un réseau de routes clandestines qui étaient utilisées par les esclaves noirs américains pour se réfugier au-delà de la ligne Mason-Dixon et jusqu’au Canada avec l’aide des abolitionnistes qui adhéraient à leur cause)
L’auteur a une écriture fantastique, il nous raconte tout : les atrocités commises, les injustices, la peur constante.
Quand Cora et Caesar s’enfuient, c’est la peur au ventre que j’ai suivi leur périple tout d’abord à pied jusqu’à retrouver la première personne qui va les emmener à la gare de l’Underground Railroad.
Ils arrivent en Caroline du Sud où tous les espoirs semblent permis, si au début Cora peine à y croire, moi aussi d’ailleurs, ça a l’air d’être vrai… juste l’air.
Je n’en dis pas plus pour ne pas vous gâcher cette lecture inoubliable.
La liberté est-elle vraiment possible pour Cora et Caesar et si elle l’est, à quel prix l’est-elle ?
J’ai été totalement absorbée dans mon livre craignant que l’impitoyable chasseur d’esclave Ridgeway les retrouve, d’autant plus acharné qu’il est, car il n’a jamais retrouvé la mère de Cora.
J’étais Cora, j’ai eu tellement peur, j’ai pleuré en lisant l’acharnement et le massacre de ces gens dont la seule « faute » est d’avoir la mauvaise couleur de peau.
La bêtise de l’être humain qui a peur de ce qu’il ne connaît pas et préfère réduire au silence.
Un livre qui, je pense, deviendra un jour et je l’espère un classique de la littérature au même titre que « Et si c’est un homme » de Primo Levi
La peur on la garde jusqu’à la fin du livre, c’est l’époque juste avant la guerre de Sécession, la scission entre le Nord et le Sud se fait de plus en plus grande même si certains états du Nord sont tout aussi cruels.
On a peur, mais on garde aussi espoir tout comme Cora, c’est impensable que ce terrible périple ne s’arrête pas à un moment donné.
J’ai serré les dents, fermé les yeux et repris mon souffle tout en continuant à lire, c’est l’histoire de l’Amérique qu’il nous raconte et à la fois universelle, certaines pratiques m’ont fait penser à la Seconde Guerre mondiale.
J’ai été horrifiée de lire que pour certains Américains être libre signifiait être exposé dans des vitres de musée pour plus de « réalisme » ou stériliser la population noire devenant de plus en plus importantes.
Ce ne sont là que quelques brimades parmi toutes les horreurs que Cora et d’autres ont subi ou risquent de subir.
L’auteure crée des personnages profondément humain et inhumain et pour cause, ce n’est pas une fiction, je veux dire par là que l’esclavage et les injustices ont réellement existé.
Il n’enjolive rien, il nous met dans la peau de Cora, Caesar, Royal, etc nous vivons, nous respirons quand ça l’est encore permis comme les protagonistes, nous subissons, nous devons faire confiance à de parfaits inconnus aucun retour en arrière n’est possible, certains abolitionnistes m’ont vraiment profondément ému, j’ai tremblé à chaque étape du périple de Cora ne sachant jamais où elle va arriver et qui va l’accueillir, ce sentiment de peur est, je crois, renforcé encore par ce tunnel souterrain, ils sont dans l’obscurité ne voient rien de ce qu’il se passe à l’extérieur, ils sont bien obligés de se remettre entre les mains des personnes qui les accueillent.
Combien de fois je me suis dit : ils n’ont aucun moyen de s’échapper si ça tourne mal.
Un livre extrêmement réaliste et qui fait écho à ce qu’il se passe encore de nos jours.
J’ai déjà lu beaucoup de romans sur l’esclavage, ce livre est le plus beau qu’il m’a été donné de lire.
l’écriture de l’auteure est incroyable, la justesse et le poids de ses mots sont puissants.
Un livre que je recommande sans aucune hésitation, c’est impossible de rester insensible à l’histoire et à la plume de Colson Whitehead.
C’est vraiment l’écriture que je n’oublierai pas et qui m’a marqué même si les protagonistes sont forts, réalistes autant dans leur bonté que dans leur cruauté.
Puissant, bouleversant, inoubliable. Ne passez pas à côte de ce chef d’oeuvre
Underground Railroad de Colson Whithehead – roman historique – Édition Albin Michel – 416 pages, 22.90€ – En librairie le 23 août 2017
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Lucie Étoile dit
super chronique
Lucie Étoile dit
super chronique
Léna Bubi dit
Je le vois un peu de partout en ce moment Et je me demandais bien quelle était l'histoire… Tu donnes envie de le lire en tout cas 😀
Eliane Blicq dit
Coucou petite Souris, ta chronique m'a scotchée au fauteuil, je me trouvais déjà aux côtés de Cora et Caesar….. Je vois la peur, l'espérance, la course folle pour y parvenir … à la délivrance et la liberté. Ce roman entre dans la bibliothèque . Bonne journé ma Souris, gros bisous