Voilà enfin mon avis sur ce livre paru aux éditions Hurlevent au mois d’octobre 2022 et que j’ai lu courant décembre.
J’ai lu celui-ci avant de lire Des cendres dans ta main.
Si j’ai parlé de ce dernier en premier (tu me suis ?), c’est parce qu’il a été un énorme coup de cœur.
Celui-ci a été aussi une incroyable lecture.
On peut dire un coup de cœur quand plus de 3 mois après on se souvient des faits et qu’on n’oublie pas les personnages.
Un roman qui m’a fait remonter le temps et permis de vivre à la cour royale d’Angleterre au 19e.
Elena, fille du conte de Winchester, est une héroïne intrépide, indomptable qui jusque là vit assez recluse dans la demeure familiale.
Un jour, elle supplie son père de la laisser accompagner la bonne à Southampton.
Pour elle, elle va vivre une grande aventure.
Sans le savoir, cette sortie va changer sa vie à tout jamais.
Elle va assister à une scène qui la révulse, elle est tétanisée d’effroi.
Un enfant, affamé, est battu pour avoir osé voler un peu de nourriture.
Comment les badauds peuvent-ils laisser faire une chose pareille ?
Pourquoi personne n’intervient-il en faveur de l’enfant ?
Après avoir tempêté auprès de son père pour qu’il intervienne en sa qualité de conte, râlé sur ses 4 frères qui l’ont laissée dans l’ignorance de la situation de son pays, elle décide d’écrire un article.
Un article mordant où elle dénonce l’inaction de la reine et de son gouvernement.
La réaction ne se fait pas attendre.
Un pli arrive au château.
La reine Victoria l’invite à Buckingham en qualité de dame de compagnie afin de l’aider dans sa tâche royale.
Elena, même si elle est naïve, est très intelligente et perspicace, elle sait que c’est surtout pour la tenir à l’œil, la rappeler à l’ordre qu’elle est invitée à Londres.
Elena va devoir faire le deuil de sa liberté, elle va devoir faire partie d’un monde policé.
Elle qui adore galoper dans la nature, qui n’a pas sa langue dans sa poche, comment pourrait-elle accepter ça ?
Non, Buckingham palace n’est pas fait pour elle.
Pourtant, elle ne peut s’y soustraire, c’est un ordre de la reine.
Lord Brooke a été dépêché pour venir chercher cette jeune fille de 19 ans et la ramener à la cour.
Voilà le pitch de départ.
En refermant ce roman, je suis restée plusieurs jours (et pour te dire encore aujourd’hui en t’écrivant mon retour) avec plein d’images et de sensations en tête :
Le cheval d’Elena lance au galop lorsqu’elle est au manoir, la sensation du vent sur son visage, je revois le moment où elle va sceller son destin par un cachet de cire, je vois le faste de la cour avec ses bals scintillants de milles de bougies dont tu pourrais presque sentir le parfum des mèches brûlées, une bibliothèque comme tout lecteur rêverait de lire.
La lecture de songe d’une nuit d’été dans un fauteuil la nuit à la lueur d’un feu de cheminée, l’effervescence qui règne dans les couloirs réservés aux domestiques, ce labyrinthe qu’est le château, les sabots des chevaux qui martèlent les pavés de Londres.
Le froufrou des robes des dames de la cour, le froid et la misère qui règne en dehors des murs de Buckingham, le bruit des éventails que l’on referme, etc.
Shannen Malka grâce a son écriture te fait ressentir toutes ces sensations, elle te fait visualiser chacun des lieux où Elena se rend.
Une écriture cinématographique, visuelle, et totalement addictive.
Tout ce que son héroïne vit, tu le vis aussi.
Tout ce que son héroïne ressent, tu le ressens également.
Je ne connais pas l’auteure, mais il ne fait aucun doute qu’elle a dû énormément se documenter sur l’époque.
Elle doit être aussi passionnée par l’époque victorienne pour pouvoir à ce point la retranscrire dans chacune des pages du récit.
Elle ne te raconte pas que le beau, mais bien tout ce qu’était cette époque. Le faste et la misère. Toutes les disparités de l’époque sont là.
Si Elena est l’héroïne principale, la seconde n’est autre que la Reine Victoria.
Deux femmes de caractères, ce qui va créer, tu t’en doutes, quelques étincelles.
Jusqu’à présent, Elena n’avait jamais été au contact de la vie réelle.
Elle est très privilégiée et très naïve de ce qui se déroule dans la société, surtout celle de la classe ouvrière.
C’est une héroïne têtue. Téméraire. Fougueuse.
Elena a grandi entourée de son père et de ses quatre frères, Charles, Dominic, Jack et Joshua.
Elle n’a que faire du qu’en-dira-t-on, peu importe, si elle veut cavaler à cheval sans la tenue appropriée, peu lui importe sa réputation et celle de sa famille.
Elle rêve d’avoir la même liberté que ses frères, pouvoir se rendre où elle veut sans devoir rendre de compte.
Elle veut faire entendre sa voix, ce n’est pas parce que c’est une femme qu’elle n’a pas d’opinion.
Une jeune fille qui veut se libérer des carcans de la société.
Sa soif de justice sociale, qui n’a pas défailli depuis l’incident, augmente encore quand elle face à ce qui se déroule dans les rues de Londres.
Elle ne peut fermer les yeux sur le luxe qui règne à la cour par rapport à la misère de certains quartiers.
Des quartiers où le malheur et la maladie semblent établis pour toujours et depuis bien longtemps.
Elle décide que, quitte à subir les règles de la cour, elle va utiliser sa position pour améliorer les choses pour les plus démunis et surtout les enfants.
L’enjeu de sa bonne entente avec la reine est la création d’une institution permettant aux enfants d’avoir un refuge, un foyer où ils auraient droit à une seconde chance.
Ce qui fait la force de ce roman, outre les descriptions très immersives c’est Elena.
Un personnage tiraillé entre le rang qu’elle doit tenir et sa soif de liberté et de justice sociale.
Une jeune femme en avance sur son temps qui fait fi des conventions : elle parle aux personnels de la cour, va là où il lui est scrupuleusement interdit de se rendre.
Elle veut faire entendre sa voix et ne pas être une de ces filles qui ne pensent qu’au mariage et à leur futur titre de noblesse.
Les secrets n’en restent jamais à Buckingham ; la beauté des décors ne peut faire oublier le nid de vipères que sont les courtisans.
Elena l’apprendra à ses dépens.
Parfois trop impulsive, mais peut-on lui reprocher à son âge et surtout quand c’est pour venir en aide à autrui ?
Elle ne supporte pas l’injustice, j’ai adoré ce côté de sa personnalité.
Sa naïveté lui vaudra des leçons de vie, mais aussi de courage.
J’ai trouvé que son caractère collait parfaitement à son âge.
Elle ne renonce jamais quand elle a une idée en tête, malheureusement, elle ne pense pas aux conséquences de ses actes.
Elle se met souvent dans les ennuis.
Les facettes du caractère d’Elena (sa naïveté, sa profonde envie de justice, son empathie) rendent ce roman complètement addictif.
La vie à la cour est pavée de faux-semblants, cruelle.
Elena va en faire les frais.
Elena est passionnée et passionnante et je me doute que sa créatrice doit l’être elle aussi.
On ressent toute les tripes, la passion, le dévouement qu’elle a mis dans son roman.
C’est un roman qui est à la fois politique avec toutes les institutions qui font les lois, les dissidences au sein des partis, etc. i
Il est aussi social et il est aussi également romantique, mais un romantisme qui n’est pas le sujet central du récit.
Un romantisme qui n’a rien de mièvre ou fleur bleue.
Une histoire à laquelle on croit.
Shannen Malka t’explique tous les rouages de la monarchie parlementaire anglaise, c’est passionnant.
Je connaissais très mal ce sujet, j’ai adoré en apprendre plus.
Elle te raconte l’Angleterre de l’époque fracturée par de nombreux conflits internes menés par des dissidents, les Chartistes.
J’ai trouvé qu’elle rendait un bel hommage au règne de la reine Victoria.
Une reine qui est inspirante.
J’ai déjà lu de nombreux livres sur ce règne, mais aucun ne m’a apporté cette vision de cette femme de pouvoir.
Un portrait aussi beau que juste.
On lit les bons côtés autant que les mauvais, et cela vaut pour tout dans le roman.
La duchesse de Buckingham c’est :
L’affaire Somerset, les torys et les whigs, la politique anglaise et la monarchie, le fragile équilibre des cartes du pouvoir sans cesse redistribuées.
Les différences entre protestants et anglicans. La guerre des deux roses, la chambre des Lords, la Magna carta, songe d’une nuit d’été, un rang à tenir sans perdre ses convictions, une amitié très forte et un amour inattendu, une autorité défiée, une famille à protéger…
Un roman historique/romance historique à lire absolument !
PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Angleterre, 1841. Elena Quincy, fille du comte de Winchester, mène une existence paisible au cœur de la campagne anglaise, dans un écrin de verdure qu’elle se plaît à parcourir à cheval, au détriment de ses leçons d’étiquette dont elle se passerait volontiers. Mais le calme de son quotidien est brisé lorsqu’elle assiste dans la ville de Southampton à une scène d’une rare violence entre un maître d’œuvre et son employé, un enfant d’à peine dix ans.
Cet événement bouleverse Elena qui ne parviendra pas à retrouver la sérénité avant d’en avoir apporté un peu à ces enfants. Une décision qui la mène, bien malgré elle, dans l’entourage de la reine Victoria.
À Buckingham Palace, Elena découvre un milieu qu’elle ne connaît pas et est emportée dans le tourbillon de complots et de mondanités qu’est la cour. Et alors qu’elle se fait quelques alliés et que la passion amoureuse s’invite, des figures menaçantes commencent à se dessiner, avides de la plonger dans le déshonneur, tandis qu’au-delà des grilles majestueuses du palais, le peuple gronde.
✩ La duchesse de Buckingham ⟷ Shannen Malka ⟷ 472 pages ⟷ Éditions Hurlevent, le 12 octobre 2022✩
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