PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
En 1901, le mot bonne-à-tout-faire est absent du premier dictionnaire d’Oxford.
Ce roman est l’histoire de celle qui l’a volé.
Esme a grandi entourée de mots, dans le Scriptorium où son père, lexicographe, rassemble des définitions pour constituer le premier dictionnaire d’Oxford.
Mais le jour où elle découvre la fiche égarée de bonne-à-tout-faire, la petite fille comprend que tous les mots ne sont pas égaux. Le plus souvent, les termes triviaux qui ont trait aux femmes et à leur vie quotidienne sont écartés par son père et ses collègues.
Elle décide alors de sauver les paroles de ces femmes. Tout en traçant sa voie dans une société encore très étriquée, Esme commence à constituer son propre dictionnaire. Celui des mots oubliés.
As-tu déjà réfléchi à comment étaient construits les premiers dictionnaires ? J’en ai entendu parler un peu durant mes études de bibliothécaire, mais pas comme dans ce roman où tu vas suivre la compilation du premier dictionnaire anglais.
L’Oxford British Dictionary
C’est entre autres ce que Pip Williams va te narrer avec son roman. Entre autres, car bien des sujets vont être abordés, des sujets qui ont renforcé mon amour pour ce roman.
Des érudits, souvent des hommes, travaillaient durant des dizaines d’années pour compiler les mots et leurs définitions à intégrer dans le premier Oxford, Bristish Dictionary.
Ils analysaient les mots et les définitions proposées par des bénévoles provenant de partout d’Angleterre. L’acceptation finale était à la discrétion des éditeurs des volumes.
Ce livre te décrit l’abri de jardin à Oxford où le lexicographe James Murray a construit un Scriptorium, derrière sa maison, où lui et son équipe d’érudits pouvaient travailler sur la collecte de mots et de définitions.
Murray et sa femme ont eu onze enfants qui ont été très impliqués dans le travail de Murray.
James Murray est un personnage réel.
La partie fictive de cette histoire concerne Esme. L’héroïne dont on va suivre l’histoire.
Son père est veuf depuis sa naissance. Il est membre de l’équipe de James Murray. Pour pouvoir continuer à travailler, il amène Esme avec lui chaque jour.
Toute jeune enfant, Esme passe du temps sous la grande table des lexicographes, elle rassemble parfois des bouts de mots jetés.
Lizzie, bien qu’à peine huit ans plus âgée qu’Esme va jouer un rôle important dans la vie de notre héroïne. À la fois mère, compagne de jeu, confidente (c’est à elle qu’Esme confie les mots qu’elle a trouvés) et femme de chambre de la famille Murray.
En grandissant, Esme ne trouve pas normal que tous les mots ne figurent pas dans le dictionnaire, cela commence avec le mot « bonne à tout faire ».
Pour rendre justice aux mots et aux personnes qui les citent, Esme va rassembler les mots rejetés du Scriptorium. Les mots des femmes et des gens plus pauvres.
Des mots qui ne seraient pas pris en compte par l’Oxford English Dictionary parce que ce sont des mots issus du langage oral, ou des mots qui sont considérés comme trop grossiers, vulgaires ou offensants pour être inclus dans le dictionnaire.
J’ai trouvé le travail des lexicographes et des assistants fascinant.
Esme va subir des épreuves, des épreuves qui m’ont fortement touchée.
Pip Williams à la fin du roman explique pourquoi elle a choisi d’écrire sur ce sujet.
Elle avait deux questions à l’esprit en commençant le roman :
– Les mots ont-ils un autre sens pour les hommes et pour les femmes ?
– Et, le cas échéant, est-il possible que nous ayons perdu quelque chose au cours de leur processus de définition ?
Ensuite, elle s’est inspirée d’un récit documentaire sur la relation entre un des bénévoles de l’Oxford English Dictionary, le docteur William Chester Minor et le Rédacteur, James Murray
En lisant ce récit, Pip Williams s’est rendu compte que d’après les informations qu’elle avait pu recueillir, que tous les Rédacteurs étaient des hommes et la plupart des œuvres littéraires, manuels et articles de presse utilisés pour illustrer l’emploi des mots avaient été écrits par des hommes.
Pip Williams a voulu creuser et savoir si l’absence des femmes avait son importance.
En ayant effectué de nombreuses recherches, elle a fini par les dénicher. Ces femmes avaient été reléguées à des rôles mineurs et auxiliaires.
Pour en citer quelques-unes : Ada Williams, Edith Thompson, Hilda et Elsie Rosfrith Murray, Eleanor Bradley.
L’histoire ayant bien du mal à conserver la mémoire de ces femmes, tout ce qu’elles ont pu écrire, envoyer, rédiger ; elle a décidé que oui, cette absence de femmes dans les archives était importante. (Tu vas rencontrer la plupart de ces femmes dans le roman.)
Elle signifie que la première édition de l’Oxford English Dictionary avait accordé une place disproportionnée aux expériences et aux sensibilités des hommes.
Des hommes blancs, âgés et de l’époque victorienne.
Ce livre est une tentative pour comprendre comment la façon dont nous définissons les mots peut nous définir.
Pip Williams interroge notre compréhension des mots suivant notre âge, nos expériences, notre culture et notre milieu social.
L’intrigue englobe le droit de vote des femmes, la Première Guerre mondiale.
Ditte, Edith Thompson et sa sœur Elizabeth sont des personnages historiques réels. Elles ont participé à l’élaboration du Dictionnaire des premiers mots jusqu’à celle des derniers.
Pip Williams retranscrit à merveille ce personnage qu’on dit caustique, intelligent et ayant beaucoup d’humour.
Ditte est décédée en 1929 ; 1 an après l’achèvement du Dictionnaire
C’était durant ma lecture mon personnage préféré, je ne savais pas à ce moment-là que les protagonistes étaient pour la plupart des personnages réels
Un roman qui rend hommage à l’ouvrage, mais surtout aux femmes qui ont contribué. Un grand roman sur le combat des femmes, et ce, à plusieurs niveaux.
De l’enfant à la jeune femme, de la femme âgée, aux femmes mariées et à celles qui ont fait le choix de rester célibataires, aux mères et à celles qui ne désirent pas le devenir ou à celle qui l’espère.
Captivant, poignant et merveilleusement écrit, il parlera à de nombreuses lectrices.
Gage de qualité, pour moi, il est recommandé par Reese Witherspoon. En général, je ne suis jamais déçue par ses conseils de lecture.
✩ La collectionneuse de mots oubliés ⟷ Pip Williams ⟷ 432 pages ⟷ Fleuve Éditions, le 15 septembre 2022✩
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Encore Un Livre dit
J’ai très envie de le lire 🤍 merci pour ta chronique complète ma Souris ♥️