Je crois que ça ne m’est jamais arrivé, mais c’est le cas avec ce livre je suis incapable de dire si j’ai aimé ou pas.
Si je me base uniquement sur l’écriture, le suspens alors j’ai aimé
Si je me base sur le dénouement, je n’ai pas aimé, car en fait je n’ai aucune réponse à mes questions.
Nous faisons la connaissance de Verla et Yolanda, elles se réveillent toutes les 2 dans une espèce de chambre, elles ont été droguées, habillées de vêtements étranges comme s’ils étaient du siècle dernier.
Très vite Boncer, l’un des geôliers demande laquelle passe en premier et là forcément l’esprit de la lectrice que je suis a immédiatement pensé au pire.
Elles sont rasées, on comprend que l’on leur enlève toute trace de féminité. Elles rejoignent 8 autres filles vêtues de la même façon qu’elle, rasées elles aussi.
Elles sont en plein milieu du bush australien dans ce qui semble être une ancienne bergerie.
Le seul point commun qu’elles ont et que l’on peut en déduire d’après la narratrice (tour à tour Verla et Yolanda) c’est qu’elles ont toutes été à l’origine de scandales sexuels très médiatisés.
Leurs journées sont rythmées de la même façon : libérée de la niche où elles sont enfermées séparément la nuit, déjeuner fait de céréales et de lait en poudre, puis la construction à main nue d’une route pour Mr Hardings qui doit venir, elles travaillent sous un soleil de plomb jusqu’à ce que la nuit tombe et tout recommence jusqu’au moment où la route est finie, qu’elles apprennent que Hardings ne viendra pas et qu’il n’y a plus de nourriture lyophilisée à manger.
Ces femmes retournent à l’état sauvage, comment il pourrait en être autrement, elles ne peuvent se laver, n’ont pas de médicaments ou de produits d’hygiène, pas d’eau forcément, pas de vêtements de rechange et plus rien à manger.
Boncer, Teddy et Nancy leurs geôliers n’ont pas beaucoup plus de confort qu’elles, Boncer est un être profondément sadique, ils les frappent avec sa matraque par plaisir, Teddy passe son temps à faire du Yoga et Nancy adore son déguisement d’infirmières.
Si je ne me contente que de la psychologie développée, du suspens, de la manière que l’auteure joue avec nos pensées alors oui c’est un bon roman.
L’écriture est belle, par moment sarcastique et cruelle, (par contre les passages de poèmes de Walt Whitman je m’en serais bien passée).
On voit les filles peu à peu se faire à leur situation, certaines couvent une revanche, d’autres retournent carrément à l’âge préhistorique, elles ne parlent plus et se contentent de suivre leurs instincts de chasseuses.
Autant prévenir aussi que si vous n’aimez pas lire de choses sur la cruauté animale et en particulier les lapins ne lisez pas ce livre, les détails sont nombreux, je ne mangeais déjà pas de lapins, mais alors là beurk
Venons-en à ce qui me chagrine, qui est cette Hardings Company ? Les assiettes et tasses sont estampillées au nom de cette société et Mr Hardings doit venir.
Pourquoi Verla pense qu’elle s’est fait piéger par Andrew son fiancé ? (D’après ce que je comprends, c’est un député ou en tout cas attaché à un cabinet politique) Pourquoi ont-elles été emmenées là précisément ? Par qui ? Qui paie les geôliers ? Quel est le but de tout ça ? Est-ce qu’on les punit ? Est-ce par qu’elles étaient trop femmes et que là on les a réduites à pire que des animaux ? La profonde nature de l’être humain ? Est-ce ça le lien avec le titre ?
Voilà le souci je n’ai aucune réponse à la fin de ma lecture…
J’ai espéré jusqu’à la dernière page une explication, soit que Yolanda et/ou Verla rêvaient, ou étaient folles et enfermées dans un asile, mais non ce n’est même pas ça…
Une fin des plus étrange, je ne sais même pas dire si ça finit bien.
Bref, je suis vraiment déçue de cette lecture qui s’avérait si prometteuse et qui a rempli sa mission de me maintenir dans un état d’alerte, mais je me dis maintenant : tout ça pour ça ?
La nature des choses de Charlotte Wood – Édition Le Masque – roman contemporain – 288 pages, 20.90€ – Sortie le 6 septembre 2017
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