Aujourd’hui, mon cher lecteur, je vais te parler d’une livre qui a mis des années à être édité en français, j’en avais entendu parler immédiatement par des copines lisant en VO.
Elles étaient toutes unanimes sur la beauté de ce livre.
Quand j’ai vu qu’il était enfin édité en français je l’ai donc bien entendu acheté et lu.
Comment t’expliquer à quel point je suis profondément émue, que j’ai lu ces 500 pages avec la boule dans la gorge et que j’ai fini en sanglot.
Comment te dire que Tabitha Suzuma raconte un amour interdit ; elle aborde un thème dérangeant, mais qu’elle arrive à te faire passer outre cela et te montrer ce qu’est aimer en bravant tous les interdits parce que c’est plus fort que tout et qu’à ce moment-là la raison n’a plus lieu d’être ?
Si tu n’as jamais entendu parler de ce livre, il aborde le sujet tabou de l’inceste consenti entre un frère et une sœur.
Maya, Lochan, Kit, Willa et Tiffin sont 5 enfants vivant dans la banlieue londonienne livrés la plupart du temps à eux-mêmes.
Le père a quitté le domicile conjugal, il n’a plus donné de nouvelle depuis qu’il a refait sa vie et la mère, une alcoolique invétérée ne pense qu’à faire la fête ou à passer son temps chez son petit ami du moment, Dave.
Tout ce qu’elle fait c’est de donner de l’argent à contrecœur et par peur des menaces à ses deux aînés : Lochan et Maya.
Lochan est en derrière année au lycée et s’apprête à rentrer à l’université, Maya à 16 ans, Kit 13 ans, Tiffin 9 et Willa, la plus jeune 5 ans.
Les deux aînés n’ont qu’une seule obsession que jamais les services sociaux ne soient au courant de la situation et que jamais ces 5 enfants ne soient séparés.
Lochan prend sur ses épaules le rôle de chef de la famille, il s’occupe de tout avec sa sœur Maya ; du petit déjeuner ; de les amener à l’école, des devoirs, de la préparation des repas, du bain et des rituels du coucher.
Tu le comprends, dès à présent, Lochan et Maya jouent le rôle de père et de mère non pas par choix, mais parce qu’ils veulent garder la famille unie et préserver les plus jeunes.
Lochan est un personnage que je n’oublierai jamais, déjà de par la maturité dont il fait preuve pour élever ses frères et sœurs mieux que certains adultes.
De par sa profonde détresse, il souffre d’un profond trouble psychologique, une phobie sociale.
Il est incapable de prendre la parole en public ni même d’entamer ou poursuivre une discussion avec ses copains de classe.
Aller à l’école est une épreuve pour lui, on sent et on vit sa détresse.
Il s’isole sur les temps de midi pour éviter toute confrontation avec autrui et c’est pourtant un excellent élève.
Il étudie d’arrache-pied pour entrer à l’université.
Chez lui c’est une tout autre personne, joyeux, tendre avec les plus petits, raisonnable et intransigeants quand il le faut.
Quand en plus il vient à comprendre que les sentiments qu’il éprouve pour Maya ne sont pas des sentiments « normaux » pour un frère il se fustige encore plus.
C’est un adolescent totalement torturé parce qu’il vit, endure et ressent.
Il pense être anormal.
Maya, elle a toujours été très proche de Lochan, ils n’ont que 13 mois de différence. Elle l’a toujours considéré comme son meilleur ami et elle aussi commence à analyser ses sentiments pour Lochan.
Elle ressent le même.
L’un comme l’autre, mais surtout Lochan vont lutter contre ce besoin irrépressible qu’ils ressentent. Ils vont tenter de toutes leurs forces de repousser l’inéluctable.
L’un comme l’autre en souffre profondément et n’ont personne à qui se confier.
Qui pourrait bien les comprendre et les aider ? Si cela se savait, leur famille éclaterait.
Une fratrie qui tente de former une famille normale, mais qui est complètement bancale malgré tous les efforts fournis par les deux aînés pour tenter de garder un semblant de rythme et de normalité.
Ce livre est beau à plus d’un titre, car bien au-delà du sujet tabou la famille Whitely te serrera le cœur et ses membres pénétreront ton âme.
Comment imaginer qu’une mère puisse être à ce point défaillante et laisser toutes ces responsabilités et ce poids sur deux jeunes ados ?
Grâce au parcours chaotique de la famille, Tabitha Suzuma va te confronter à ton jugement. Si au début du roman ou même avant de le lire tu te dis que c’est glauque, dérangeant, qu’il faut être malade pour ne fusse que l’envisager tu changeras au fur et à mesure d’opinion.
Attention, ne me fais pas dire ce que je ne pense pas ; je ne valide pas l’inceste pour autant sauf qu’ici l’auteure te met devant la situation telle qu’elle est et te permet de prendre un certain recul et de comprendre.
Alors est-ce que ces sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre ont toujours été là ou est-ce parce qu’ils sont bien plus père et mère que frère et sœur et que du coup leur attirance se révèle à eux ?
Je souligne l’intelligence de l’auteure de bien te faire comprendre l’état psychologique de chacun des membres de la famille avant de dévoiler le sujet.
Et encore, il est développé d’une telle manière que tu ne peux pas condamner ces deux jeunes gens.
Leur amour est indéniable. La souffrance que cet amour provoque chez eux l’est tout autant, tu n’auras envie que d’une chose : les protéger.
Tu peux utiliser tous les adjectifs que tu veux : malsains, intolérables, horribles, glauques, intolérables, mais au final tu diras juste un mot : magnifique.
Comme j’ai souffert surtout pour Lochan.
Ses attaques de paniques si bien décrites par l’auteure sont d’une violence incroyable.
Les mots qu’il utilise envers lui te donneront qu’une seule envie : le serrer dans tes bras.
Bien qu’étant conscients que leur amour est impossible, inacceptable ils ne peuvent lutter contre leurs sentiments.
Des sentiments purs et vécus de manière très simple.
Ce n’est pas du tout un livre cru, il n’y a presque pas de sexe même si leurs corps réagissent, leur lien est bien plus que charnel.
Ce sont des âmes sœurs nées dans la mauvaise famille.
Ce que l’auteure met en avant c’est l’amour avec un grand A, que quand on est vraiment amoureux le cœur prend le dessus sur le cerveau.
Ils ont beaux lutter, essayer de toute leurs forces de résister ils n’y arrivent pas.
Bien conscient qu’ils risquent gros et pas en pensant à eux, mais à leurs frères et sœurs ils s’évitent au maximum.
Ils s’en rendent malades de souffrance l’un comme l’autre. Tu ne peux qu’être bouleversé en lisant ce roman.
Tu espères avec eux, tu as peur comme eux que leur secret soit découvert et puis tu souffres pour chacun de ces enfants, de la plus jeune au plus âgé.
La fin m’a brisée.
Même en prenant du recul au cours de ma lecture j’ai été énormément touchée.
Alors oui cela peut choquer, oui c’est une relation malsaine, mais je n’ai pas ressenti cela du tout.
L’auteure te livre les sentiments de ses protagonistes avec pudeur.
Elle ne condamne pas et ne valide pas non plus.
Elle te montre simplement deux êtres qui n’auraient pas dû naître frère et sœur et qui vont devoir lutter contre leur volonté, cacher à tous leurs sentiments.
Un livre absolument magnifique, une histoire d’amour sublimée par la plume de Tabitha Suzuma, un livre qui te montre le chemin de la tolérance, qu’avant de juger il faut pouvoir connaître.
Un sujet tabou au milieu d’une famille dysfonctionnelle avec des frères et sœurs aînés qui font tout leur possible pour que leur famille ne soit jamais éclatée.
Tu ressentiras de la peur, de la colère envers cette mère si l’on peut encore l’appeler mère, énormément d’empathie pour Lochan, tu pleureras et tu auras le cœur serré.
Bien sûr, il faut lire le livre en connaissant le sujet, mais l’intelligence de l’auteure a été de nous amener petit à petit à ce tabou. On n’entre pas directement dans le vif du sujet, l’auteure te donne le contexte pour que tu puisses appréhender pleinement cette relation « hors normes »
C’est un livre bien plus profond que cela, cela serait vraiment réducteur que de ne considérer que juste par cet inceste consenti.
Je n’ai pas pu le déposer avant de le terminer, j’ai espéré comme les héros, j’ai serré les dents ; la boule au ventre j’ai continué ma lecture pour éclater en gros sanglot.
Au moment où je t’écris cette chronique, je revis l’histoire de Lochan et Maya et l’émotion refait surface.
Une écriture sublime, addictive, fluide, un tempo et un suspens maintenu du début à la fin. Une alternance de narrateur, on a les points de vue de Lochan puis de Maya.
Cela te permettra de comprendre combien ils souffrent de s’aimer, mais aussi combien ils souffrent de ne pas pouvoir s’aimer.
Une lecture dense, percutante dure et intense, mais que je ne regrette absolument pas d’avoir lu, bien au contraire.
Je m’arrête là, je sais, je t’ai écrit un très long ressenti, mais résumer ce livre à 10 lignes est tout bonnement impossible et serait un non-sens.
Je te donne ici toutes les clés pour que tu puisses lire le livre ou non en connaissance de cause.
Tu adhéreras ou pas, pour ma part je suis complètement convaincue par ce roman qui peut être certes dérangeant, mais tellement puissant et beau.
Forbidden de Tabitha Suzuma – traduction de Forence Moreau – New Adult – 535 pages, 16.90€ – Édition milady, collection New Adult, en librairie le 22 septembre 2017
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Booksandwhitechoco dit
Ton avis me donne encore plus envie de le lire, ce bouquin. Je compte m'y plonger dans les mois qui suivent 🙂
Eliane Blicq dit
Un roman un peu délicat, mais je pense pouvoir le lire, merci pour cette belle chronique . Gros bisous petite souris
Anonyme dit
Ah Aurélie m'en a parlé et elle va me le passer… Hâte de le lire !
C'est la première que je passe sur ton blog et j'en suis ravie ! Jolie plume ma petite souris !!
Bisous !
Martynours !
Souris dit
Merci la maman de mon petit chat il va falloir que je te trouve un surnom rien qu’à toi. C’est l’écriture d’Aurélie qui est magnifique, je viens de lui dire encore, elle est vraiment incroyablement douée, un talent d’auteure ???? il est bouleversant, je ne m’attendais pas à l’aimer autant, j’espere que tu l’aimeras toi aussi
Des bisous
La couleur des mots dit
J'ai peur que l'inceste me bloque dans ma lecture, c'est surtout pour ça que je ne me suis pas encore laissé tenter et je ne sais pas si je lirais ce roman …
Souris dit
Je peux totalement comprendre, le sujet est délicat mais vraiment l’auteure en fait quelque chose de beau c’est bizarre de dire ça sur un sujet comme celui-ci mais vraiment il m’a bouleversée ❤️