David Vann réussit une fois de plus à m’emporter au creux de son roman noir.
Nous suivons Caitlin, 12 ans, elle vit à Seattle avec sa mère Sheri. Sa mère travaille au parc à containers, un travail dur et ingrat pour cette mère de famille célibataire. Caitlin passe beaucoup d’heures à l’aquarium, elle imagine la vie des poissons, elle les observe avec son regard d’enfant et les transpose à sa vie. Requin, hippocampe, truite, poisson-clown, etc.
Un jour devant les poissons-grenouilles elle rencontre un vieil homme, le nez collé à la vitre. Ils commencent tous les deux à parler, Caitlin toujours avec cette insouciance de l’enfance dit de lui « Il était très vieux, du genre presque mort. Au moins soixante-dix ans, peut-être, mais il se tient encore debout. Son haleine, une haleine de personnes âgées »
Au fil des jours, une étrange amitié unit ce vieil homme et Caitlin, elle ne parle de lui à personne sauf à sa meilleure amie Shalini.
Un jour, tout va basculer pour Caitlin, ses rêves volent en éclat, elle est confrontée aux mensonges des adultes et à leur plus mauvaise face de caractère.
Un livre qui démarre avec tendresse, amour et beaucoup de poésie jusqu’au moment de la révélation, là le lecteur est plongé de plus en plus dans l’horreur.
Il y a une scène qui m’a particulièrement marquée.
On craint pour Caitlin, au début pour cette étrange relation avec l’homme, on ressent tellement l’amour entre mère et fille puis quand la vérité éclate la maman de Caitlin change et c’est là qu’on a encore plus peur pour cet enfant.
David Vann explore la vie familiale avec ses secrets, le début de l’adolescence avec ses premiers amours, ses premiers émois et ses découvertes. La haine accumulée, l’abandon, le repentir.
Toujours avec poésie et les mots d’enfants de la petite Caitlin, la narratrice, donne un souffle de légèreté au récit parfois lourd. David Vann explore à la loupe les protagonistes de son roman comme si ceux-ci étaient dans un Aquarium.
La fin apporte réponse et transmet un beau message.
Un roman bouleversant, poignant, dur à certains moments, émouvant à d’autres, des moments portés par la plume de l’auteur, une écriture forte comme s’il hurlait tout ce qu’il y’a de plus sombre, mais toujours poétique.
C’est vraiment un auteur à lire et à découvrir.
« Ma mère parlait rarement ainsi. Je voulais réparer le monde pour elle, faire en sorte que tout ait un sens. Elle était bonne et forte, elle aurait dû obtenir tout ce qu’elle voulait. »
Aquarium de David Vann – roman noir – Édition Gallmeister – 280 pages, 16.30€ – Paru le 3 octobre 2016
0
Eliane Blicq dit
Bonjour ma souris, une fois de plus, une magnifique chronique, ce roman est fait pour moi. Je te souhaite une belle journée, en famille, gros bisous ????????????????????????