PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Alors que la Seconde Guerre mondiale vient de s’achever, femmes et enfants allemands sont exposés à l’avancée de l’armée soviétique victorieuse en Prusse-Orientale.
Dépossédés de leurs biens, craignant pour leur vie, ils endurent la faim et le froid, tandis qu’autour d’eux tout n’est plus que désolation. Leur unique espoir est de gagner la Lituanie voisine pour trouver à se nourrir : malgré la menace omniprésente des soldats russes, certains enfants décident d’entamer le périlleux voyage. La forêt sombre et inquiétante devient alors l’un des seuls refuges de ceux que l’Histoire appellera les « enfants-loups ». Dans ce roman bouleversant, Alvydas Šlepikas fait revivre plusieurs de ces destinées en s’inspirant du témoignage de deux survivantes. À ce terrible hiver, dont on sent presque la morsure du froid, il prête une poésie et une beauté aussi inattendues que fascinantes, qui confèrent à ce livre une force irrésistible.
Paru en 2012 en version originale les éditions Flammarion propose cette fiction historique basée sur des faits réels en cette rentrée de janvier.
Tu le sais, les romans se déroulant avant, pendant ou après la Seconde Guerre mondiale sont des livres qui me passionnent, non pas que j’aime lire la cruauté du monde, mais parce que je veux en savoir un maximum et pouvoir l’expliquer à mes enfants, pour que plus jamais pareille horreur ne se répète enfin, pour tenter de comprendre l’incompréhensible.
J’ai lu la quatrième de couverture, j’ai su que je devais le lire.
Je n’avais jamais entendu parler de ces enfants loups, ces wolfskinder, l’auteur devait normalement réaliser un documentaire sur ce pan de l’histoire méconnue même des Allemands.
Ce projet ne s’étant pas concrétisé, par le témoignage de 2 femmes ayant été enfants loups, il a décidé de donner de la lumière à ceux qu’on avait oubliés dans l’obscurité de ces forêts lituaniennes.
» Tout resurgit du passé comme des ténèbres. Les personnes et les événements semblent développés d’un tourbillon de neige dans le silence d’un brouillard pesant. (…) Des gens immergent de la brume, du grand froid, de cet hiver sans lumière en jetant leur ombre sur des terres imbibées de sang, piétinées par la guerre (…). Voici la Prusse d’après-guerre, écrasée, abusée, fusillée.
C’est la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous sommes en Prusse-Orientale, l’armée rouge s’est emparée du pays.
La Prusse orientale est aujourd’hui une province allemande située au nord, au bord de la mer Baltique, entre la Vistule et le Niémen.
» Tuez tous les Allemands. Et leurs enfants aussi. Il n’y a pas d’Allemand innocent. Prenez leurs biens et leurs femmes. Tel est votre droit, telle est votre récompense. »
Le Niémen est ce fleuve au début du roman où les femmes se jettent avec leurs enfants pour éviter de mourir sous les tortures de l’envahisseur russe.
On va suivre Éva et ses enfants.
Il y a Helmut le plus jeune, Renate, Monika, Brigitte et Heinz, le frère aîné.
Ils vivent dans une remise avec Lotte, leur tante.
Chassés de leur ferme ils meurent lentement de faim et de froid dans cet hiver qui n’a l’air de ne jamais finir.
Ils se nourrissent d’épluchures et des déchets que l’armée veut bien leur jeter de temps en temps et d’eau chaude, une eau parfois agrémentée de bois de framboisiers….
Heinz ne peut plus voir sa mère, son frère et ses sœurs dans un tel état de malnutrition,
il va au mépris de grands dangers traverser la frontière pour se rendre en Lituanie afin de leur rapporter de quoi manger en échange d’un travail.
» Quelque part, quelqu’un fredonne une chanson, elle continue encore et encore et semble ne pas avoir de fin. Heinz ne comprend pas les paroles, mais peut-être qu’il n’y en a pas, peut-être qu’il s’agit seulement du vent qui vient des steppes lointaines, hostiles, et hurle comme un animal sauvage. »
» Nous n’allons pas mourir, ni toi maman, ni mes sœurs, ni tante Lotte, ni Helmut, qui souffre le plus de la faim. Helmut, Helmut mon petit frère, tu ne vas plus jamais avoir faim. Je prendrai soin de toi. Je te sortirai des dents glacées de la mort et les yeux rouges des chiens de l’enfer ne nous verront pas souffrir. »
» La faim et le froid viennent à bout des gens, les brisent. Ils deviennent tels des mécanismes métalliques vides et n’espère plus rien, n’ont peur de rien et ne s’étonnent plus de rien. »
Durant 140 pages, c’est Éva et Heinze qui seront les narrateurs.
Ils racontent l’avant quand leur famille était heureuse, leur père avec eux, quand ils mangeaient à leur faim tous les jours.
Maintenant, ils doivent regarder la femme qui a pris leur logis nourrir un chat de lait tandis qu’eux se meurent de faim.
Ensuite, dans la seconde partie du livre on va suivre Renate.
Je ne te dirai pas beaucoup plus de ce livre ni sur Renate.
C’est un récit court, il va à l’essentiel.
» Les gens sont comme des chiens ou des loups, il ne faut pas les regarder dans les yeux, sinon ils vont voir que tu as peur, ils vont voir qu’au fond des tiens il est écrit : Ayez pitié de moi, laissez-moi en vie, ne me prenez pas mon pain, laissez-moi, je ne vous souhaite aucun mal. »
Même s’il est très dur à lire.
Même si j’ai souffert, que j’ai une fois de plus été abasourdie de lire la cruauté dont les hommes sont capables, c’est écrit avec beaucoup de beauté. La plume poétique, lyrique, amène de la beauté dans toute cette noirceur.
On sent la formation poétique de l’auteur, son talent de metteur en scène.
Les scènes on les vit, c’est très puissant.
En peu de mots, il te décrit des scènes. Certaines affreuses, atroces, d’autres belles. Il y a malgré tout encore un reste d’humanité parmi ces bêtes sauvages.
Au début du roman, tante Lotte raconte aux enfants le conte de Hansel et Gretel, je ne dirais pas que c’est une réécriture, loin de là, mais là aussi tu vas lire des enfants, parfois très très jeunes, soumis à des dangers, des scènes que nulle ne devrait vivre.
Tu vas lire le désespoir de ces mères qui préfèrent donner leurs enfants pour qu’ils aient un potentiel futur ou en échanger un pour sauver les autres.
Ces passages m’ont brisé le cœur.
D’autres parties sont très marquantes.
Renate m’a fortement émue tout comme Antanas et Stasè.
À certains moments, les enfants dorment pour fuir la faim, ils rêvent.
Dans ces rêves, l’auteur ajoute une touche de symbolisme et d’espoir.
C’est écrit comme un conte, c’est narré comme un conte, mais ce n’est pas une histoire pour s’endormir le soir.
Cela a existé et cela existe encore dans certaines parties du monde.
C’est ça que je ne peux oublier.
Je te mets des extraits, car je ne saurais pas écrire aussi magnifiquement que Alvidas Slepikas l’a fait.
En bref :
Mon cœur s’est brisé maintes et maintes fois en lisant.
Il raconte l’histoire de femmes et d’enfants allemands démunis, leur combat pour la survie.
Ces enfants ont été envoyés par leurs mères de l’autre côté de la frontière en Lituanie pour récupérer de la nourriture, dans l’espoir qu’ils y seraient en sécurité.
C’est de là que vient le nom Wolfskinder ou Wolf Children.
Sur la base des événements réels survenus en 1946, il est clair dès le départ que Slepikas a étudié ce sujet de manière approfondie pour le rendre authentique et convaincant.
Ne vous y trompez pas, cependant, il s’agit d’un regard brutal, austère et profondément émouvant sur une partie négligée de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences ; un morceau d’histoire qui mérite d’être connu.
Lire la cruauté dont ces femmes et ces enfants ont été victimes brisera le cœur le plus froid.
Roman de fiction historique, il emmène le lecteur dans des montagnes russes émotionnelles.
L’atmosphère est tellement viscérale que l’on ressent tout pour les personnages.
Un roman incroyable fort est extrêmement triste même si à un moment une lueur brille au plus profond de la forêt
✩ À l’ombre des loups ⟷ Alvydas Slepikas ⟷ 240 pages ⟷ Flammarion, le 8 janvier 2020 ✩
1
Un petit commentaire me fait toujours plaisir, n’hésite pas 😊