As-tu déjà eu cette sensation en ouvrant un roman que tu allais vivre un instant marquant dans ta vie de lectrice ?
Cela ne m’arrive pas souvent, mais j’ai eu ce sentiment avec « Des cendres sur les mains ».
Ce roman m’intriguait beaucoup, la 4e en dévoile peu et pourtant je me sentais vraiment attirée par lui.
Je n’ai pas attendu et je l’ai précommandé pour sa sortie.
Cet avis est un mélange de ce que j’ai ressenti immédiatement après sa lecture et des mots qui me viennent aujourd’hui, car oui, ce roman me poursuit.
De quoi ça parle ?
Je ne vais pas t’en révéler beaucoup, le mieux avec ce livre c’est d’en savoir le moins possible.
Tu rencontres Alice au début du récit, elle vit dans un orphelinat en compagnie de sa meilleure amie.
Sa vie va changer du jour au lendemain.
Une nouvelle qui va la laisser inerte, anesthésiée.
Un ami proche de son père, qu’elle n’a jamais connu, a eu vent de son existence et souhaite la recueillir.
Un médecin et propriétaire terrien au sud d’Oxford.
Elle n’a pas le temps de s’appesantir qu’elle doit quitter les lieux où elle vivait jusqu’à présent.
Un déchirement pour elle.
La demeure de son tuteur est dorénavant la sienne.
En attendant son précepteur, elle erre dans sa nouvelle maison comme une âme en peine.
Elle a l’impression que les murs l’observent. (Et toi aussi, j’y reviendrai plus tard).
Elle se sent très seule malgré la gentillesse des domestiques et surtout de Meredith, sa femme de chambre.
Cet homme qui entretient le mystère est très distant avec elle, ce sera les échecs qui vont les aider à communiquer.
Ce jeu d’échecs est magnifiquement imaginé pour expliquer les stratégies mises en place par les protagonistes.
Beaucoup d’enjeux et de réponses ou des questions ont lieu durant ces parties qui sont fascinantes.
Les parties d’échecs révèlent ou non leur psychologie, leurs pensées.
J’ai adoré chacune de ces parties, attendant qui allait avancer son pion.
Qui allait remporter la victoire.
La fin te met échec et mat au propre comme au figuré et c’est tellement peu par rapport à toutes les émotions qui m’ont traversée !
Mémorables, inoubliables, magnifiques ; ce sont quelques-unes des qualificatifs qui me viennent directement dès que je vois le livre dans ma bibliothèque.
Je le regarde très souvent.
Plusieurs semaines/mois maintenant, il m’obsède.
Je me rappelle certaines scènes qui m’ont émue comme jamais je ne l’ai été ; ou des scènes qui m’ont fait frissonner.
Une énergie mystérieuse se dégage.
Une force qui rend l’air plus épais.
Quelque chose est présent, prêt à se matérialiser.
Quoi ? Tu ne le sais pas.
Dans ce château, il y a des parties condamnées et d’autres où Alice ne peut pénétrer, cela lui est interdit de pénétrer
Des portes dérobées.
Un boudoir laisse à l’abandon, un boudoir, seule pièce où jaillit un peu de couleur. Ailleurs, tout est terne.
Sombre.
Des parties d’échecs qui durent des heures.
Un jeu qui la rapprochera de son tuteur, et ce de plus en plus au fur et à mesure qu’elle maîtrise le jeu.
L’évolution de leur relation est fulgurante et troublante.
Il émane de monsieur Edwards une aura très forte. Presque prégnante.
Il est magnétique.
Tu sens le poids de son regard, tu entends ses pas résonner dans l’entrée du manoir.
Il ne peut laisser indifférent, c’est un personnage très charismatique.
Autant il t’attire, que tu le crains sans savoir précisément pourquoi.
Je l’ai trouvé insaisissable.
Quand tu crois être sur le point de le comprendre, il se dérobe comme un souffle de vent qui n’a duré qu’un instant.
Ce livre est d’une beauté triste, d’une poésie noire.
Chacun de tes sens est sollicité.
Ton odorat avec la senteur de la sève des arbres quand elle promène dans le parc. L’odeur de l’herbe.
Le manoir lui-même dégageait pour moi, une odeur, une présence. Ce paysage presque fantomatique tu le vois nettement puis parfois tu as l’impression que comme son propriétaire, il se dérobe.
La brume que tu sens tomber sur toi.
Ton ouïe, tu perçois le déplacement des pièces du jeu d’échecs ou la mélodie mélancolique du piano, les branches des arbres qui semblent te fredonner quelque chose.
Tu entends les craquements des marches.
Tu as cette sensation de toucher à la vérité, mais que toujours elle se dérobe.
« Nous étions comme deux danseurs répétant une valse connue sur le bout des doigts, deux marionnettistes faisant tour à tour bouger leurs pions dans une chorégraphie savamment étudiée. »
Tu vas, à un moment donné, sans que tu l’aies vu arriver, partir dans le passé.
Tu lis une narratrice qui te parle de ses amies.
Je n’en dévoilerai pas davantage sur ce point, il m’a autant passionné et encore plus attiré dans ma lecture.
Ce roman c’est aussi une lettre qui brûle réduisant en cendres une amitié.
Des rideaux qui bougent malgré un courant d’air inexistant
Une porte dérobée puis une volée de marches vers les ténèbres.
L’atmosphère de la forêt, presque sacrée, que tu as l’impression de ne pas pouvoir y pénétrer.
Un paysage vaporeux.
Des portes fermées qui s’ouvrent durant la nuit
Des bougies qui s’allument et s’éteignent
Une planche de spiritisme.
Des statues qui ont les larmes aux yeux ou gardiennes de secrets
Un cimetière
Des bals.
Des rêves qui se confondent avec la réalité.
Une atmosphère lourde, opaque, angoissante
Des leçons de piano qui se révèlent sensuelles. Des choses inexplicables comme si des âmes étaient enfermées dans les murs et criaient leur détresse.
Des sonates entêtantes, comme si le piano se mettait à jouer seul, de plus j’ai eu cette sensation que les mélodies collaient au plus près des états d’esprit des protagonistes.
Alice se réveille chaque nuit en ayant la sensation d’être observée et toi aussi tu ressens ça très fortement.
Nora Lake a ce talent de te transmettre toutes les sensations perçues par son héroïne.
C’est complètement immersif.
Les ressemblances entre les rêves et la réalité rendent notre héroïne confuse, tu l’es toi aussi.
J’ai rarement eu l’impression d’habiter les personnages. Nora Lake m’a fait découvrir cette sensation.
Quelques citations :
« J’avais éclaté en mille morceaux, m’étais éparpillée telle une épave sur une île déserte. Et je savais que personne ne pourrait jamais m’aider à me reconstituer. »
« Il faut se mettre à nu pour accueillir la littérature ; il faut l’être tout autant pour en parler. » Cette citation, je dirais qu’elle colle parfaitement à Nora Lake. Pour écrire comme cela, de cette manière, pour savoir rendre préhensile des sentiments, des sensations, il faut être non seulement très doué, mais aussi totalement dévoué à son manuscrit et à ces protagonistes. On sent vraiment le travail et la passion dans ces pages.
« Il faut du temps pour voir la beauté dans ce qui est communément considéré comme laid. »
« Mais il restait des parts d’ombres, tapies derrière un masque en métal et dans les entrailles du manoir. »
« Les murs ont une mémoire, ils sont les gardiens de nos peines, de nos joies, de nos amours. »
En résumé :
Ce roman est intense.
Il m’a fait vibrer.
Il y a de la langueur et de la lenteur, puis un adagio qui te laissera sans voix.
Il est langoureux et sensuel.
Terriblement beau et poétique.
Chaque description est à sa place.
Rien ne dénote, rien n’est de trop.
C’est lyrique sans que l’on sente que c’est fait exprès.
C’est réel. Vrai. On sent la volonté et l’honnêteté de l’auteure.
J’ai adoré la place de la littérature et de la peinture dans le récit.
Des cendres dans la main c’est :
Une ombre qui s’invite dans sa chambre.
Un manoir qui est sombre, gris, impersonnel.
À chaque couloir, tu as l’impression que quelque chose va jaillir des ténèbres
Un personnage magnétique et charismatique.
Une ambiance parfois feutrée, puis sensuelle et inquiétante.
C’est un roman fascinant.
Il te brouille les sens et te rend fébrile.
Il est tout en fragilité et force. J’ai trouvé que tout le roman exprimait la dualité.
Blanc et noir comme les pièces du jeu d’échecs
Rouge aussi parfois… .
Lumière et ombre.
Joie et peine.
Larmes, silences, non-dits,
La frontière avec l’invisible est très mince.
Désarroi, confusion et incompréhension
Des émotions contraires qui entrent en collision
Tout est en opposition.
Encore un fait que Nora Lake a parfaitement maîtrisé.
Qu’elle l’ait fait exprès ou non, j’ai trouvé que cela collait au plus près de la personnalité de ses héros et de son intrigue.
Entre allégresse et sombre intensité, tout comme les parties d’échecs
Tu es dans l’attente d’événements supplémentaires qui expliqueront ce qui se joue dans ces pages.
Étrange, mystérieux ombrageux
Éthéré, évanescent, presque transparent : encore quelques adjectifs qui me viennent quand je pense au récit.
Un roman d’une beauté sombre, tragique.
Une plume envoûtante que l’on rencontre très rarement.
Une maîtrise rare pour un premier roman !
Nora Lake possède énormément de talent.
C’est un superbe roman qui m’aura tenu en haleine jusqu’à la fin.
J’étais dans un état second quand j’ai terminé ma lecture.
Sonnée, complètement amoureuse de ce récit.
Fascinée par les personnages et la beauté de l’écriture.
Durant toute ma lecture, j’étais au manoir.
Tout se déroulait devant mes yeux.
Un roman d’ambiance, gothique.
Un premier roman qui, en plus d’être original (ce n’est pas du tout quelque chose que j’avais déjà lu), est sublimé par la prose.
Je crois que c’est ce qui me marque le plus.
Des citations me reviennent, des situations que j’ai lues et dont je ressens encore ce que j’ai ressenti lors de ma lecture
Je sais que c’est un livre que je relirai. D’ailleurs j’en ai envie là en t’écrivant ces mots.
Ce n’est pas un coup de cœur, c’est plus que cela. Bien plus. Mes mots ne lui rendent pas hommage à ce livre !
« Tout partait en cendres, en fumée (…) »
Je me dois de saluer le travail éditorial, car jusqu’à présent aucun des 3 romans ne m’aura déçu bien au contraire.
C’est qualitatif ; autant sur le fond que sur la forme.
Si vous hésitiez à découvrir les éditions Hurlevent, n’hésitez plus.
3 livres différents, mais ils ont tous les 3, une écriture qui « parle » aux lecteurs.
Des romans qui ont été travaillés, des romans dont on sent le travail et les recherches effectuées.
Des livres qui te parleront, j’en suis certaine.
J’ai choisi de parler de ce livre en premier malgré mon autre coup de cœur pour la duchesse de Buckingham, car aujourd’hui, jour de #mardiconseil sur tous les réseaux c’est lui que je voulais mettre en avant.
C’est le livre que je te dirais d’acheter. C’est le livre dont je parle tout le temps.
Je te fais mon retour sur les 2 autres (La duchesse de Buckingham de Shannen Malka ; Le chœur singulier de Milly Davis de S.A. Yarmond) très bientôt.
Si tu aimes les romans gothiques et les belles plumes, fonce sur celui-ci
Si tu as envie de roman historique avec une héroïne rebelle, intrépide à la cour de la reine, je te conseille La duchesse de Buckingham
Si tu as envie de réconfort, de sécurité, si tu es hypersensible comme je le suis alors je te conseille Le chœur singulier de Milly Davis
PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Angleterre, fin XIXe. Une jeune orpheline recueillie par un étrange tuteur. Un manoir lugubre prenant racine au cœur de la forêt. Des amours scandaleuses. Des portes qui s’ouvrent et d’autres qui restent closes. Une partie d’échecs qui s’éternise.
Au-delà des apparences, la danse peut s’avérer macabre…
Avertissements : sexe, sang, violence, suicide.
✩ Des cendres sur tes mains ⟷ Nora Lake ⟷ 496 pages ⟷ Éditions Hurlevent, le 14 décembre 2022✩
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