PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
l a suffi d’une toute petite minute, et la vie de Madeline a basculé.
C’était une nuit de 1995, elle avait 17 ans et fêtait la nouvelle année. Que s’est-il passé dans cette salle de bains où elle s’était enfermée avec sa meilleure amie ? Vingt ans après, Madeline sort de prison. Personne n’a jamais su la vérité sur le drame de cette fameuse nuit. Elle a effectué sa peine jusqu’au dernier jour.
Comment reprendre le cours de cette vie interrompue ?
Parler à des gens qui ne savent pas de quoi on est coupable ?
Renouer avec une petite soeur qu’on n’a pas vue devenir adulte ?
Vivre et y trouver un sens ?
Mad va chercher le bon chemin, pas après pas, dans les dunes des Hamptons, dans les jardins des belles maisons qui l’embauchent, dans les précieux gestes d’entraide. Et grâce à sa mère, au-delà de ses mystères, grâce aussi à Ezra, le cuisinier qui ressemble à un pirate, peut-être Madeline acceptera-t-elle un jour qu’on puisse l’aimer quand même…
Sans doute le roman le plus fin et le plus bouleversant
de Laurence Peyrin.
Dans ce roman, tu vas lire comment une seule minute peut faire basculer tant de vies.
Celle de Madeline. Celle de ses parents, celles dont je ne te parle pas.
Je pense que ce roman a besoin d’être découvert en en sachant le moins possible.
Tout comme il a besoin d’être digéré pour assimiler toutes les réflexions qu’il entraîne.
Laurence Peyrin réussit le tour de force de te faire ressentir beaucoup d’empathie pour son héroïne.
Tour de force, car dans l’univers où se déroule l’intrigue ce n’était absolument pas conquis d’avance.
Que s’est-il passé le soir de ce réveillon de 1995 pour que Madeline devienne MAD ?
Au 1er chapitre, tu fais la connaissance de Madeline. Elle a 17 ans, joyeuse et enjouée à l’idée de fêter la nouvelle année avec sa meilleure amie et d’autres amis à eux.
Estrella.
Elles se disent tout.
Elles ont décidé ce jour-là de se tatouer une étoile chacune sous la poitrine.
Ensuite, Madeline laisse la place à Mad.
Mad qui est-elle ?
Mad c’est une femme de 38 ans quand elle sort de prison.
Mad c’est :
Une main tendue, que cela soit une vieille dame dans le train ou un cuistot pour un sandwich à l’espadon, lui donne le sourire.
La gentillesse des gens la remplit de bonheur même si elle ne pense pas le mériter.
Elle fait partie de la minorité de prisonnières qui acceptent leur peine.
Déjà, s’autoriser à rire est un effort énorme pour elle.
Il y a la condamnation du jugement, ses années de prison, mais la prison à l’intérieur d’elle-même a des murs bien plus épais.
Des lois bien plus rigides.
La peine est bien plus lourde.
Bien plus restrictive.
Elle ne s’octroie rien.
Elle n’a plus le droit de rien.
Elle ne veut pas avoir le droit de rien.
Ce jour-là. Cette nuit-là.
Cette minute-là elle a condamné 2 personnes.
Sa victime, mais surtout elle.
Tu vas lire combien le poids sur ses épaules est lourd ; pourtant jamais elle ne s’apitoie, c’est tout le contraire.
Tu vas lire à quel point elle se condamne à toute source de plaisir
Pour tenir le coup, pour éviter à ses pensées de dériver elle convoque tous les poètes qui voudraient bien l’aider.
Emily Dickinson
« je ne suis personne ! Qui êtes-vous ? Êtes-vous personne aussi ? »
Des pensées de secours qui virevoltent dans sa tête.
Margaret Wise Brown à Henry Longefellow.
Des auteurs pour enfants l’aident à tenir le cap.
Bonsoir lune,
Bonsoir lampe,
Bonsoir ballon rouge,
Estrella veut dire étoile
Tu vas lire ses plongeons subits dans le doute.
Elle est muette, son cœur verrouillé à double tour.
Un sourire plaqué sur le visage.
Ses doutes, ses nombreuses appréhensions.
L’éponge émotionnelle qu’elle est.
Elle voit tout ce que les autres ne voient pas.
Elle ne coupe pas les fleurs, elle les fait pousser.
Elle est revenue à un instinct primaire.
Elle se contente de survivre. Minute après minute.
« Les deux jours les plus importants de votre vie sont celui de votre naissance et celui où vous découvrez pourquoi. »
Le cynisme comme la douleur n’a pas de fond.
Oserais-je
Déranger l’univers ?
Une minute donne le temps
Des décisions et de repentirs qu’une autre minute renverse.
Bonsoir chambre, bonsoir lune, bonsoir les étoiles…
L’humour, l’ironie et le cynisme édifient un rempart contre les douleurs indicibles, les questions impossibles.
Apprendre à exister dans le vacarme.
Réapprendre à vivre dans le silence.
Apprendre à composer avec le temps qui n’atténue rien.
Le temps ne pardonne pas.
Mad va devoir apprendre la rédemption.
Accepter son passé.
Qu’a-t-elle bien pu faire ?
Tu ne le sauras qu’à la toute fin du récit.
Laurence Peyrin garde le suspens tout au long.
Tu te doutes, mais tu n’as aucune certitude sauf celle que Mad tu vas l’aimer fort.
Tu ne peux pas imaginer qu’elle ait pu commettre un crime.
Laurence Peyrin explore l’univers carcéral dans son entier, le bruit permanent, les odeurs, la promiscuité qui la fait toujours tenir sur ses gardes.
Elle n’oublie pas de parler de la politique américaine que cela soit celle de 1995 ou 20 ans plus tard.
Elle te narre la sidération, l’exclusion, le système défaillant et pas égalitaire pour tous les détenus.
Laurence Peyrin te parle de la sortie qui n’est pas plus facile.
Trop d’air à l’extérieur, pas assez à l’intérieur.
Les attaques de panique.
Elle te parle de la double peine du système carcéral des femmes.
Celle à laquelle elles ont été condamnées et celle que lui infligent leurs ovaires.
Un homme quand il sort peut devenir père, quel que soit son âge ; pas les femmes avec leur horloge biologique
Estrella qui voulait dire étoile.
Estrella la fille la plus libre qu’elle ait jamais rencontrée.
Celle qui lui ouvre le champ des possibles.
Une seule minute a effacé sa Voie lactée.
Comment apprendre à vivre 20 ans plus tard quand le monde extérieur a tant changé ?
Ce temps à quatrième vitesse, lancé à toute allure, que Mad doit prendre en cours de route à 38 ans.
Un monde virtuel qui la dépasse, elle n’a même pas eu le temps de connaître le réel.
Les rapports humains, qu’ils soient familiaux, amicaux, amoureux, carcéraux, y sont traités avec beaucoup de justesse.
The end, la fin qui était un début
Peut-être
Les incertitudes
Les « on verra »
La vie, en somme.
Une toute petite minute c’est prendre toute la mesure du temps.
Une minute, ce n’est rien.
Que peut-on faire en’ une minute ?
De toutes petites choses de la vie. Mais, à la fin, lorsque cette toute petite minute est la dernière cela doit être immensément long.
Mad, comme les autres héroïnes de Laurence Peyrin va évoluer au long du roman, elle part à la recherche d’elle-même, elle va se questionner, se remettre en question.
L’ambiance créée, dans ce roman bien différent, est parfaitement retransmise que cela soit derrière les grilles de Bedford Hills ou sur les galets de la plage de Montauk.
Comment aimer et être aimée quand on ne pense pas le mériter ?
Comment avancer dans la vie avec cette charge mentale ?
Comment se pardonner ?
Ce ne sont là’ qu’un échantillon des réflexions que pose ce livre.
Laurence Peyrin t’emmènes dans les Hamptons, tu lis au début du roman Mad prendre la place de Madeline.
Tu espères que, galet après galet, plage après plage, plante après plante ; que Madeline puisse revenir à la vie et laisser peut-être Mad derrière elle.
Tu assistes à un assassinat.
Celui d’un corps et celui d’une âme.
Peut-être auras-tu la chance d’assister à une renaissance.
Mad et Madeline vont souffrir. Elle sait qu’elle est seule responsable de ses actes, qu’elle seule est à l’origine de ce qui lui arrive.
Un livre qui ne peut laisser indifférent, qui fait réfléchir, pleurer, qui serre les entrailles.
Un univers carcéral où tout n’est que béton, mais pourtant, là-bas, dans un coin, le béton s’est fendu, laissant apparaître de la terre, un sol prêt à accueillir une graine qui donnera peut-être une fleur ou mieux, un arbre.
J’ai terminé cette lecture interdite, les yeux picotant étrangement, mes tripes nouées, retournées.
Il y a une âme dans ce livre pas uniquement des mots.
Laurence Peyrin éveille en moi de nombreux sentiments que je ne saurais t’exprimer.
Ce n’est pas un coup de cœur, mais c’est un coup au cœur.
C’est un chemin vers le pardon, l’acceptation et la résilience.
Ce roman possède quelque chose de plus profond que les précédents, une émotion particulière qui touchera le lecteur qui sait lire entre les lignes.
✩ Une toute petite minute ⟷ Laurence Peyrin ⟷ 432 pages ⟷ Éditions Calmann Levy, le 21 avril 2021 ✩
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Audrey de Lire&vous dit
C’est effectivement un livre, ou plutôt une héroïne bouleversante… Il m’a aussi beaucoup touché ♥️