PRÉSENTATION DE L’ÉDITEUR :
Tokyo. Un incendie criminel ravage le coeur de l’un des plus grands quartiers d’affaires au monde. L’enquête est confiée à Hayato Ishida, flic prodige mais solitaire qui tente de se reconstruire en marge de la Crim. Il est rejoint par Noémie Legrand, Franco-Japonaise décidée à briser les chaînes d’un quotidien frustrant. Sur leur chemin, un couple d’étudiants dans le besoin, à la merci d’une communauté où solidarité rime avec danger. Et, tapi dans l’ombre, celui qui se fait appeler Izanagi, bien décidé à mettre son plan destructeur à exécution. Avec un art consommé du suspense et une construction d’orfèvre, Cyril Carrère tisse une intrigue captivante dans un Japon sombre et contemporain.
Bonjour, mes liseurs, aujourd’hui je te parle d’un coup de cœur thriller avec ce dernier livre de Cyril Carrère.
C’est le 5e livre que je lis de Cyril et pour moi, c’est mon préféré même si je garde toujours en tête « Grand froid » le livre par lequel je l’ai découvert et « Le quatrième rassemblement » mes avis sont à retrouver ici et ici
Dans ce roman, Cyril, qui vit au Japon depuis plusieurs années, va nous immerger dans la culture du pays.
Il ne nous donne pas à voir les images de cartes postales habituelles, mais le Japon tel qu’il le vit au quotidien.
On ressent que Cyril aime son pays d’adoption et qu’il est français, il a un regard extérieur et objectif sur la société nipponne.
Il décrit le Japon sans artifice, dans son quotidien, loin de la vision idéalisée que nous avons, les Occidentaux.
Il montre également les similitudes entre les Occidentaux et les Japonais.
Le pays est gangrené par des criminels et des fanatiques bien cachés dans l’univers virtuel du Darknet.
Pourtant, c’est aussi un Japon où les traditions familiales prévalent sur toutes autres considérations, et où la beauté des sites rivalise avec la douceur des sentiments d’amitié, de respect entre parents et enfants.
Tu te plonges avec délice dans ce Japon très contemporain, loin de l’image que j’avais des ruelles calmes bordées de cerisier en fleurs. Je n’avais même jamais envisagé le climat autre que celui du printemps que l’on nous montre habituellement.
Cyril Carrère nous offre un monde riche en nuances, mais marqué par des contrastes saisissants.
Tout ceci lui permet d’aborder par de nombreux détails réalistes des thèmes sociétaux comme le sexisme ambiant ou le harcèlement au travail, mais aussi d’évoquer la mythologie shintoïste, ici au premier plan avec les kamis créateurs du monde.
C’est très immersif, cinématographique. Les descriptions sont parfaitement incluses dans le texte. Rien ne dénote. Rien n’est de trop. C’est maîtrisé de bout en bout, que cela soit l’écriture, la psychologique des personnages, l’intrigue. Surtout l’intrigue.
Dès le prologue, on est plongé dans l’ambiance.
Un incendie qui ravage une tour et qui fait de nombreux morts.
On va suivre 2 duos, en alternant les chapitres.
D’un côté, on suit les inspecteurs qui sont terriblement humains, je m’y suis très rapidement attachée.
La singularité du personnage d’Hayato avec son hyperosmie, une fiche olfactive instantanée qui lui permet de voir autrement qu’avec ses yeux
Un handicap autant qu’un atout.
Lieutenant de la police de Tokyo à seulement 21 ans, il résout sans problème toutes les affaires qui lui sont confiées,
aujourd’hui capitaine, il est en charge d’une nouvelle division.
Il détonne sans le décor non seulement avec son look gothique/punk, mais aussi son caractère. Il est dépourvu de code social et allergique aux procédures.
Noémie Legrand, franco-japonaise, est affectée au service des Cold Case. Le surintendant Kuraki lui demande de rejoindre l’unité spéciale d’Hayato.
Son sens de l’empathie sera utile à Hayato qui est en complètement dépourvu.
L’enquête policière démarre quand on leur confie l’incendie de Shinjyku qui a mis la ville et même le pays en émoi.
Noémie est une jeune mère célibataire qui ose dire tout ce qu’elle pense, elle ignore les conventions de la société nipponne qui la ferait plutôt rester sur la réserve.
Leur collaboration au départ, n’est pas très bien partie, elle évolue, et ce de manière très naturelle.
J’ai aimé que l’auteur laisse cette relation évoluer.
Ils ne se détestent pas, ils apprennent à se connaître, et ils se respectent.
Là encore, Cyril Carrère a évité les écueils des clichés inhérents souvent aux inspecteurs de police. Exit les personnages surhumains. Ici, tu peux totalement t’identifier à eux.
L’autre duo est composé de deux étudiants à l’Université des Arts de Tokyo. Tu as Kenta, un jeune homme qui souffre d’anxiété chronique.
La perte de son travail étudiant à cause de l’incendie qui a brûlé les bureaux de l’entreprise où il était employé le plonge dans un terrible état d’angoisse.
À l’université des arts un étudiant parle d’un travail où l’on pourrait gagner beaucoup d’argent tout en restant chez soi : aux yeux de Kenta c’est le job rêve
Seule règle : ne pas lui dire où se trouve le site
On lui remet une carte avec un lien
Il devra se débrouiller ensuite par lui-même
Kenta ne le sait pas, mais il vient de mettre à cet instant le pied dans un engrenage infernal
Sakuza, la copine de Kenta est elle une jeune fille solaire ; étudiante en violon elle a très rapidement trouvé un autre un travail.
Autant Kenta vit dans la solitude, autant elle a besoin de contact humain. C’est une jeune femme à laquelle on ne peut que s’attacher.
2 duos qui détonnent et qui pourtant fonctionnent parfaitement
On s’y attache à ces personnages très humains.
Des personnages singuliers victimes de leurs différences
Cyril découpe son texte en 4 parties, chacune débute avec une citation qui a un lien avec l’intrigue du récit.
Les chapitres courts comme l’alternance des narrateurs donnent un très bon rythme au récit. C’est un livre que tu ne peux lâcher.
Je l’ai d’ailleurs dévoré en quelques heures le dimanche 10 mars.
J’ai adoré en apprendre plus sur la société nipponne.
J’ai adoré les 2 duos totalement atypiques. J’ai aimé que l’on ne trouve pas de cliché sur les 2 enquêteurs ni du côté des étudiants.
J’aime également que leur psychologie soit complexe et se dévoile petit à petit. Il en est de même pour les personnages secondaires, même s’ils apparaissent peu, ils ont une véritable présence.
J’ai aimé que le thème de l’anxiété soit exploité avec, je pense, beaucoup de justesse de même que le thème de la différence.
Une différence qui n’est pas du tout acceptée dans la société japonaise.
Le thème est plutôt un thème commun dans les thrillers, mais Cyril Carrère a créé quelque chose de nouveau dans la manière d’aborder le sujet. Le fil rouge est original et traité de manière incroyable.
Cela ne tombe pas sous le sens et on se demande tout au long du livre comment cette histoire va bien pouvoir finir.
Dans la colère d’Izanagi, tu entendras parler du mythe d’Izanagi, que j’ai découvert grâce à Cyril.
On se demande qui se cache derrière cette divinité issue du shintoïsme tout au long du roman
Cyril va te parler du folklore japonais, de la marginalisation des personnes différentes dans la société nipponne. Il te dresse un tableau complet de la société nipponne et ses codes patriarcaux sans oublier l’architecture. Comme je te le dis, l’immersion est totale grâce à tout ceci.
Tu peux visualiser le roman grâce au blog que Cyril a créé et met quotidiennement à jour.
Il se trouve ici : cliqueclique pour découvrir le blog de Cyril, l’univers du roman
« La vie possède mille facettes ; la mort, une seule »
Un thriller habilement conçu, où chaque détail est soigneusement pris en compte. Cyril Carrère conclut son récit de manière remarquable. Chaque élément du puzzle s’assemble avec précision, dévoilant une image à la fois choquante et bouleversante une fois que toutes les pièces sont en place. Aucun élément n’a été laissé au hasard, chacun trouve sa place dans ce puzzle complexe.
Tu ne pourras plus déposer ce livre une fois la lecture commencée. Une lecture captivante et palpitante. Deux histoires, deux enquêtes, menées à un rythme effréné. Malgré un début de thriller relativement conventionnel, l’intrigue dévoile progressivement son fil conducteur, captivant ainsi le lecteur. L’écriture visuelle emporte le lecteur dans une narration bien plus complexe que ce que laisse présager le début. Une tension constante persiste tout au long du récit, atteignant son apogée dans un dénouement époustouflant.
L’enquête, au cœur de l’intrigue, se dévoile complexe et riche en rebondissements. Chaque indice mis au jour, chaque révélation, nous rapproche progressivement de la vérité, une vérité qui demeure insaisissable jusqu’au dénouement.
✩ La colère d’Izanagi ⟷ Cyril Carrère ⟷ 320 pages ⟷ Éditions Denoel, le 21 février 2024✩
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