La double vie de Dina Miller de Zoe Brisby

Bonjour aujourd’hui je te parle d’un roman intense de bout en bout !!

J’ai déjà lu l’autrice notamment son roman précédent, mon avis est ici, elle revient cette année avec à mes yeux un roman encore plus abouti/ Mon préféré de Zoe Brisby.

Je connaissais les faits historiques évoqués dans ce roman (l’appel des colombes de Martha Hall Kelly pour l’opération paperclip et pour les essais scientifiques sur les minorités je les ai lues dans « prends ma main »)
Je te mets les liens ici et ici
Zoé Brisby m’avait épaté l’année dernière avec son roman « Les mauvaises épouses » qui parle entre autres des essais nucléaires.
Épatée, car je lis Zoé Brisby depuis quelques années, mais ses deux derniers livres sont pour moi plus fort et plus en rapport avec l’Histoire.

Zoe Brisby m’épate, car elle révèle au monde des faits historiques et surtout méconnus du grand public
Des faits qui, comme moi, te révolteront sûrement.
Je fais le choix de ne pas te divulguer qui est Dina.
Qui est Cherry.
Qui est Peter.
Qui sont Saul, Rachel, Hannah, David, Esther, Ismaël

Je pense que comme son précédent livre, il faut en savoir le moins possible et t’immerger dans ce récit.

Si Zoe Brisby est une romancière, je trouve qu’elle a ce côté lanceuse d’alerte en te révélant l’Histoire, les détails sordides qu’il n’est pas de bon ton de révéler à la télévision ou dans nos manuels scolaires…
Elle est également une autrice qui montre la voie aux femmes.

Les femmes dans ses livres se révèlent et vont te révéler
Elle va encore plus loin dans ce dernier livre en te faisant réfléchir à des notions telle que vaut-il mieux vivre dans l’innocence ?
Qu’est-ce que le bonheur ? Qui suis-je vraiment ? Qu’est-ce que j’aime moi ?

Zoe Brisby oppose le sens de l’ignorance à la responsabilité de la connaissance

Dans ses notes à la fin du récit, l’autrice dit que c’est un roman sur la déshumanisation et sur la reconstruction.
Les notions de biens et de mal sont propres à chacun et les frontières sont souvent grises.
Peut-on faire du mal au nom du bien ?
La vengeance est-elle une juste punition ou une destruction de soi ?
L’amour d’un pays, l’idéologie peuvent-ils autoriser à commettre le pire ?
Je suis complètement d’accord avec ces mots.

Tous les éléments historiques évoqués sont réels. Zoé Brisby puise dans la profondeur des sentiments dans ses abîmes et ses sommets, dans les sensations accrues pour créer des personnages complexes et un univers très immersif.
Une histoire sur l’histoire sur les secrets, bien gardés sur la manipulation de masse, sur docilité et sur la rébellion

J’aime aussi qu’elle ne se pose pas en juge, mais qu’elle pose cette question : et si les Américains n’avaient pas pris cette décision ?
Quel serait notre monde aujourd’hui ?

Dina, Cherry je vous laisse
Dina, je t’imagine sur une plage de sable blanc
Cherry… je te vois Femme. Femme au volant de ta vie. C’est toi qui décides du chemin que tu vas suivre.
Quant à Mandy, je ne te déteste pas. Tu ne dois déjà pas t’aimer beaucoup.

Dina c’est une douceur angélique qui cache un tempérament de feu
Ce roman c’est des destins contrariés qui s’unissent pour tenir coûte que coûte
Des combats différents même, ils sont unis par un même but que celui de lutter contre l’inégalité. Redresser les torts (du passé).

De Paris à Tel-Aviv jusqu’à Huntsville Alabama

Cherry porte bien son prénom. Sa candeur, son manque de confiance en elle
Dina sa fougue, sa force, son indépendance, sa rage.

« Rocket District, le quartier le plus huppé de la ville. On peut y admirer de belles maisons au gazon, parfaitement tondu, d’un verre tendre, malgré les chaleurs de cet été précoce. Les habitations se font face, aucun besoin de barrière de portail, ici on est entre nous. On se fait confiance. On est des gens bien. »

« Main Street, la rue principale, divise le quartier en deux, c’est autour de cette allée, que ce que s’articule, la vie sociale. Les commerces, les cafés, les restaurants, ici tout tourne autour de la conquête spatiale. Des petites fusées sont brodées sur les devantures, des représentations, de ciel, étoilé ou de planète, ornent les vitrines de la librairie au boucher, tous affichent la fierté d’œuvrer pour une grande cause, c’est ça, le rocket Spirit. »

« Sous ses airs cordiaux se cache la curiosité typique des femmes au foyer face à une nouvelle venue. Ainsi donc, Dina a été sous le feu d’une série de questions permettant aux voisines de juger de l’intérêt de la rivalité potentielle et la nouvelle. »

Les bomb wives ne te laisseront pas indifférente.

Ces maisons parfaitement entretenues, ce voisinage, charmant, cette fierté patriotique ne constitue-t-il pas une prison dorée dans laquelle sont enfermées les épouses, sous la contrainte constante des apparences ? De jolis Canaris au plumage bariolé que les hommes exhibent pour parader

Dans ce roman il y a :

Des Alabama Slammer, un diner, des Chevrolet et des Buick. Bonanza, un Long Island Iced Tea, le Community Service Commitee, un meuble à cannage, Ruby Bridge, Harper Lee, Psychose et Elizabeth Taylor, Chanel numéro 5, un juke-box et Volare, Roy Orbison, Chubby Checker, le Train, Nat King Cole et l’Alabama Day
Chagall, les 101 dalmatiens et un chimpanzé

✩ Le double vie de Dina Miller ⟷  Zoe Brisby ⟷ 272 pages ⟷ Éditions Albin Michel, le 6 mars 2024✩